Tribune libre

 Tendre vers un temps plus clément envers les femmes

Il est temps de poser des actes sur les maux! © Pixabay

Lutte contre les violences faites aux femmes

« 82 % des femmes ont déjà le sentiment d’avoir été moins bien traitées en raison de leur sexe, un score qui ne s’élève qu’à 41 % pour les hommes. 37 % des femmes déclarent avoir vécu au moins une situation de non-consentement, alors que seulement 23 % des hommes reconnaissent avoir été l’auteur d’au moins une situation de non-consentement ». Constat glaçant pour le « Baromètre sexisme »1, cette étude menée, pour la troisième année consécutive, par l’institut Viavoice pour le compte du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes.

Au 7 février 2024, le site « féminicides.fr » répertoriait 16 féminicides par conjoint ou ancien compagnon. La ville de Schiltigheim (Bas-Rhin) a lancé une campagne d’affichage2 engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes, du 8 au 28 novembre 2023, intitulée « Prévision violences 2024 » abordant, sous forme météorologique, ce fléau. Les nombre de victimes remplace les températures, annonçant « une année glaciale pour les femmes » dans les prévisions des féminicides. Dans les prévisions des agressions sexuelles pour 2024, la campagne lance une alerte « vigilance violences sur tout le pays ». Concernant les prévisions des violences conjugales pour l’année en cours, l’affichage annonce un « temps orageux dans les foyers ».

Pour l’éradication de la violence envers les femmes, un engagement total dans la lutte contre ce fléau s’impose aujourd’hui.

La Loi du 28 février 2023, créant sur demande une aide universelle d’urgence3 versée par les caisses d’allocations familiales aux victimes de violences conjugales, leur permettant ainsi de quitter plus aisément leur domicile et l’expérimentation du « Pack nouveau départ »4 dans plusieurs départements pilotes, sont des avancées notables, mais il reste encore beaucoup à faire. Environ quatre femmes victimes de violences sur dix qui demandent un hébergement ne se voient proposer aucune solution. C’est pourquoi, il est urgent de lancer un appel pour une amplification de la politique publique volontaire, avec encore plus de moyens en matière d’hébergements d’urgence, d’accompagnement et de suivi des victimes. Nous ne cessons de le répéter : Il faut encourager et promouvoir les initiatives locales de formation et de coordination de l’ensemble des professionnels et acteurs locaux qui protègent et accompagnent les victimes.

Enfin, il est essentiel d’intervenir auprès des jeunes, en les éduquant, en les sensibilisant, dès le plus jeune âge, à l’égalité femmes-hommes.

Un féminicide a probablement été évité, le 7 février dernier, à Noisy-le-Grand, par un appel déclenché par le biais d’un « téléphone grave danger ». Plus de  5 000 TGD ont été remis à des femmes victimes de violences conjugales. Il est prioritaire d’augmenter leur nombre en élargissant les critères d’attribution. Rappelons qu’actuellement, il ne peut être attribué que lorsque la victime ne cohabite pas avec l’auteur des violences et lorsque ce dernier a fait l’objet d’une interdiction judiciaire d’entrer en contact avec elle.

Les procédures doivent être renforcées et s’articuler autour du parcours des victimes dès le dépôt de plainte. Considérons qu’aucune d’entre elles ne doit ressortir d’un commissariat de police ou d’une brigade de gendarmerie sans solutions sociales, juridiques et que la toute première chose à faire est d’assurer leur sécurité et leur protection. L’auteur des violences en est le sujet principal et c’est sur lui et lui seul que doivent reposer les mesures protégeant les victimes dont la parole doit être entendue et respectée. Dans ce contexte, les ministères concernés, Justice, Intérieur et Logement, doivent prendre toutes leurs responsabilités et le budget qui sera alloué ne doit faire l’objet d’aucune contestation !

Une société dont la justice ne protège pas les siennes est une société malade.  Trop souvent, des femmes victimes de violences, leurs familles et des anonymes expriment leur colère et leurs inquiétudes face à la recrudescence des féminicides et des violences sexuelles et sexistes. Les discours de nos gouvernants ne changent rien.

À chaque féminicide, les mêmes dysfonctionnements de la police et de la justice sont mis en avant sans qu’aucunes mesures de protection des victimes ne soient réellement prises. À aucun moment, ne sont données des instructions fermes pour que soient appliquées les lois existantes sur l’éloignement des auteurs violents. Bracelet anti-rapprochement, téléphone grave danger, ordonnance de protection, ouverture de centres d’hébergements dédiés aux victimes, de structures d’accueil pour auteurs violents, les ministres concernés en parlent et pendant ce temps des femmes meurent. Il est temps de cesser les déclarations de bonnes intentions, d’arrêter de mettre en place des enquêtes internes qui révéleront ce que disent les victimes tous les jours, de convoquer les émotions lorsque les mêmes faits se répètent inlassablement et que rien n’a été fait pour les empêcher.

Il est temps de donner à la police, à la justice, les outils ainsi que les moyens humains et financiers nécessaires, comme ont su le faire en son temps nos voisins espagnols. Il est temps que notre société ouvre les yeux et que les causes des violences physiques et psychologiques faites aux femmes soient regardées sans déni, sans détourner le regard : elles sont la conséquence de l’ensemble des inégalités sociales, économiques et culturelles subies par les femmes. Elles sont la résultante de ce que sont nos institutions, nos systèmes hiérarchiques, nos organisations bâties au fil du temps par des hommes pour les hommes. L’égalité ça se compte, la justice ça s’applique. Il est temps d’agir !  Jean-Louis Matéos et Véronique David

1https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/barome_tre_sexisme_2024_-_viavoice_pour_le_hce.pdf

2https://www.ville-schiltigheim.fr/actualites/previsions-violences-2024-schilick-sengage-contre-les-violences-faites-aux-femmes/

3 https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/aide-durgence-et-pack-nouveau-depart

 

 

Véronique David

Journaliste
Après un diplôme de psychologie et un DU de Japonais, j’ai préparé un diplôme de Naturopathie-homéopathie avec la faculté Libre de Médecine Naturelle et d’Ethnomédecine de Paris XV ainsi qu’une formation de correctrice avec le Centre d’Écriture et de Communication de Paris V qui m’a aussi formée aux techniques journalistiques. Dans le même temps, j’ai rédigé des articles pour différents journaux et administrations (Mairie d'Agen, Conseil départemental de Lot-et-Garonne, Actif Formation...). J’ai aussi travaillé au sein de divers organismes (Caf, Pôle Emploi, ODAC, MEDEF, ENAP…) dans le domaine du secrétariat et préparé une formation de praticienne en coaching de Vie. Dans un tout autre domaine, je suis officier de réserve citoyenne dans l’Armée de Terre depuis une dizaine d’années. J’ai appris au fil du temps que « toutes les batailles de la vie nous enseignent quelque chose, même celles que nous perdons » (Paulo Coelho). Rêvons en grand, soyons audacieux et bâtissons l’impossible !

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