Retour sur le Conseil de l’agglomération dédié aux transports et aux mobilités
Le nouveau cahier des charges de la future délégation de service public (celle de Kéolis arrive à terme) qui sera mise en œuvre en 2025 a été timidement approuvé par les conseillers communautaires, jeudi dernier, salle des Illustres de l’Hôtel de ville d’Agen lors du conseil d’agglomération axé sur les transports et les mobilités. Ce dossier brûlant va bousculer le quotidien de certains habitants, notamment les usagers réguliers des lignes 2 et 10.
« L’agglomération d’Agen a subi plusieurs mutations, a déclaré Pascal De Sermet de Tournefort, vice-président en charge des transports et des mobilités. Nous avons une agglomération qui est devenue ruralo-urbaine. Les transports et la mobilité doivent évoluer ! »
La nouvelle délégation de service public qui sera mise en œuvre en 2025 se donne pour objectif de faire prendre un autre mode de transport aux unisolistes, de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de réduire la dépense publique, d’améliorer l’attractivité du réseau de bus en augmentant la fréquence et la vitesse commerciale (vitesse moyenne utile à l’usager) avec des lignes plus nerveuses, suivant la voirie départementale, d’augmenter le budget vélo et équiper la voirie (protection contre le vol, bornes de recharge) et de déployer un service de TSR (transport sur réservation) qui remplacera le TAD (transport à la demande).
Les avis des élus communautaires
« Il faut modifier les cadences » estime Naïma Lasmak qui propose d’enchaîner deux gros tours entre 7 heures et 9 heures. Mickaël Geslot constate que « le bus n’est pas attractif à cause des horaires. Si une personne doit attendre plus d’une heure et demie pour rentrer chez elle, elle prendra sa voiture. » Pascale Luguet, maire de Boé est l’une des élus les plus impactées par les futures transformations : « 303 personnes utilisent la ligne 2 et 129 usagers prennent tous les jours le bus. 800 signatures ont été recueillies lors de la pétition. »
« La ligne 2 est critiquée par tous les opérateurs. La garder, serait une aberration, rétorque Jean Dionis, président de l’agglomération d’Agen. La ville de Boé est choyée. Il y a quatre lignes qui la desservent : les 2, 3, 4 et 5 soit 25 arrêts sur Boé ». Pascale Luguet alerte aussi le président de l’Agglo sur la dangerosité de la RD 813 que devraient emprunter les scolaires pour aller prendre le bus. « La RD 856 est aussi très passante, réplique Jean Dionis. Il n’y a pas de fatalité en ce qu’elle serait plus dangereuse. Il faut essayer d’aménager la RD 813. Pour faire 400 mètres à pied, il faut 6 minutes. Pour les personnes empêchées, c’est un autre sujet. »
« Ce qui fait l’attrait de notre réseau de transport, c’est la qualité qui est sa préoccupation principale, déclare Francis Garcia, maire du Passage d’Agen, dont la suppression programmée de la ligne 10 impacterait fortement la vie de ses administrés et plus particulièrement certains quartiers de la commune comme Ganet, Béoulaygues et Dolmayrac. La commune compte près de 10 000 habitants et les deux lignes de bus (la 3 et la 10) empruntent les deux départementales qui traversent ma commune. L’avenue des Pyrénées longe des quartiers d’une extrême densité. » Avec la nouvelle politique de mobilité, il faudra compter, pour certains usagers, jusqu’à 20 minutes de marche pour accéder à un arrêt de bus. Que fait-on lorsque l’on marche avec difficulté ou lorsque l’on doit porter ses courses ? « Dans la qualité de bus, poursuit Francis Garcia, il y a la rapidité des lignes, il y a la morosité des lignes, mais il y a aussi l’accessibilité des lignes. Une ligne nerveuse dans laquelle on ne peut pas monter, cela n’a pas de sens ! Devoir passer par les deux départementales privera les gens d’accès au service public des transports. On a supprimé les boucles que faisait la ligne 10 du Passage qui permettent de drainer les populations des quartiers de Béoulaygues, de Dolmayrac et de Ganet. Demain, tous ces gens-là, seront à plus d’un quart d’heure d’un arrêt de bus. Ma mairie ne sera plus desservie comme le CCAS, le local des Restos du cœur et la permanence de SOS Surendettement. Ma proposition est de réduire sensiblement la fréquence des passages en dehors des heures d’affluence et de faire rallonger les lignes dans les heures creuses : deux fois le matin, deux fois l’après-midi pour faire une boucle et desservir les quartiers de Béoulaygues, Ganet, Dolmayrac… Le TSR sera très bien pour le Vieux Bourg et la cité Bellevue composée de 160 logements. Le TSR coûte plus cher que le rallongement de ligne. Ma proposition est donc une simple boucle aux heures creuses pour répondre aux besoins de la population, pour une dépense modique. » (quid des personnes devant partir travailler durant les heures pleines ? Ndlr). « L’idée de boucle, ça se travaille, a répondu Jean Dionis. Il y a des quartiers très peuplés ».
