Commémorations-Hommages

Déployer les ailes du Souvenir pour panser les mémoires meurtries

Levée des couleurs en présence des autorités civiles et militaires. © Véronique David

Agen. Journée nationale d’hommage aux Morts pour la France en Indochine

Juliette Beregi, directrice de cabinet de Daniel Barnier, préfet de Lot-et-Garonne, a présidé la cérémonie d’hommage aux Morts pour la France en Indochine, le 8 juin dernier, place Armand Fallières, en présence des élus locaux, des autorités militaires, des forces de sécurité et des associations patriotiques. Instituée par le décret du 26 mai 2005, cette journée d’hommage correspond au jour du transfert à la nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette, le 8 juin 1980, de la dépouille du Soldat inconnu d’Indochine. Cette date a été consacrée « Journée nationale d’hommage aux morts de la guerre d’Indochine » en général, « et de la bataille de Diên Biên Phu », en particulier. Cette cérémonie honora aussi la mémoire de Geneviève de Galard, l’infirmière militaire baptisée « l’ange de Diên Biên Phu » qui s’est éteinte à l’âge de 99 ans.

Le lieutenant-colonel Philippe Houillon, président fédéral de la FACOM, a donné lecture du message national. © Véronique David

 

Après la traditionnelle levée des couleurs devant les autorités civiles et militaires, le lieutenant-colonel Philippe Houillon, président fédéral de la FACOM, a donné lecture du message national puis ce fut au tour de Juliette Beregi de lire le message de Patricia Mirallès, secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la mémoire :

« Le courage des soldats morts pour la France en Indochine n’a pas fini de susciter notre admiration, notre gratitude et notre reconnaissance.

De 1945 à 1954, de l’agression provoquée par le Japon, pays allié de l’Allemagne nazie, jusqu’à la fin de la guerre d’Indochine, ces terres balayées par les moussons ont vu mourir des soldats français. Aujourd’hui, réunis devant nos monuments aux morts, nous honorons leur mémoire.

Nous nous souvenons des résistants aux forces japonaises pendant la Seconde Guerre mondiale, à ces braves qui se battirent à un contre cinq pendant le coup de force du 9 mars 1945, où plus de 2 500 d’entre eux furent tués.
Nous nous souvenons de leurs successeurs, Français de métropole et d’Outre-mer, engagés de la Légion étrangère, tirailleurs africains, appuyés par des combattants supplétifs vietnamiens, cambodgiens et laotiens. Ceux qui débarquaient à Hanoï et en restaient émerveillés. Pendant quelques jours ou quelques semaines, ils découvraient « la ville dans la courbe du fleuve », la ville à l’architecture éclectique qui pouvait donner l’illusion d’être en métropole.

Et puis vient le jour du départ, le moment du rassemblement, peut-être une dernière lettre et direction le front. Ils se sont battus dans la jungle, la boue des rizières ou sur les pics de calcaire. Sur ces collines, dans ces vallées où pleuvaient la lumière et le feu. Sous une pluie battante ou une chaleur suffocante, ils découvraient « l’enfer vert » et ne l’ont jamais oublié. Ils y ont laissé une part d’eux-mêmes, quand ce n’était pas la vie tout court.

Progressant à pied, avec difficulté, dans des véhicules motorisés ou parachutés depuis les Dakotas de notre armée de l’air, ils ont lutté et n’ont jamais plié. Dans un rapport de force inégal, où l’armée populaire vietnamienne pouvait s’appuyer sur la géographie comme sur la population locale, ils n’ont jamais rien cédé à l’ennemi. Ni la terre, ni l’honneur.

Et dans le décor d’apocalypse de Diên Biên Phu, qui sans être la dernière bataille a décidé de l’issue de la guerre, un espoir a empêché les combattants rassemblés sur les dernières collines de sombrer. Une silhouette longiligne dans un habit de parachutiste, qui soignait les corps et pansait les âmes. C’était Geneviève de Galard, « l’ange de Diên Biên Phu », qui vient de nous quitter.

