Journée nationale de la Résistance
Florent Farge, sous-préfet de l’arrondissement d’Agen et secrétaire général de la préfecture de Lot-et-Garonne, a présidé, le 27 mai dernier, place Armand Fallières, la journée nationale de la Résistance célébrant le 80ème anniversaire de la création du Conseil national de la Résistance, rendant hommage, aux côtés des autorités civiles et militaires et des associations, à l’engagement des hommes et des femmes qui se sont levés contre l’occupant nazi et le régime de Vichy.
L’Assemblée nationale a instauré le 27 mai, Journée nationale de la Résistance. L’occasion d’une réflexion sur les valeurs de la Résistance et celles portées par le programme du Conseil national de la Résistance : le courage, la défense de la République, le souci constant de la justice, de la solidarité, de la tolérance et du respect d’autrui. Cette journée rappelle aux jeunes générations l’engagement des hommes et des femmes qui se sont levés contre l’occupant nazi et le régime collaborationniste de Vichy. Brigitte Moreno, présidente de l’ANACR 47, a délivré le message de l’Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance, coprésidé par Anne-Marie Montaudon et Pierre Martin, en l’honneur du 80ème anniversaire de la création du Conseil national de la Résistance (CNR) en présence des lauréats du concours national de la Résistance et de la Déportation (Salma, Garance, Alexi, Nahia, Faustine, Justine, Erwan et Anthony) dont le thème de l’édition 2022-2023 portait sur « L’école et la résistance : Des jours sombres au lendemain de la libération (1940-1945) » :
« Rassemblés partout en France en ce 27 mai 2023, nous commémorons le jour du 27 mai 1943, où, à Paris, 48 rue du Four, réunis autour de Jean Moulin, les représentants de huit mouvements de Résistance – « Front National de Lutte pour la Libération et l’Indépendance de la France », « Organisation Civile et Militaire », « Ceux de la Libération », « Ceux de la Résistance », « Libération-Nord », pour la Zone Nord de la France occupée, « Combat », « Franc-Tireur » et « Libération-Sud », pour la zone Sud – ainsi que ceux de six formations politiques résistantes – partis communiste, socialiste, radical-socialiste, démocrate-populaire, Alliance démocratique, Fédération républicaine – et des deux centrales syndicales clandestines, CGT et CFTC, créaient le « Conseil National de la Résistance », le C.N.R.
Les efforts opiniâtres de Jean Moulin, pour remplir cette mission que lui avait confiée le général de Gaulle d’unifier toutes les forces de la Résistance, avaient permis de surmonter les difficultés découlant notamment de la multiplicité de ses structures et de ses sensibilités politiques.
Cette unité des Forces de la Résistance intérieure, que concrétise la formation du « Conseil National de la Résistance », va – malgré le drame de l’arrestation de Jean Moulin le 21 juin à Caluire puis de sa mort le 8 juillet – s’approfondir dès la fin de l’année 1943 et début janvier 1944, avec l’unification des différentes formations militaires de la Résistance – « Francs-Tireurs et Partisans Français » (FPTF), « Armée Secrète » (A.S.), « Organisation de Résistance de l’Armée » (O.R.A.), Groupes francs – dans les « Forces Françaises de l’Intérieur », les F.F.I. La formation du C.N.R. va aussi permettre l’élaboration, entre la fin 1943 et le début 1944, d’un Programme, les « Jours heureux », définissant les contours d’une France libérée, démocratique, solidaire, pacifique, qui ne sont pas sans échos contemporains. Publié le 15 mars 1944, nous célébrerons l’an prochain son 80ème anniversaire. La création du CNR fut importante pour notre pays, en premier lieu parce que le CNR se plaçant lors de sa réunion fondatrice sous l’autorité du général de Gaulle lui permit, en le faisant ainsi à la fois le représentant de la France libre et celui de la Résistance intérieure, d’affirmer au côté des Alliés anglo-américains la place de la France dans la coalition anti-hitlérienne.
Elle suscita aussi la formation dès la fin 1943 des premiers « Comités départementaux de la Libération », dont la mise en place permit, quand vint l’heure de la Libération, d’assurer, sous l’autorité du « Gouvernement Provisoire de la République Française », le GPRF, la restauration des libertés et d’une administration démocratique sur l’ensemble du territoire national.
En ce 80ème anniversaire de la création du CNR, dans un monde qui connaît hélas toujours les oppressions nationales et sociales, les guerres d’agression et d’expansion, les crimes génocidaires, les discriminations raciales et religieuses, la xénophobie, les atteintes aux libertés démocratiques, aux droits de l’Homme et le fascisme, le combat que menèrent, au prix de lourds sacrifices, les Résistantes et les Résistants des divers mouvements, partis et syndicats qui se rassemblèrent le 27 mai 1943, reste un exemple. Ce combat, par les valeurs de solidarité, humanistes, patriotiques et démocratiques qu’il porta, reste une référence et une source d’inspiration pour le présent. »
Florent Farge a donné lecture à son tour du message de Patricia Miralles, secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire pour la commémoration du 78e anniversaire de la Victoire du 8 mai 1945 :
« Les femmes et les hommes que nous honorons aujourd’hui ont pris tous les risques, bravé la plus barbare des répressions, accepté la mort, pour incarner les valeurs de la France quand elle avait un genou à terre et ainsi sauver l’honneur et l’avenir de notre Nation.
