Sud Business School
Gilles Bœuf, ancien président du Muséum national d’Histoire Naturelle de Paris, biologiste et professeur à l’université Pierre-et-Marie-Curie, Sorbonne Université – a animé, le 12 février dernier, au Centre de congrès Agen Agora, une conférence citoyenne intitulée « La biodiversité et nous », en partenariat avec Les Amis de Cap Sciences, association de médiation scientifique mettant en lumière les actions Cap Sciences.
« On ne nourrira pas 8 milliards d’humains avec des sols qui sont morts. Il faut ramener de la vie dans les sols ». Pour le biologiste, le même combat doit être mené pour le climat et le vivant. « Les solutions du changement climatique sont dans la biodiversité » assure-t-il.
Gilles Bœuf s’est prêté à un petit jeu de questions réponses. À la question de savoir s’il était végétarien, le conférencier a répondu par la négative, précisant que « l’humain est fait pour manger de tout. »
S’il admet que l’on ne peut pas se passer de voyager en avion pour les grandes destinations, il faudrait interdire les petits trajets, car au final, « c’est la nature qui paye ». La chasse est vitale pour certains peuples comme les Inuits qui consomment alors l’animal tué dans son entièreté, mais « la chasse démesurée est une catastrophe » s’alarme-t-il. En 40 ans, ont été tués la moitié des girafes et des éléphants. Gilles Bœuf alerte aussi sur le fait que l’anguille est déclarée en voie critique d’extinction.
A 8 ans, le scientifique voulait déjà travailler sur les venins de serpent et a passé sa vie à travailler sur les migrations de saumons ! Sa vie basculera en 2001 à la lecture d’un chercheur hollandais Joseph Crutzen qui a découvert le trou dans la couche d’ozone et considère que « le plus puissant moteur du changement, c’est l’humain ». Notre ennemi reste la démesure et Gilles Bœuf démarrera ses travaux sur la biodiversité à partir de 2005. Il considère intéressant d’avoir des poules qui éloignent les serpents. Le tartigrade est l’un de ses animaux préférés, qui possède une vitalité incroyable.
« Vous avez oublié que vous êtes vivant » déplore Gilles Bœuf, l’être humain ne se nourrissant que de biodiversité et de vivant. Le corail, c’est moins de 1% de l’océan et plus d’un tiers de toutes les espèces de l’océan. « Il faut chercher dans le vivant des solutions à nos problèmes ». Toutes les maladies nouvelles depuis 1940 sont liées soit à des questions de climat, soit de vivant « qui arrive ou qui s’en va ». Faire du profit ne le gêne pas mais « ce qui me gêne, c’est faire du profit en détruisant du vivant et en le surexploitant ». Le drame de l’écologie, ce sont les femmes africaines qui ne suivent pas d’éducation. Gilles Bœuf nourrit deux grands défis : mettre toutes les petites filles à l’école pour enrayer le processus démographique et ramener de la matière organique dans les sols qui a trois intérêts : de la productivité, de la résistance au changement climatique et d’empêcher les envahisseurs d’arriver.
Pas d’humanité sans agriculture
« Si vous tuez les sols, c’est fini » prévient Gilles Bœuf. Une bactérie dans un sol enduit les micro-trous de mucus et lorsque l’eau tombe, elle reste. « Il faut ramener du vivant dans les sols… La clé, c’est le vivant et la polyculture ». La productivité est supérieure à celle qui utilise les produits chimiques. Le chlordécone, pesticide utilisé dans les bananeraies martiniquaises et guadeloupéennes jusqu’en 1993, multiplie par 8 les cancers de la prostate et du sein pour gagner 5 centimes sur le kilo. Concernant l’urbanisme, Gilles Bœuf rappelle que plus des trois quarts des humains vivent dans les grandes villes. « Il faut ramener du vivant en ville… Il faut enlever les drainages partout… Garder les zones humides est absolument essentiel » !

Réduire l’impact du changement climatique
Le climat s’effondre à cause de nombreuses raisons parmi lesquelles la destruction des écosystèmes, la surpêche. Il faut arrêter la déforestation, la pollution, l’empoisonnement des sols. Il faut essayer de réduire les gaz à effet de serre, mais Gilles Bœuf n’est pas convaincu par la construction de millions de véhicules électriques.
Chacun doit intervenir à son niveau. Sur les 600 000 entreprises néo-aquitaines, cinq font la moitié des émissions de CO2 et il faut s’interroger sur la manière de gérer cela. Il faut manger moins de viande, mais de meilleure qualité. « Quand vous mangez un poulet à 2 euros le kilo, vous mangez du stress » ! Il faut aussi réagir chez soi en éteignant la lumière, le chauffage, en faisant du vélo… S’interroger sur la nécessité des autoroutes, bannir le jet ski des loisirs… « L’un des graves problèmes de la Nouvelle-Aquitaine en ce moment pour nos enfants est le manque d’activités physiques » s’alarme le conférencier. En Allemagne, des cours de mathématique se pratiquent sur un vélo. Concernant l’alimentation, Gilles Bœuf ne mâche pas ses mots : « Ne bouffez pas de kiwis entre août et décembre ! Là, en ce moment, on vend des tomates à Agen, c’est un scandale ! Ce n’est pas la saison des tomates ! Jamais Thierry Marx ne servira de tomates dans son restaurant entre novembre et mai !… Suivez les saisons ! Arrêtez d’acheter des mangues, arrêtez d’acheter des trucs qui coûtent de l’énergie pour les transporter jusqu’ici. Les cerises au mois de février, c’est inconcevable » et puis, nous mangeons trop « deux fois plus qu’il y a un siècle, 3 000 calories par jour au lieu de 1 500 et on a gagné 30 kilos de plus en moyenne ».
