Interview du Docteur Éric Loridan, chirurgien général et digestif
Dans le documentaire de Fabien Moine intitulé « Suspendus… Soignants entre deux mondes » projeté au CGR le 25 avril dernier, Éric Loridan dévoile, en compagnie d’autres soignants (Caroline Blondel, Gregory Pamart, Carole Fouché, Louis Fouché, Judith Rémy et Aurélie Colin) son vécu, ses désillusions et ses espoirs depuis sa suspension le 15 septembre 2021 suite à son refus de recourir à une injection Covid pour conserver son emploi.
Quel est votre parcours professionnel ?
E.L. : Je suis chirurgien général et digestif, thésard en 2001 après avoir effectué mon internat à Poitiers. Marié depuis 28 ans, père de six enfants et grand-père, je me suis installé à Boulogne-sur-Mer dans le Pas-de-Calais depuis 2003 jusqu’à ma mise en disponibilité pour convenance personnelle suite à l’application de la loi du 5 août 2021 portant obligation de vaccination anti-covid pour le personnel de santé. J’y ai exercé quelques responsabilités et mis en place de nombreux projets, comme le développement des techniques cœlioscopiques, la chirurgie de l’obésité, la chirurgie robotique.
Est-ce Fabien Moine qui vous a contacté pour le documentaire « Suspendus… Soignants entre deux mondes » ? Pour quelle raison avez-vous accepté d’y participer ?
E.L. : Nous avions été mis en contact pour la première fois via les réseaux sociaux, et nous nous sommes rencontrés chez le docteur Gregory Pamart, le jour où ce dernier passait en chambre disciplinaire du conseil régional de l’ordre des médecins de Lille et m’avait demandé de l’y assister, fin janvier 2022. C’est d’ailleurs chez Gregory et Angelina que nous avons tourné nos deux témoignages pour le documentaire « Suspendus ». J’ai très vite accepté la proposition de Fabien, car laisser une trace et un témoignage pour les personnes qui ont vécu le même parcours que nous et pour les générations futures, cela me semblait aller de soi.
Comment avez-vous vécu professionnellement et personnellement cette période de suspension ?
E.L. : Ça a été un coup d’arrêt brutal et d’une violence psychologique forte. Le 14 septembre 2021, je peux consulter mes patients, mais le 15, je suis interdit de pénétrer dans l’établissement qui m’a vu y travailler sans relâche pendant 18 années. Avec l’abandon, l’incompréhension ou le mépris des collègues ; la trahison, même, notamment administrative. Seuls deux médecins pensaient la même chose que moi ainsi qu’une quinzaine de paramédicaux et secrétaires. Mais le plus douloureux a été pour moi de recueillir le témoignage de femmes qui m’ont dit avoir eu l’impression, en allant au vaccinodrome, de s’être fait violer. Je me suis toujours demandé ce que j’aurais dû faire de plus pour les aider à ne pas succomber.
Qu’est-ce qui vous a amené à refuser cette injection ?
