Entretien avec le colonel Thomas Cassan, ancien chef de corps du 48ᵉ RT
Le colonel Thomas Cassan vient de confier les rênes du commandement du 48ᵉ régiment de Transmissions et de la délégation militaire départementale, le 7 juillet dernier, au colonel Karim Benamer, l’occasion d’effectuer un petit bilan sur ces deux années passées au sein de la caserne Toussaint et sur différents théâtres d’opérations extérieures.
Quels sont les moments forts de vos deux années passées au Régiment en tant que chef de corps ?
Ces deux années ont été marquées par un rythme opérationnel très soutenu. Beaucoup d’opérations extérieures ont été menées durant la première année : une projection au Liban des transmetteurs durant la période estivale de 2021, un déploiement en Roumanie au printemps 2022 dans le cadre de la Mission Aigle. J’ai été à la tête de la Mission Barkhane au Sahel, marquée par le retrait des troupes du Mali (une cérémonie avait été organisée le 19 octobre 2022 par la municipalité pour célébrer le retour des troupes et la dissolution du groupe des 98 léopards, Ndlr). C’en est suivi une autre projection en Polynésie. Nous avons enchaîné avec un cycle d’exercices opérationnel très intenses dont le point d’orgue furent les grandes manœuvres ORION au printemps dernier en Champagne. Le régiment était chargé d’exporter sur le terrain un système de commandement complet à la 3ᵉ division basée à Marseille pour qu’elle s’entraîne au combat de grande intensité. L’exercice (simulation d’une opération militaire d’envergure) a duré près de trois semaines, mais nous étions sur le terrain depuis deux mois. Des évaluateurs indépendants sont venus voir comment nous nous adaptions à cette mission et nous avons reçu la plus haute note. J’ai donc vécu deux années intenses rythmées par des projections, des exercices et nous avons aussi assuré notre contrat opérationnel sur le territoire avec l’opération sentinelle. Je retiens de ces deux années l’immense satisfaction d’avoir été à la tête d’une extraordinaire communauté humaine, extrêmement soudée et fière de son appartenance au 48ᵉ RT.
Quelles sont les perspectives du 48ᵉ RT ?
Le régiment est entré dans une nouvelle phase de projections. Des détachements sont partis en juin en Estonie et en Lituanie. D’autres partiront en Roumanie au cours de l’été et au Tchad en septembre. Dans un an, ce seront les JO et toute l’armée de Terre sera sollicitée en appui des forces de sécurité intérieure. Il faudra accompagner la transformation de l’armée de Terre ainsi que son pilier numérique et cyber, poursuivre l’appropriation des nouveaux systèmes d’informations et de communications, mais également intensifier les efforts de recrutements et de fidélisation de l’active et de la réserve. Il faudra aussi entretenir le lien avec les familles, reconstruit après la crise sanitaire.
Quel message souhaiteriez-vous adresser à votre successeur, le colonel Karim Benamer ?
Je lui souhaite de s’épanouir dans sa fonction de commandement, de tracer la suite de la route du régiment jalonnée de défis et de succès. Deux ans, c’est court. Je lui souhaite de vivre intensément le quotidien de chef au contact. Il existe une vraie continuité, car le nouveau chef de corps est affectée au régiment une semaine avant la prise de commandement.
Le centre de préparation militaire marine d’Agen organisait sa cérémonie de diplôme le 17 juin dernier. Il s’agit de la quatrième session hébergée par le 48ᵉ RT. Beaucoup de personnes sont étonnées d’apprendre que la Marine est implantée en Lot-et-Garonne !
Nous sommes très heureux d’avoir mis en place ce partenariat. Le ministre de la Marine Georges Leygues était natif de Villeneuve-sur-Lot. Je vois ce partenariat comme une synergie inter-armée.
Comment s’est déroulée la journée portes ouvertes du régiment organisée le 24 juin dernier ?
Il y a eu du monde malgré la chaleur. Beaucoup de familles de militaires sont venues et ce fut une vraie réussite !
Qu’est-ce que vous avez le plus aimé à Agen ?
Je garde le souvenir d’un territoire accueillant, dynamique au sein duquel le lien avec la population se tisse facilement ainsi qu’avec la jeunesse des classes défense et sécurité globale, et ce, de manière très enrichissante. Le Lot-et-Garonne, c’est aussi le charme d’une terre de rugby et de gastronomie. J’ai eu la chance d’être initié au rugby amateur. J’ai donné le coup d’envoi à Layrac du 8ᵉ de finale de Fédérale 2 (l’AS Layrac s’est imposé face à Aramits et a gagné son billet pour la Fédérale 1 le 28 mai dernier, Ndlr). Il faut voir, certes, le rugby pro, mais aussi le rugby amateur pour la proximité avec les joueurs et des matchs plus rapides avec moins de temps morts. C’est très authentique ! Le 48ᵉ RT est à fond derrière le SUA ! Nous avons un bon contact avec eux. Philippe Sella est d’ailleurs le parrain du régiment. Le SUA et la ville d’Agen nous ont prêtés le stade Armandie pour la première coupe du monde militaire de Rugby à 7 qui s’est déroulée les 18 et 19 juin. Le régiment est aussi très fier d’avoir comme marraine la paratriathlète Mona Francis qui a été désignée pour être capitaine du Relais de la Flamme, au même niveau que Florent Manaudou pour les JO 2024.
Quelles nouvelles fonctions allez-vous prochainement assumer et à quel endroit ?
Je retourne à Balard (quartier du XVe arrondissement de Paris) en tant que chef des Transmissions pour commander les opérations extérieures, mais je continuerai bien sûr à suivre les aventures opérationnelles du 48ᵉ RT !