Alors que certains avaient choisi les ténèbres de la collaboration avec l’occupant allemand, ils furent plusieurs centaines de milliers à entretenir la flamme de la Liberté. Ils furent plusieurs dizaines de milliers à mourir pour la France, sous la torture, au combat, fusillés, décapités, déportés.
« Les rides qui fanaient le visage de la Patrie, les morts de la France combattante les avaient effacées ; les larmes d’impuissance qu’elle versait, ils les avaient essuyées ; les fautes dont le poids la courbait, ils les avaient rachetées. » pouvait ainsi déclarer Pierre Brossolette, le 18 juin 1943.
C’est en souvenir d’eux, comme de leurs sœurs et de leurs frères d’arme qui survécurent, que la Nation se recueille aujourd’hui. Nous ne les oublions pas.
Les combats des Résistants mirent à mal l’armée d’occupation, préparèrent la Libération et permirent d’entretenir l’espoir. Des Français, plongés dans l’effroi d’une occupation féroce, dans l’attentisme ou dans les fausses promesses de Vichy ont trouvé, dans l’exemple des Résistants, le courage individuel d’entrer dans la voie de l’action. En rejoignant les maquis, en transportant armes et messages, en organisant des évasions, en accueillant évadés et persécutés, en transmettant à Londres ou à Alger les renseignements sur les mouvements de l’occupant, en distribuant tracts et journaux, en dessinant sur les murs la croix de Lorraine et le V de la Victoire entrelacés, illustrant en actes le poème de Paul Eluard :
« Sur mes refuges éteints,
Sur mes phares écroulés,
Sur les murs de mon ennui,
J’écris ton nom.
Liberté ».
La Résistance, c’est aussi un hymne, Le chant des Partisans, créé il y a 80 ans. C’est « le vol noir des corbeaux sur la plaine », c’est « les cris sourds du pays qu’on enchaîne », auxquels répond l’espérance, la certitude même, de la Victoire finale : « Sifflez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute ».
Cette journée d’hommage est aussi celle d’un anniversaire : celui de la création du Conseil national de la Résistance.
Le 27 mai 1943, 17 résistants se rassemblaient clandestinement rue du Four à Paris pour transcender leurs différences et unifier les organisations combattantes, politiques, syndicales.
Ils s’appelaient Jean Moulin, Pierre Villon, Jacques-Henri Simon, Roger Coquoin, Jacques Lecompte-Boinet, Charles Laurent, Claude Bourdet, Pascal Copeau, Eugène Claudius-Petit, André Mercier, André Le Troquer, Georges Bidault, Marc Rucart, Joseph Laniel, Jacques Debû-Bridel, Louis Saillant, Gaston Tessier, bientôt rejoints par Ginette Cros.
S’unissaient ainsi, à travers leurs représentants, les grands mouvements résistants des zones Nord et Sud ; les principaux partis politiques opposés à l’occupant et à Vichy : le Parti Communiste, la SFIO, le parti radical, le parti démocrate populaire, l’Alliance démocratique et la Fédération républicaine ; les syndicats : la CGT et la CFTC.
L’union de ces hommes aux convictions si différentes fut une étape déterminante du changement promis quelques mois auparavant par le Général de Gaulle, cette « révolution que la France trahie par ses dirigeants et ses privilégiés avait commencé d’accomplir ».
En ce 80e anniversaire de la réunion de la rue du Four et de la création du Conseil national de la Résistance, ils seront tous réunis dans un même hommage, par le fleurissement simultané de leurs sépultures.
A Paris, dans les Hauts-de-Seine, en Seine-Saint-Denis, en Côte d’Or, dans la Loire, l’Eure, la Drôme, le Calvados, les Yvelines, la Sarthe, dans le Val-de-Marne, dans tous les départements où ils sont inhumés, des gerbes sont déposées sur leurs tombes aujourd’hui. Pour deux d’entre eux que la barbarie nazie laissa sans même une sépulture, c’est au pied d’une plaque en leur hommage qu’ils seront honorés.
Partout où ils reposent ou bien vivent encore, partout dans notre pays, souvenons-nous du combat déterminé et héroïque des Résistants pour sauver la France, pour faire vivre sa devise Liberté, Egalité, Fraternité. Souvenons-nous du pacte social et républicain qu’ils construisirent du plus profond de l’oppression et qui continue aujourd’hui d’assurer la cohésion de la Nation. »
Après le chant des Partisans, place au traditionnels dépôts de gerbes (Brigitte Moreno, présidente de l’ANACR, Françoise Laurent, représentant Sophie borderie, présidente du Conseil départemental, Maïté François, représentant Jean Dionis, maire d’Agen, Michel Lauzzana, député de la 1èe circonscription Agen-Nérac, Jean-Pierre Moga, sénateur de Lot-et-Garonne et Florent Farge, sous-préfet de l’arrondissement d’Agen et secrétaire général de la préfecture de Lot-et-Garonne), avant le retentissement de la sonnerie aux Morts, une minute de silence, la marseillaise et le salut des autorités aux porte-drapeaux. Cette cérémonie fut perturbée par un grave incident.
Le Quart d’Heure Agenais souhaite un prompt rétablissement à Garance, lauréate du concours de la résistance et de la déportation, victime d’un malaise lors de la cérémonie.