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Aurélien Vivos : « Il faut faire les choses avec son cœur » !

Aurélien Vivos a remporté la 12ème saison de "The Voice : La Plus Belle Voix" avec 68,3 % des votes. © Véronique Martinez

Interview exceptionnel avec Aurélien Vivos, gagnant de la 12ème saison de « The Voice : La Plus Belle Voix »

C’est la seconde fois qu’un Lot-et-Garonnais remporte le célèbre télé-crochet de TF1*. Aurélien Vivos, ancien magasinier de 34 ans, originaire de Saint-Pierre-de-Clairac, époux de Marion, aide-soignante (qui vient de réussir le concours d’entrée à l’école d’infirmière, ndlr), père de Camille, 6 ans et d’Ellie, 2 ans, s’est tout de suite démarqué grâce à son timbre ténorien. Les quatre coachs se sont retournés et son choix s’est porté sur Zazie pour le propulser jusqu’à la plus haute marche du podium vocal en remportant 68,3 % des votes face au jeune Micha. La statuette en bronze massif confectionnée à Saint-Nolff dans le Morbihan par les Bronzes de Mohon ne pouvait pas tomber en de meilleures mains. Le jeune homme succède ainsi à Nour Brouss et a dû quitter son travail pour se consacrer exclusivement à sa passion musicale. C’est un rêve d’enfant qui se dessine avec des moments forts marqués à tout jamais à l’encre indélébile du souvenir comme l’arrivée inopinée de Florent Pagny qui interpréta son titre « Chanter » en ouverture, en compagnie des demi-finalistes. Un « Noël avant l’heure » pour Aurélien, comme il l’avait exprimé dans « Quotidien » de Yann Barthès. Aujourd’hui, le jeune homme ne réalise toujours pas complètement ce qui est en train de se produire dans sa vie.

LQDA : Vous êtes un autodidacte de la chanson. Quel est votre parcours vocal ?

Aurélien Vivos : J’ai toujours chanté à l’abri des regards. Je chantais sous la douche et aussi lorsqu’il n’y avait personne près de moi. J’avais une pudeur avec ça. Je ne me suis pas rendu compte de la portée que cela pouvait avoir. J’ai commencé avec les comédies musicales et ma première claque, je l’ai pris avec Daniel Lévi (Moïse dans « Les Dix Commandements »).

LQDA : Qui vous a incité à vous inscrire à « The Voice » ?

Aurélien Vivos : Personne. C’est « The Voice » qui m’a repéré grâce à une vidéo déposée sur YouTube. Lorsque j’avais 16 ans, j’avais participé à « X Factor » mais je n’en conservais pas un très bon souvenir car je n’avais pas encore l’armure de la vie.  L’équipe de « The Voice » m’a demandé de monter à Paris et j’ai rencontré des gens très bienveillants. Tout ce que l’on voit à la télévision n’est pas du tout calculé. C’est vraiment ce que l’on vit. Tout est fait avec le coeur.  Pour Bruno Berberes (directeur de casting de « The Voice »), Sara Berchot (l’assistante de Bruno Berberes) et Pascal Guix (producteur artistique de « The Voice ») c’est le bien-être des candidats qui compte avant tout !

LQDA : Lors de la première audition à l’aveugle du 25 février dernier, vous avez interprété l’Ave Maria et les quatre coachs se sont retournés. Pourquoi avez-vous opté pour ce titre ?

Aurélien Vivos : l’Ave Maria, contrairement à ce que l’on pourrait penser, n’est pas du tout mon univers. Véronique Martinez est une amie de longue date que j’ai rencontré à Moissac lorsque j’ai effectué un stage dans un magasin de musique où elle travaillait. J’ai appris qu’elle donnait des cours de chant et je lui ai demandé si elle pouvait m’en donner aussi. Lorsqu’elle a découvert ma voix, elle m’a invité comme soliste dans des églises pour essayer de m’ouvrir un peu car je suis quelqu’un d’assez timide. « Je vais essayer de faire tout ce que je peux pour te mettre en lumière » m’a-t-elle dit.  Le 1er juillet à l’église Saint-Jacques à Moissac, pour clôturer « la balade étoilée » (concert piano-voix à la lueur des bougies avec le pianiste Eric Lozano), j’ai interprété l’Ave Maria de Caccini. Quelqu’un a posté la vidéo en ligne sur YouTube et il y avait un millier de vues le lendemain ! Nous avons réenregistré la chanson au piano-voix et nous l’avons redéposé avec des photos. Bruno Berberes a donc entendu la première fois l’Ave Maria sur le net. Il m’a demandé de la rechanter devant l’équipe cette fois. J’ai aussi interprété Feeling Good et la Quête.

LQDA : Pourquoi avez-vous choisi Zazie pour vous coacher ?