Nous nous souvenons de ces hommes pétris de courage et de résolution, volontaires pour beaucoup, que la défaite n’a pas brisés. Nous nous souvenons des prisonniers, de ceux de Diên Biên Phu et de tous les autres, encerclés dans une rizière ou capturés dans une clairière. Ils n’avaient pas fini de souffrir dans ce pays qu’ils ont aussi tant aimé.

Blessés, diminués, fatigués, ils ont connu les marches infernales, des centaines de kilomètres à pied, les chairs à nu, les frères d’armes morts sur les bas-côtés. Et puis les camps de rééducation, les privations, les tortures dans les geôles de bambou. Ces camps d’un genre particulier, des camps sans miradors ni barbelés, avec peu de gardiens, mais où la langue, la couleur de peau, l’environnement et la faiblesse des hommes rendaient les évasions chimériques.

La plupart des prisonniers survivants, restés quelques mois dans les camps, sont libérés à l’été 1954, après la signature des accords de Genève. Si peu d’entre eux nous sont pourtant revenus. Parmi eux, ils sont nombreux à avoir été confrontés au soupçon, par leur propre armée qu’ils aspiraient à retrouver, de compromission avec l’ennemi.

70 ans après, le temps n’efface ni leurs souffrances, ni leur courage, et encore moins la reconnaissance de la Nation. Car là-bas, en Indochine, dans cette guerre lointaine sur les cartes comme dans les esprits, dans ce conflit de la guerre froide qui n’intéressait pas une métropole toute occupée à se reconstruire, des destins individuels se sont brisés et des héros se sont révélés. Ces frères d’armes y ont consacré le meilleur d’eux-mêmes : leur valeur, leur courage, leur jeunesse.

Ils méritent que nous nous souvenions d’eux. Honorons les morts comme ceux qui en sont revenus et qui, depuis, portent la mémoire de leurs frères d’armes. »

Dépôt de gerbe par Juliette Beregi, directrice de cabinet de la préfecture de Lot-et-Garonne. © Véronique David

 

S’ensuivit quatre dépôts de gerbes (Philippe Houillon, président fédéral de la Facom, Maïté François, conseillère municipale déléguée aux protocoles, Françoise Laurent, conseillère départementale déléguée aux Anciens combattants et à la mémoire et Juliette Beregi, directrice de cabinet du Préfet), la sonnerie aux Morts et le salut des autorités aux porte-drapeaux dont la vaillance mérite bien un tel honneur.

Le salut aux porte-drapeaux par les autorités civiles et militaires. © Véronique David
Véronique David

Journaliste
Après un diplôme de psychologie et un DU de Japonais, j’ai préparé un diplôme de Naturopathie-homéopathie avec la Faculté Libre de Médecine Naturelle et d’Ethnomédecine de Paris XV ainsi qu’une formation de correctrice avec le Centre d’Écriture et de Communication de Paris V qui m’a aussi formée aux techniques journalistiques. Dans le même temps, j’ai rédigé des articles pour différents journaux et administrations (Courrier Français, Petit Bleu/La Dépêche, Le Petit Journal 47, 47 Infos, Mairie d'Agen, Conseil départemental de Lot-et-Garonne, Actif Formation...). J’ai aussi travaillé au sein de divers organismes (Caf, Pôle Emploi, ODAC, MEDEF, ENAP…) dans le domaine du secrétariat et préparé une formation de praticienne en coaching de Vie. Dans un tout autre domaine, je suis officier de réserve citoyenne dans l’Armée de Terre depuis une dizaine d’années. J’ai appris au fil du temps que « toutes les batailles de la vie nous enseignent quelque chose, même celles que nous perdons » (Paulo Coelho). Rêvons en grand, soyons audacieux et bâtissons l’impossible !

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