Gilles Bœuf invite chacun à s’interroger sur la manière de réduire le gaspillage et de mieux distribuer les ressources. Il considère comme « un crime contre l’humanité » l’indexation du prix du blé.
Concernant le numérique, « chaque kilowatt produit quelque part sert pour moitié au numérique, assure le scientifique. Toutes les entreprises devraient réaliser le coût environnemental de leur activité. La guerre en Ukraine est d’abord une guerre de drones, une guerre numérique et électronique ». Si l’on fait aussi référence aux cyberattaques, « on s’est offert au danger » estime le biologiste. Malgré ses côtés inquiétants, l’IA en possède un de rassurant : « Lorsque l’on doit prendre une décision où l’intelligence émotionnelle est fondamentale, l’IA ne sait pas faire et ça c’est génial ! l’humain, quelque part, reste dans le jeu ».
Gilles Bœuf considère que « les plus belles découvertes que l’on n’a jamais faites, on ne s’attendait pas à trouver ça. Chaque fois, je m’émerveille de voir que le vivant a une réaction à ce que j’avais imaginé et pas du tout à ce que j’avais pensé et je l’aime pour ça, ce vivant » !
Vidéo complète de la conférence de Gilles Bœuf → https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=lUZY-ZmXZPw&fbclid=IwAR3UTeHlMlH-rw5i6Sv6VXwbFDAzVNFCNbfC9Nf062Azd24Qf5l_u98_nwg
Les projets des étudiants de Sud Business School« Ensemble, plantons les graines de demain » !
Des BTS ont développé des projets liés au développement durable. Victoria Gallo, BTS GPME, occupe un poste de technico-commercial. Elle a mené une action au sein de la « STEF Transport Agen » à Estillac pour inciter les salariés à éteindre la lumière. Elle a posé un nudge (outil modifiant nos comportements au quotidien, Ndlr) représentant un ours polaire à 15 endroits stratégiques de l’entreprise. Elina Netto, BTS NDRC, commerciale en alternance chez « Sainfruit » a souhaité déployer des tasses personnalisables la place des gobelets jetables pour réduire les déchets et créer un sentiment d’appartenance à l’entreprise. Elle a choisi une entreprise bordelaise de sublimation d’objets. Nina Marguerretaz, en alternance chez Antho web et Lucie Bardina du BTS NDRC ont travaillé sur la mise en place d’un système de consigne pour « Le Diamant Noir » (producteur, transformateur et vendeur de pruneaux). Le concept consiste à ramener les pots de confiture et les bouteilles puis de les insérer dans des machines pour réutilisation. Les clients auront une carte de fidélité qui donnera droit à des avantages lorsqu’ils déposeront leurs pots en verre dans la machine. Léo Lustenberger du BTS MCO, en alternance au sein de l’entreprise « Culture Vélo » reconditionne des vélos pour acheter des cycles moins chers avec du matériel de qualité pour des entreprises et des collectivités en vue de « pédaler vers un avenir durable ». Noémie Escober, en BTS MCO, en alternance chez « Medical Ortho » à Villeneuve-sur-Lot incite les salariés à éteindre les ordinateurs le soir en distribuant des affiches et en paramétrant chaque ordinateur afin qu’ils se mettent en veille au bout de 15 minutes et s’éteignent au bout d’une heure. Théo Leriche, BTS MCO a présenté son Bokashi, un composteur installé dans la salle de pause de « Castorama », réduisant de 30 % la consommation de sacs poubelles des employés. Lou Ann Vautier, en BTS MCO, travaille au sein de l’entreprise « Saporetti » (épicerie italienne au marché couvert). Elle projette d’installer un potager au sein ou aux alentours du marché couvert où seraient plantés leurs propres graines, fruits et légumes de saison, d’installer des composteurs au sein de chaque cuisine de l’étal et confectionner des potagers avec des palettes recyclées : « Mesdames et messieurs, ensemble, plantons les graines de demain » ! Samuel Iriart en BITS GTLA a présenté le projet de Morgane Costa (absente ce jour-là), oeuvrant pour l’entreprise « Kuehne + Nagel ». Le transport de marchandises représente 95 % d’émission Co2. Morgane Costa propose un passage au bio carburant fabriqué à partir de matières premières végétales, représentant entre 50 et 90 % de réduction à la combustion. Les classes d’EGC 2 ont présenté aussi des projets pour décarboner l’école de demain. Ethan Leorza est le représentant du groupe pour le projet « Green Campus » réalisé avec cinq élèves autour de la création d’un potager communautaire, participatif et collaboratif pour l’arrivée de Sud Business School au Technopole Agen Garonne. Ce projet consiste à montrer « les bienfaits d‘une assiette verte ». Raphaël Macia a présenté l’application de covoiturage « SudMobil » entre étudiants de Sud Business School déclinée en trois parties : la partie covoiturage, la partie mobilité verte et la partie sur la vie étudiante. |