Exposition jeune public « Le Club des Monstres » de Jessie Désolée au musée des Beaux-Arts d’Agen
L’exposition jeune public de Jessie Désolée intitulée « Le Club des Monstres » est présentée aux visiteurs jusqu’au 28 avril prochain. Premier baptême du feu réussi samedi 17 février pour la jeune dessinatrice-illustratrice lors du vernissage qui s’est déroulé, le 17 février dernier, salle Idrac du musée des Beaux-Arts en présence de plus de 200 personnes, tous âges confondus, qui ont laissé les monstres envahir leur imaginaire pour mieux exorciser leur téraphobie*.
Jessica Hautdidier s’excusait toujours auprès de ses proches. Elle décida donc un jour de pseudonymiser son nom en « Désolée » ! Un trait d’humour qui est aussi sa signature artistique à travers « ses » petits, elle qui se baptise « mother of creatures » (mère de créatures).
C’est souvent dans le creux de l’enfance que le destin d’une personne commence à se dessiner. Celui de Jessie prend des contours de gribouillage de dinosaures sur sa table d’écolière, de « sniffeuse » de colle et de dévoreuse de pâte à modeler. Après l’obtention de sa licence d’art, elle intègre les Beaux-Arts qui se heurtent à ses aspirations profondes comme le fait de faire de l’art pour les animaux, d’interroger les limites de l’humanité et le concept de culture. La jeune femme prendra alors conscience que ce ne sont pas dans les écoles que l’on apprend à devenir artiste. Elle posera son stylo durant une décennie et enchaînera les activités professionnelles aux facettes de sondeuse, vendeuse, journaliste, cuisinière, libraire, barmaid. Mais voilà. Jessie ne vibre pas dans son travail. « Les croquettes nourrissent peut-être le ventre, mais pas l’âme » avoue la jeune illustratrice.
Lorsqu’un bic traînera un jour sur son bureau, elle se remettra à gribouiller et donnera vie à un univers peuplé de monstres, de plantes et d’animaux fantastiques. C’est en exposant quelques dessins au cœur d’une boutique rochelaise que Kader Attou, danseur, chorégraphe, directeur artistique de la Cie Accrorap, et l’un des représentants majeurs de la danse hip-hop, lui proposera de collaborer avec lui sur un spectacle jeune public, mais jusqu’à présent, Jessie n’avait jamais exposé ses œuvres au jeune (et grand) public. Et sans Stéphanie Waldt, directrice du théâtre Ducourneau et ancienne médiatrice jeune public du musée des Beaux-Arts, cette exposition n’aurait probablement jamais vu le jour.
Une scénographie pensée pour les enfants
Au royaume de Jessie Désolée, cohabitent pacifiquement des monstres. Beaucoup. Des monstres pour la plupart gentils, d’autres plus énigmatiques, fantastiques et rigolos traduisant une enfance pas tout à fait terminée chez notre dessinatrice-illustratrice. Mais ne sommes-nous pas tous atteints, en définitive, du syndrome de Peter Pan, ce refus de grandir un brin pathologique pour ne pas évoluer dans un monde d’adultes qui nous dépasse ? « J’aime bien dessiner des monstres car ils me permettent d’exorciser mes peurs » confie Jessie.
