J’avais envie de relater un fait qui s’est déroulé, ce jour, chez un buraliste agenais. Une dame d’entre deux âges entre dans le bureau de tabac sans un bonjour, demande un ticket de jeu à gratter et repart sans un merci ni un au-revoir, comme s’il y avait eu un rideau d’invisibilité l’empêchant de voir qu’il y avait « juste » en face d’elle, un être humain. Une question me taraude : est-ce que ce sont les gens qui construisent la société ou est-ce la société qui construit les gens ? Force est de constater qu’aujourd’hui, les règles de la bienséance semblent émaner d’une autre galaxie…
À cinq ans (et il valait mieux pour moi !), je connaissais les cinq mots de base : bonjour, au-revoir, s’il vous plaît, merci et pardon (le « veuillez m’excuser » d’aujourd’hui). Lorsque je croisais un voisin, je lui adressais systématiquement un « bonjour monsieur » même plusieurs fois dans une journée. Lorsque nous entrions dans une classe, il ne nous serait pas venu à l’esprit de ne pas saluer l’enseignant et l’une de nos professeurs d’anglais du collège nous saluait d’un « good morning (ou afternoon) boys and girls » auquel nous répondions avant de nous asseoir par un « Good morning (ou afternoon) Madam ». Personne ne s’en offusquait.
C’est sûrement dans les transports en commun où la politesse (ou bien souvent son absence !) s’avère la plus flagrante : pas de bonjour ni d’au-revoir au chauffeur, pas de place cédée à une personne âgée ou une femme enceinte, discussion téléphonique à voix haute, pieds sur les sièges, musique à Tue-Tête… Mais il n’y a rien aussi de plus désagréable que les personnes qui ne vous rendent pas votre « bonjour ». C’est parfois le cas de certains chauffeurs de bus ou de commerçants qui ne prennent pas la peine de répondre à votre marque de politesse. Il y a aussi ceux qui vous claquent la porte au visage ou ceux à qui vous tenez gentiment la porte et qui passent sans un bonjour, vous prenant alors pour leur majordome…
Que dire aussi des personnes auxquelles vous accordez du temps autour d’un café ou d’un repas, mais qui préfèrent jouer aux petites poucettes devant vous, vous interrogeant ainsi sur le degré de valeur qu’elles vous accordent ? De même, garder le portable dans son sac lorsque l’on partage un moment d’échanges avec une personne, reflète tout l’intérêt que l’on accorde à son interlocuteur.
La politesse pose les fondations d’un savoir-être ensemble où l’humain doit occuper une place de choix. Véronique David
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