Rafael Llodra : le feu sacré de la liberté

7^ème édition de la course de la Liberté

Rafael Llodra, double champion du monde de muay-thaï en 2013, a parcouru 30 kilomètres par jour sur 28 jours, avec un flambeau allumé, pour effectuer 1 000 kilomètres au départ d’Hendaye le 26 août dernier. Il arrivera à Bordeaux le 23 septembre, place de la Bourse à 15 heures, mais aura effectué différentes étapes dont une escale agenaise le 19 septembre dernier, place Armand Fallières. Cette course engagée invitant au libre arbitre et à la responsabilité individuelle par un mode de vie axé sur le dépassement de soi, l’écologie, l’autonomie et le véganisme célèbre la vie et l’humain.

La première édition de cette course, organisée en février 2022, répondait aux mesures liberticides mises en place durant la crise sanitaire de la Covid. « L’idée m’est venue, car je suis contre les mesures totalitaires » confie Rafael. À l’instar du titan Prométhée (qui rapporta sur Terre dans un bâton creux une étincelle du char du soleil qu’il offrit à l’homme pour qu’il ait à sa disposition du feu, nécessaire à sa survie) considéré comme un bienfaiteur de l’humanité, Rafael Llodra s’élève contre les atteintes aux droits et aux libertés de l’Homme et du Vivant, invitant à un retour à la nature et à la sobriété à travers un mode de vie végan, adoptant le jeûne sec lorsqu’il en ressent le besoin, vivant en dehors système, anarchiste…

Rejet du consumérisme

À 31 ans, ce passionné de mythologie et de philosophie, désireux de porter de vraies valeurs, brille par son atypisme : pas de carte d’identité, de sécurité sociale et de mutuelle, pas de voiture ni de permis, pas de logement, pas de téléphone, aucune aide sociale émanant de l’État… « Je vis de l’échange, explique le jeune homme. Je donne aussi des cours de boxe et anime des conférences à prix libre. Lorsqu’il a parcouru les kilomètres qu’il s’est fixés, il est accueilli, chaque soir, chez l’habitant pour partager un repas végétalien et passer la nuit. « ll y a beaucoup de foyers qui m’ont adopté dans toute la France » précise-t-il. Rafael s’est construit une famille de cœur, s’étant éloigné de sa famille de sang. Lors de son passage en Lot-et-Garonne, il fut hébergé gracieusement, à Moirax, par Christine et François Reinoso.

Ce fut un cheminement progressif pour cet hypersensible, révolté et surdoué qui s’ennuyait ferme en classe étant petit, qui s’autonomisera à 18 ans en quittant le nid familial et se rapprochera de la nature à 23 ans, féru de Nietzsche (qui défend le concept de la responsabilité de soi) de Jung (qui estime que la liberté s’atteint uniquement grâce à un processus d’individuation) et de Goethe pour lequel la manière dont un individu se considère peut influencer la façon dont autrui le perçoit  (« Aie confiance en toi-même et tu sauras vivre », Faust).

Parmi les nombreux projets de Rafael, celui d’un « retour de flamme ». Normal, pour celui qui a le feu sacré ! Le jeune homme prévoit en effet de se rendre dans les communes qui n’auront pas eu les moyens financiers d’accueillir la flamme olympique. L’ancien boxeur rebelle aimerait aussi effectuer des courses à l’étranger : Espagne, Italie, Suisse, Allemagne, Grèce… avec une arrivée apothéotique à Athènes ! Il continuera d’animer des conférences et souhaite réaliser des reportages. Envisage-t-il d’écrire un livre un jour sur son extraordinaire aventure libertaire, solidaire et humaine ? « J’ai une âme orgueilleuse, confie Rafael et je n’ai pas envie de faire des choses dans lesquelles je n’excelle pas » ! Un jour, peut-être… En attendant, le périple se poursuit et la finitude de sa course de la liberté ne signera pas pour autant la fin d’une révolte singulière, bien au contraire ! Elle ne sera qu’un catalyseur pour avancer avec pugnacité sur un chemin de chrysalide et le jeune porteur de flamme conseille, citant Gandhi : « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde » !