Émeutes urbaines suite à la mort de Nahel
Jon Garay, premier secrétaire fédéral du Parti socialiste de Lot-et-Garonne, a adressé un communiqué suite aux émeutes urbaines qui frappent le pays depuis plusieurs jours. Il propose trois leviers d’actions pour restaurer le vivre-ensemble.
« Notre pays a connu ces derniers jours une nouvelle flambée de violences urbaines, suite au décès du jeune Nahel à Nanterre.
Ces violences doivent nous alerter, et nous inciter à dépasser les discours simplistes.
Socialistes de la Fédération du Lot-et-Garonne, nous condamnons fermement toute violence contre les biens et les personnes. Aucune n’est justifiable, même sous le coup de la colère, ou de l’injustice. Brûler des voitures, dégrader des locaux, incendier des services publics ne peuvent être légitimés.
Des maires ont été menacés, leurs familles inquiétées. Ces agissements sont inadmissibles !
Pour autant, nous devons considérer, à juste titre, les alertes envoyées par différentes institutions internationales, quant à la doctrine de maintien de l’ordre employée en France et au comportement de certains éléments, depuis le mouvement des Gilets jaunes à la contestation de la réforme des retraites, en passant par les multiples faits divers faisant état de rapports difficiles entre Police nationale et jeunes dits « des quartiers ».
En 2019, l’Europe et l’ONU dénonçaient déjà le recours disproportionné à la violence des autorités publiques.
Plus récemment, l’ONU recommandait à la France de se pencher » sérieusement » sur les « profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale » au sein des forces de l’ordre.
Les événements survenus jusque dans notre département montrent que ces questions ne peuvent être résumées au prisme des grands ensembles.
Nous sommes confrontés à un problème social plus large ; nous devons le traiter dans sa globalité.
Ce qui est en jeu, c’est restaurer le vivre-ensemble que des décennies de politiques, d’idéologie, de postures et de discours libéraux ont fragilisé.
Cela passe par, au moins, trois leviers d’action :
1. Restaurer un débat public pacifié
Émissions racoleuses et réseaux sociaux, déclarations à l’emporte-pièce des uns et des autres, ont chauffé à blanc une opinion publique constamment sommée de se positionner entre indignation et colère, et incapable de retrouver le sens des compromis nécessaires à la vie en société.
Nous demandons le renforcement des autorités de régulation et du service public de l’audiovisuel pour sanctionner plus durement les manquements à la déontologie des médias, promouvoir une façon d’informer plus respectueuse de l’intérêt général et installer un débat public qui n’existe plus.
2. Restaurer la confiance entre les Français et leurs services publics
Les différentes réformes mises en place ces dernières décennies, en particulier depuis 2007, sous couvert de recherche d’économies, ont rompu le lien entre les Français et leurs services publics. Moins accessibles, moins universels, moins performants, les services publics connaissent une crise de confiance qui pousse certains de nos concitoyens, toujours plus nombreux, à douter de la réelle égalité des chances et des droits, promesse républicaine.
Pour répondre à cette crise, nous demandons le retour à une véritable politique de lutte contre les inégalités, et à une politique de la ville et des territoires qui consacre des vrais moyens au bâti, aux réseaux de transport et à l’inclusion dans la société des personnes qui y vivent, notamment par un soutien effectif au tissu associatif.
Nous demandons des investissements massifs dans l’Éducation, la Police, la Justice, la Santé…, dans le recrutement et la formation des agents publics, ainsi que la restauration de l’autonomie financière des collectivités locales, mise à mal par les différentes réformes de la fiscalité locale.
Nous demandons le rétablissement de la police de proximité et le retour des politiques de médiation.
3. Redonner confiance en l’avenir
Toute violence est la démonstration d’un manque de confiance en l’avenir.
Partant de ce postulat, nous pensons qu’il est urgent de redonner à nos concitoyens des raisons de croire que « demain sera meilleur qu’aujourd’hui ».
Nous exigeons donc des politiques qu’ils redonnent du pouvoir d’achat aux Français, rétablissent des formes d’emplois respectueuses des rythmes de vie, et mettent en œuvre des mesures d’adaptation au dérèglement climatique compatibles avec la justice sociale et fiscale.
La sphère politique doit également prendre sa part de ce travail : nous exigeons une réforme de nos institutions pour rompre avec une pratique du pouvoir trop verticale, insuffisamment respectueuse des corps intermédiaires et trop peu délibérative.
Il est urgent de redonner à nos concitoyens des raisons de croire au pacte républicain. Notre avenir collectif est en jeu. »