« L’exposition a été pensée pour qu’elle soit la plus immersive possible, souligne Lise Smith, régisseuse en charge des expositions. Tout est pensé à hauteur d’enfant ». Dès l’entrée, un coffre est mis à leur disposition pour choisir un déguisement amusant comme un chapeau pointu de sorcière ou un serre-tête avec de gros yeux verts. Pour accéder à l’exposition par une voie plus insolite, les visiteurs empruntent un diorama et se retrouvent au cœur de l’exposition de Jessie peuplée de monstres à travers des dessins au bic, sa « signature » artistique, à l’instar d’ « Il ne peut rien nous arriver d’affreux maintenant » réalisé pour le mariage de deux fans de films d’horreur des années 80 où il faut retrouver tous les méchants que l’on adore détester comme Ghostface (Scream), Chucky, Ca, les Gremlins, Alien, Jason (Vendredi 13), Freddy (les Griffes de la Nuit)… « Même pas peur ! ». C’est aussi le titre d’un petit dessin réalisé avec un crayon en couleur pour apprivoiser son monstre par le dessin. Il est vrai que les monstres de Jessie nous ramènent à cette enfance où nous regardions sous le lit avant de nous coucher pour vérifier qu’aucun monstre ne viendrait troubler notre sommeil. Jessie nous entraîne dans les profondeurs des « Enfers » avec ce dessin réalisé au stylo noir et au crayon de papier et dans un univers écologique axé sur la préservation des océans grâce à « Erika » », dessiné au stylo noir sur papier canson. « Godzilla et sa mère à la fête de la saucisse » apporte une touche comique et colorée mais si l’on veut y voir un message, alors ce Kaijū (reptile géant) japonais symbolise toutes les cicatrices des bombardements atomiques de l’après-guerre sur Hiroshima et Nagasaki. L’Oiseau Tonnerre, en crayon de couleur et collage sur papier, vient se venger de tous ceux qui lui ont fait du mal. Moz, Jean-Poils l’Araignée, Erika, Ourcerf, Grumpy cat, le Renard Samouraï… toute une galerie de monstres touchants, drôles, effrayants, sympathiques, énigmatiques, fantastiques… qui peuplent nos imaginaires.
Une petite table a été installée au milieu des œuvres pour permettre aux enfants de s’adonner à la lecture, de dessiner ou de colorier. La machine sonore infernale de Pierre-Mary Gimenez-Guillem, animateur multimédia au Florida, s’invite au « Bal des Monstres » qui clôture en beauté l’exposition, permettant à un groupe de neuf personnes de jouer de la musique avec ce que l’on pourrait considérer comme un tableau de bord d’un vaisseau spatial. Dès 4 ans, les enfants pourront découvrir (gratuitement et sans réservation, mais 6 € par adulte) la célèbre machine sonore infernale les vendredi 23 février (14h à 17h), mercredi 17 avril (15h-18h) et samedi 27 avril (15h-18h).
« Cette exposition, drôle et touchante, nous invite à regarder au-delà des apparences » explique Lise Smith, mais également à exorciser ses peurs et à dédramatiser ces monstres sortis des tiroirs de l’Imaginaire et si l’on y réfléchit un tantinet, « on est toujours le monstre de quelqu’un » !
*peur des monstres
Autour de l’exposition…Des animations seront proposées tout au long de l’exposition avec des résonances aux Montreurs d’Images et au théâtre Ducourneau. Le film d’animation de Pete Docter « Monstres et Cie » sera projeté mardi 27 février à 15 heures aux Montreurs d’Images situés 12, rue Jules Ferry. Jacques Sullivan (Sulli) et son pote Robert Razowski (Bob) forment la meilleure équipe de terreurs à « Monstres et Cie ». Mais une petite fille s’égare et Sulli et Bob doivent la ramener chez elle. Tarif : 3,80 €. L’exposition « Le Club des Monstres » fait écho au « Murmure des Songes », un spectacle de danse jeune public de Kader Attou, illustré par Jessie Désolée, qui sera présenté mercredi 10 avril à 20 heures au théâtre Ducourneau. « Le Murmure des Songes est une invitation à plonger dans l’univers onirique de mon enfance, à explorer les recoins cachés de mon imagination, à danser avec les étoiles et à embrasser la magie de chaque instant, pour petits et grands, explique Kader Attou. […] Pour cette nouvelle aventure, j’ai convoqué un quatuor de danseurs et danseuses, les superbes illustrations de Jessie Désolée qui donnent vie à un bestiaire poétique, peuplé de chimères, plantes et animaux fantastiques, ainsi que le vidéaste Yves Kuperberg pour animer cette plongée dans l’imaginaire. Le tout sous les envolées lyriques et musicales du compositeur Régis Baillet (Diaphane). » Série 1 → plein tarif 26€ / abonnés, -26 ans 20€ / Série 2 → plein tarif : 22€ / abonnés, -26 ans 14€ ; Série 3 → plein tarif : 12€ / 9€ pour les -18 ans. Trois ateliers seront proposés au musée des Beaux-Arts :
Les ateliers s’effectueront obligatoirement sur réservation au 05 53 69 47 23.
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