Aurélien Vivos : Dès le départ, j’espérais vraiment que Zazie se retournerait et c’est elle qui a buzzé la première ! Elle a 30 ans de carrière derrière elle. J’ai tissé un lien particulier avec ses chansons lorsque je l’écoutais à la radio quand j’étais petit. Lorsque j’entends « Tout le monde il est beau », je sens des odeurs de l’été dans le jardin de mes grands-parents. Ses chansons me rappellent des sensations. J’aime sa façon d’écrire, son univers…

LQDA : Comment s’est passé le coaching ?

Aurélien Vivos : Au début, c’était juste un coaching de trois-quarts d’heure. Ce fut court, intense, sincère. La relation s’est écrite au fur et à mesure. Zazie est quelqu’un d’une simplicité incroyable. On a vite fait d’oublier que c’est une artiste qui remplit des stades et qu’elle a écrit pour Johnny Hallyday  la chanson « Allumer le feu » !

LQDA : Jouez-vous des instruments de musique ?

Aurélien Vivos : Oui, je joue de tout : du piano, de la batterie, de la guitare… en autodidacte mais je n’ai pas mis cela en avant dans « The Voice ».

LDQA : Etes-vous issu d’une famille de musiciens ?

Aurélien Vivos : Il n’y a aucun musicien dans ma famille mais il m’a été rapporté que mon arrière grand-père possédait une voix de ténor.

LQDA : Vous avez chanté en finale « Casser la voix » avec Patrick Bruel qui n’a pas tari d’éloges sur vous. Comment s’est passé votre rencontre ?

Aurélien Vivos : Je ne l’ai rencontré que trois heures avant le show et nous avons réalisé une seule répétition ensemble. Comme il avait repéré mon accent, il m’a demandé d’où je venais et cela s’est de suite très bien passé entre nous.

LQDA : Vous allez démarrer une tournée de janvier à avril 2024 avec le spectacle « 500 Voix pour Queen », vous allez chanter au zénith de Toulouse le 4 mai 2024 avec Patrick Bruel et le 5 juin 2024, c’est l’Olympia qui vous ouvre ses bras avec le spectacle « Aurélien Vivos, de l’Ombre à la Lumière» au cours duquel vous incarnerez les plus grandes voix de la chanson. Quelle a été votre réaction quand vous avez appris que vous alliez vous produire seul dans cette salle mythique ?

Aurélien Vivos : C’est de la folie, j’essaie de redescendre ! David Hardit Productions m’a proposé l’Olympia deux jours après ma victoire. Ma mère s’est presque effondrée en larmes et là, je me suis rendu compte de la portée du « truc » ! C’est un honneur absolu et je vais tout faire pour me montrer à la hauteur de l’Olympia. David et sa maison de production ne veulent pas me changer sur quoi que ce soit. Ils veulent que je reste moi-même.

LQDA : Qu’allez-vous chanter ce soir-là ?

Aurélien Vivos : Je vais interpréter de grands classiques. Nous allons établir une liste de 50 titres et nous n’en conserverons qu’une quinzaine. « Caruso » a été arrangé pour moi avec des cordes.

LQDA : Vous serez l’une des « 500 Voix pour Queen ». Qu’allez-vous interpréter durant cette trentaine de concerts ?

Aurélien Vivos : deux chansons en solo et deux duos.

LQDA : Ecrivez-vous des textes et composez-vous de la musique ?

Aurélien Vivos : Oui. J’ai passé des moments assez compliqués avant de rencontrer mon épouse. Je composais à cette époque-là des musiques de hard-rock et de metal avec des logiciels.

LQDA : Quels sont vos projets pour la rentrée de septembre ?

Aurélien Vivos : Je vais effectuer des petits concerts un peu partout en France d’octobre à décembre. Je veux aller vers les gens. C’est une manière pour moi de leur dire « merci pour tout » ! Je vais m’échauffer pour « 500 Voix pour Queen » et l’Olympia !

LQDA : Envisagez-vous de sortir un album prochainement ?

Aurélien Vivos : Je rêve de ça ! Je dois réaliser un album avec Universal Music. Mais je veux me donner le temps pour sortir quelque chose qui me ressemble.

LQDA : Est-ce qu’un profil spécifique se détache de votre public ?

Aurélien Vivos : Pas du tout ! Cela va de l’ado de 15 ans à la mamie de 80 ans ! Je suis surpris du fait qu’un jeune puisse aimer « Quand on n’a que l’amour » de Brel. Pour ma part, j’ai 16 ans dans ma tête et j’aurais toujours 16 ans !

LQDA : Quels sont les artistes qui vous portent, à part Zazie ?