Si Christian Delbrel, maire de Pont-du-Casse, admet qu’il votera en faveur de ce nouveau projet de mobilité, il a tenu à alerter le président de l’Aglomération d’Agen sur le fait que la Candélie ne sera plus desservie. « Des arguments forts ont été posés et cela fera partie de l’étude » a répondu Jean Dionis.
Concernant l’inquiétude au sujet des jeunes résidant dans des quartiers qui ne seront plus desservis par les bus, « nous prendrons tous les scolaires » assure Pascal De Sermet de Tournefort.
Le bouleversement des lignes de bus fait grincer les dents des usagers, déjà excédés par des horaires inadaptés (quid des personnes travaillant dans les zones industrielles ? Pourquoi n’y a-t-il pas de navettes lors des concerts, des foires et des salons au Centre de Congrès, toujours bien desservi dans les autres villes qui en possèdent ? Comment se déplacer les jours fériés et les dimanches ?… Ndlr) mais « nous n’avons des fréquences élevées que sur la ligne 1 » se défend Jean Dionis.
Concernant la navette Cœur d’Agen, dont certains élus s’interrogent sur son utilité, le président de l’Agglomération d’Agen a apporté une réponse ferme : « La navette Cœur d’Agen, on l’a voulu au service du pôle commercial du centre-ville. Je suis à peu près sûr que la majorité des utilisateurs ne sont pas citoyens de la ville d’Agen. Agen est bonne fille, mais attention à ne pas lui nier son rôle de centralité ! »
Dominique Milani, maire de Sainte-Colombe-en-Bruilhois, se montre favorable à l’expérimentation de la navette qui desservira le TAG, mais regrette un manque de concertation sur le sujet : « Le test durera six mois. Il débutera en mai jusqu’en juin puis reprendra en septembre jusqu’en février. Il sera gratuit de mai à juin, mais payant de septembre à février. Pourquoi ne pas appliquer la gratuité du test durant toute l’expérimentation pour augmenter la fréquentation et pourquoi s’arrêter en juillet-août alors que les salariés administratifs du TAG travaillent ? Une navette de neuf places, c’est peu. Les salariés sont aussi en horaires décalés. Pourquoi ne pas ouvrir cette expérimentation aux administrés de la commune pour qu’ils se rendent sur leur lieu de travail à Agen ? »
Laurent Bruneau se positionne en faveur d’une gratuité totale des transports : « Ce qui a fonctionné pour 376 communes en France, c’est la gratuité dans les transports (Montpellier, Niort, Châteauroux…) et tous ont vu une augmentation de la fréquentation. Chez nous, on n’a pas la culture du bus. La gratuité, c’est ce qui va donner envie à certains d’y monter. Je ne comprends pas pourquoi ce sentiment qui est le vôtre (Jean Dionis est opposé à la gratuité des transports, à l’exception de la navette cœur d’Agen, Ndlr) nous empêcherait d’aller vers cette question-là… »
Laurence Lamy, maire de Bon-Encontre a fait part de sa préoccupation première : « La sécurité des usagers nous inquiète beaucoup. Le département n’a pas été concerté sur ce projet qui relève de sa compétence. L’une des zones industrielles de Bon-Encontre ne sera pas desservie alors qu’elle est très dynamique. Je ne suis pas d’accord pour imposer ce changement aux nouveaux élus ! » (le projet démarrera après les élections municipales, Ndlr).
« Je suis frappé par l’immobilisme de Bon-Encontre » a répliqué Jean Dionis.
Entre l’Agglo, Boé et Bon-Encontre, le torchon brûle. Il y aura encore des échanges, pour espérer parvenir à un compromis suffisamment satisfaisant pour chaque partie.
Jean Dionis a tenu aussi à rassurer ceux qui s’interrogeaient sur l’avenir de la ligne 21 (Agen – Bon-Encontre – Saint-Cazprais-de-Lerm – Sauvagnas) : « La ligne 21 était en TAD. Elle sera en TSR, rassure le président de l’Agglo. Mais il va falloir bien positionner l’offre TSR par rapport aux taxis ! »
Le rapport a été adopté avec 57 pour, 18 contre et 7 abstentions.
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