Point d’étape du chantier du CFA La Palme de « deux-mains »
Gérard Gomez, président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat Nouvelle-Aquitaine et Jean-François Blanchet, président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat Nouvelle-Aquitaine Lot-et-Garonne ont réuni, le 5 septembre dernier, les partenaires financiers du projet d’extension et de rénovation du CFA La Palme, en présence des apprenants du CFA La palme et de leurs maîtres d’apprentissage ainsi que des agents du CFA et e la CMA NA.
Le CFA La Palme célébrera son soixantenaire l’an prochain. Il a ouvert ses portes en 1964, sous l’impulsion du président Morère. La rentrée 2023-2024 accueillera plus d’un millier d’apprenants, rendant ainsi plus que légitime l’ambitieuse rénovation du site de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat qui se décline en deux chantiers : celui du site Morère et celui de l’avenue de Colmar où une antenne de CFA accueillera les métiers de l’automobile, de l’industrie et de la coiffure.

« Ce qui est beau avec ce chantier, déclare Jean-François blanchet, c’est que ce projet a su rassembler des partenaires, au-delà des convictions et des idées de chacun, au service de la jeunesse, de la transmission, du savoir-faire et de l’artisanat ».
Gérard Gomez a tenu à témoigner aux partenaires financiers de sa « profonde gratitude pour leur soutien sans faille ». Si les travaux de modernisation et d’agrandissement des sites de formation répondent à l’employabilité des jeunes et aux besoins des entreprises artisanales, le président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat Nouvelle-Aquitaine ne cache pas ses inquiétudes face au risque de la baisse des niveaux de prise en charge des contrats d’apprentissage : « Je suis en effet profondément agacé par la décision du gouvernement de suivre la recommandation de France compétences visant à réduire fortement les niveaux de prise en charge de l’apprentissage » et pointant du doigt l’« une des absurdités de ces nouvelles règles de calcul » mettant « sur un même plan l’apprentissage dans l’Artisanat et l’apprentissage dans le supérieur… Très concrètement, si l’on applique cette nouvelle baisse, le coût contrat pour un master en droit des affaires enregistre une baisse de 1,25 %, mais pour un CAP boulanger ou un CAP Boucher, ce sera une baisse de 10 % ! »
Le président constate que cette nouvelle méthode de calcul de l’apprentissage « fait peser dès cette année une menace inquiétante sur nos CFA… Comme nous ne pourrons plus former à perte, des centaines de jeunes ne seront plus formés à certains métiers et à moyen terme, des entreprises artisanales seront dans l’impossibilité de trouver des salariés ou d’être reprises. C’est un mauvais coup porté à l’Artisanat de notre région et de notre pays. En conséquences, avec mes collègues élus des CMA de France, nous demandons l’annulation de cette baisse et souhaitons engager un dialogue sur le financement de l’apprentissage pour définir des niveaux soutenables, justes et durables ».
Nos CFA « sont des acteurs clés dans la transmission des savoir-faire, la préservation de nos métiers de proximité, l’insertion professionnelle des jeunes et l’aménagement de nos territoires, ce qui nous paraît fondamental dans le contexte économique et social que traverse notre pays. »

Sophie Borderie, présidente du Conseil départemental de Lot-et-Garonne, Jean Dionis du Séjour, maire d’Agen et Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine ont exprimé successivement leur engagement envers la jeunesse ainsi que la transmission du savoir-faire et de l’artisanat.
« Plus de 50 % de chefs d’entreprise sont formés par vos équipes, a souligné Sophie Borderie. Le CFA constitue la pierre angulaire de l’artisanat de notre département. L’apprentissage est une voie d’avenir et d’optimisme. Lorsque l’on fait confiance à l’intelligence locale, on obtient le meilleur ! Le département compte 11 300 entreprise et pour plus d’un tiers d’entre elles va se poser, dans la décennie qui s’annonce, la question de la transmission du savoir-faire… L’apprentissage constitue une solution d’avenir pour développer le territoire. Compétitivité et compétences ne vont pas l’un sans l’autre ».
Jean Dionis a rappelé aux jeunes apprentis qu’ils font, eux aussi, partie de la communauté étudiante agenaise. « Enfin, l’apprentissage a décollé en France pour donner le meilleur, se réjouit le premier édile. Il fallait oser faire ce projet ! Je suis toujours ému lorsque je vois les deux mains du président Morère à l’entrée de la Chambre de Métiers. J’émets un petit souhait : celui de mettre le penseur de Rodin à côté de ces mains ».