Aurélien Vivos : J’ai été fasciné dans un premier temps par Daniel Levi et lorsque j’ai écouté l’album « Baryton » de Florent Pagny, j’ai compris que je pourrais faire du lyrique. J’écoute aussi Andrea Bocelli, Josh Groban, Glenn Hugues de Deep Purple. Je lui dois ma note de « Casser la Voix ». Il a du gospel dans la voix !

LQDA : Comment a réagi votre famille face à ce succès fulgurant ?

Aurélien Vivos : Le plus important est de trouver le bon équilibre, de se préserver. Avec mon épouse, cela fait dix ans que nous sommes ensemble. Elle gère tout à la maison. Elle n’est pas préparée à tout cela mais elle est à fond derrière moi.  De toute façon, j’ai demandé à pouvoir rentrer chez moi toutes les semaines pour retrouver ma famille.

LQDA : A quel moment avez-vous pris la décision de quitter votre travail de magasinier ?

Aurélien Vivos : Dès la fin des Super Cross Battles. Je me suis dit : c’est le moment ! J’ai négocié une rupture de contrat. Pour eux, c’était une manière de me dire qu’ils me soutenaient dans mes projets.

LQDA : Avec quels artistes rêveriez-vous de faire un duo ?

Aurélien Vivos : Florent Pagny, Zazie, Axel Bauer, Lara Fabian, Lady Gaga, Aurora, Gjon’s Tears et Jérémy Levif (l’un des trois autres finalistes) qui est un ami.

LQDA : Dans quel registre musical souhaiteriez-vous évoluer ?

Aurélien Vivos : Je vais prendre un shaker et faire un cocktail ! On prend du Muse, du Queen, du Florent Pagny, de la musique instrumentale… on mélange tout ça en français car j’aime notre langue, elle est magnifique !

LQDA : Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?

Aurélien Vivos : Au début, j’étais le gars du Sud-Ouest. Avec « The Voice », j’ai compris que  je ne représente plus uniquement le Sud-Ouest mais la France entière et je suis très reconnaissant pour tout ce qui m’arrive. Je suis quelqu’un qui reste fidèle à ses valeurs. J’ai traversé des épreuves et là, c’est la vie qui me fait un cadeau. Il y a des choses à partager avec le monde. J’ai très envie de dire : « Merci à tous » !

LQDA : Quels conseils prodigueriez-vous aux jeunes (ou moins jeunes !) qui ont une voix mais ne se sentent pas légitimes à franchir le cap d’un télé-crochet ?

Aurélien Vivos : Je leur dirais qu’il faut y aller en ne conservant que les critiques constructives. Même si un professionnel vous dégomme, ne vous laissez pas abattre et gardez vos valeurs. Il faut faire les choses avec son cœur. Vouloir juste devenir une star n’est pas une bonne raison !

Une nouvelle page est en train de s’écrire pour le gagnant de cette 12ème édition de « The Voice : la Plus Belle Voix » dont l’humilité, la simplicité, l’autodidaxie et la bienveillance ont su conquérir le cœur du public, des coachs, des candidats et des artistes qui l’ont accompagné durant cette aventure musicale. Certains candidats comme Jérémy Levif sont devenus des amis tandis que sa bonne fée Véronique Fernandez – son professeure de piano et de chant – veille désormais farouchement sur sa carrière en portant la casquette de manageuse. Avant de devenir très prochainement l’une des « 500 voix pour Queen », Aurélien Vivos est aujourd’hui le « king » incontestable de « The Voice » et son devenir artistique s’annonce déjà couronné de succès.

* la première saison avait été remportée en 2012 par l’agenais Stéphan Rizon avec 31,5 % des votes contre 29,9 % pour Louis Delort qui terminera second. 

Véronique David

Journaliste
Après un diplôme de psychologie et un DU de Japonais, j’ai préparé un diplôme de Naturopathie-homéopathie avec la faculté Libre de Médecine Naturelle et d’Ethnomédecine de Paris XV ainsi qu’une formation de correctrice avec le Centre d’Écriture et de Communication de Paris V qui m’a aussi formée aux techniques journalistiques. Dans le même temps, j’ai rédigé des articles pour différents journaux et administrations (Mairie d'Agen, Conseil départemental de Lot-et-Garonne, Actif Formation...). J’ai aussi travaillé au sein de divers organismes (Caf, Pôle Emploi, ODAC, MEDEF, ENAP…) dans le domaine du secrétariat et préparé une formation de praticienne en coaching de Vie. Dans un tout autre domaine, je suis officier de réserve citoyenne dans l’Armée de Terre depuis une dizaine d’années. J’ai appris au fil du temps que « toutes les batailles de la vie nous enseignent quelque chose, même celles que nous perdons » (Paulo Coelho). Rêvons en grand, soyons audacieux et bâtissons l’impossible !

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