Pour Alain Rousset, « Agen est la ville la plus accompagnée des villes de Nouvelle-Aquitaine. Et pourtant, qu’est-ce qu’on s’engueule ! » Preuve que les divergences d’opinions ne font jamais le poids et tout le monde sait faire équipe face à un projet important. « Les savoirs fondamentaux sont essentiels et l’apprentissage y pourvoit pour rebondir dans la vie. 50 % des apprentis deviennent chefs d’entreprises ».
Pour le président de la région Nouvelle-Aquitaine, la réforme sur l’apprentissage est « mauvaise à trois titres : l’apprentissage est financé par de grandes entreprises. C’est de l’argent public que l’on aurait pu éviter de dépenser. L’apprentissage, c’est la vie de nos territoires. Le plus grave, c’est l’absence d’analyse. L’UIMM et le Medef ont fait pression pour faire cette réforme. Le ruissellement a cessé. Le problème se pose en termes d’argent public. Les TPE recrutent 80 % d’apprentis. Certaines formations supérieures de l’apprentissage ont été faites par des fonds d’investissement uniquement en visioconférences. Cette réforme n’est pas bonne et il faut y revenir. La Palme, nous sommes très fiers au niveau de la région d’en être le principal financeur ! »
Nous n’avons pas atteint en 2022 le même nombre d’apprentis qu’en 2010, mais l’enseignement supérieur explose. « Nous sommes dans une situation critique pour l’aménagement du territoire et nous aurons des problèmes pour maintenir l’activité artisanale dans nos villages et nos communes » alerte le président de la région Nouvelle-Aquitaine.
L’Artisanat, une voie d’excellence
Près de 8 jeunes sur 10 accèdent à un emploi au terme de leur apprentissage. Le CFA La Palme, plus ancien CFA de France, accueille, cette année, 893 apprentis et 37 adultes en formation continue. Il propose 14 métiers déclinés en 8 filières d’excellence (alimentation, beauté et bien-être, cuisine, carrosserie et peinture, hôtellerie-restauration, métal, mécanique et vente-commerce). Il délivre 29 diplômes (du CAP au BAC +2) et emploie 69 collaborateurs au service des apprenants.

Le CFA fait peau neuve
Le CFA La Palme était légitime pour s’engager dans un ambitieux projet de rénovation pour un coût de plus de 18 millions d’euros (18 203 240 euros). Le nouveau CFA, livré en 2025, proposera des espaces modernes et des équipements techniques de qualité. Ce projet est porté par le CMA NA avec le soutien de l’État, du Conseil régional Nouvelle-Aquitaine, du Conseil départemental de Lot-et-Garonne et de l’Agglomération d’Agen ainsi que la contribution de l’Association Nationale de la Formation Automobile (ANFA) sur les investissements d’équipements.

Afin de mettre en lumière leur collaboration constructive, les partenaires financiers du projet ont dévoilé la plaque officielle du CFA La Palme de « deux-mains » réalisés par les apprentis des pôles industrie et carrosserie.
C’est TLR Architecture, basé à Bordeaux, qui a remporté le projet intégrant quatre variantes liées au développement durable et à la création d’un complexe sportif. Il a souhaité valoriser l’apprentissage en repensant le CFA et les services de la Chambre de Métiers comme un véritable « Campus des Métiers » où chaque fonction sera identifiable : services et pôles de Chambre, services et filières métiers du CFA et Foyer des Jeunes Travailleurs. Les piétons se réapproprieront le site tandis que les véhicules circuleront en périphérie. Un Parvis des Métiers sera créé en entrée de l’impasse Morère et de l’Avenue de Colmar. Un espace d’accueil mutualisé accueillera les publics et les redirigera sur la structure. Certains ateliers seront vitrés pour visualiser les gestes des apprentis.
Vitrine du savoir-faire artisanal, le CFA La Palme n’est pas un sombre miroir aux alouettes de la formation à l’emploi, mais reflète l’excellence en termes de réussite, de construction professionnelle et d’évolution, favorisant l’épanouissement des apprenants de tous âges.
Pour aller plus loin →www.cfa-artisanat47.fr