E.L. : Les mensonges d’État. Ils étaient présents partout depuis le début de cette crise et même avant. Il ne faut pas être sorti de Saint-Cyr pour comprendre le fantastique foutage de gueule que nous faisaient le chef de l’État et toute sa clique, depuis la mise en substance vénéneuse niveau 2 de l’hydroxychloroquine puis son interdiction par décret au lendemain de la publication d’une étude frauduleuse dont trois auteurs sur quatre se sont désistés. Il y a eu aussi les professeurs Montagnier, Raoult et Perronne traînés dans la boue tandis que d’obscurs médecins occupaient les plateaux télé pour continuer la saga de la peur. Et puis, j’ai vu la vidéo d’un jeune réanimateur de Marseille qui expliquait en cinq minutes la psychologie de la peur et l’hypnose collective qui était en train de se mettre en œuvre. Ce jeune homme, c’était Louis Fouché. J’ai montré cette vidéo à mon épouse, lui disant : « Regarde, il y en a un qui pense comme nous ». Ça nous a sortis de notre isolement. L’obligation du port du masque dans les lieux publics m’a fait sortir de mes gonds. J’ai découvert durant cette crise, que même au bloc ça n’avait pas grande utilité pour empêcher les infections de site opératoire, alors dans la rue par des gens peu rompus à la pratique du soin, c’était irréel. J’en ai fait une première vidéo, qui fut très appréciée du public, beaucoup moins de l’administration de mon hôpital, puisque j’ai été sanctionné d’un blâme voté par mes propres collègues. Le pire, c’est quand ils ont voulu imposer le masque aux enfants, ainsi que les tests. J’ai vu rouge, d’où ma vidéo « coup de gueule », qui a fait 44.000 vues en quatre semaines avant d’être censurée par YouTube, et qui me valut une dénonciation au conseil de l’ordre… par un collègue que je ne connaissais même pas ! Par la suite, j’ai écouté des personnes qui s’y connaissaient en ARN et nous mettaient en garde, comme Christian Velot, Alexandra Henrion-Caude, Hélène Banoun. Ma conviction était faite : la covid se soigne, les traitements précoces existent, les masques sont un instrument de soumission, les vaccins sont potentiellement dangereux, et je dois prendre position, sortir de ma zone de confort, ne serait-ce que pour protéger mes gosses. Et réaliser que l’État n’est pas forcément ce père bienveillant envers ses enfants, mais ça, je m’en étais déjà aperçu depuis quelques années.
Cette crise est l’occasion de découvrir le vrai sens de notre humanité. Docteur Eric Loridan
Quel(s) message(s) adresseriez-vous à vos détracteurs, à ceux qui vous considèrent comme un » anti-science » et un » complotiste « ?
E.L. : Dans les années 80, dès qu’on voulait faire taire quelqu’un, on le traitait de raciste. Le temps qu’il se justifie, il avait perdu 70% de son temps de parole. Dans les années 2010, même chose avec le sobriquet » homophobe » balancé à toutes les sauces. Cette diabolisation du contradicteur n’est pas chose nouvelle. Là, avec » complotiste « , il a juste fallu déterrer un mot inventé par la CIA et qui servait à discréditer toute personne qui remettait en cause la version officielle de l’assassinat de JFK. Mettre des étiquettes, c’est l’argumentaire de celui qui n’a pas d’argument. C’est d’une bassesse sidérante. Que des hommes politiques le fassent, ça ne me surprend guère, n’ayant que peu d’estime pour cette catégorie de gens que la carrière motive avant toute chose. De la part de collègues médecins, c’était plus difficile à admettre. Idem avec « antiscience ». Que dire, dans ce cas, de tous ceux parmi mes collègues qui ne sont pas allés faire leur 4ᵉ puis leur 5ᵉ dose, alors que l’efficacité de la 3ᵉ est nulle dès le 6ᵉ mois ? Ben alors les gars ? Vous ne croyez plus en la science ?
Que va-t-il se passer pour vous maintenant ? Allez-vous réintégrer votre poste ? Si oui, qu’en pensent vos collègues vaccinés ? Avez-vous gardé des contacts avec eux ?
E.L. : Si un jour je reprends un travail fixe dans un hôpital où une clinique, ce sera avec certaines conditions, qui pour le moment ne sont pas remplies. Notamment la création de maisons de santé intégrative, incluant des acteurs de la santé qu’on ne voit hélas pas dans nos hôpitaux de l’Hexagone: naturopathes, phytothérapeutes, masseurs énergéticiens, spécialistes en iridologie, en huiles essentielles, en fleurs de Bach… Des spécialistes de la santé, alors que nous, médecins, sommes plutôt spécialistes de la maladie. Ce n’est pas une critique, c’est un constat. Et pour le bien de tous, nous devons travailler ensemble, sans opposition, mais en pleine synergie. Cela permettra de sauver le système de santé en France et aussi de permettre au patient de devenir expert de sa propre santé. Je fais ce rêve complètement fou. J’ai gardé quelques contacts avec des collègues, mais très peu. De toutes façons, ma place au sein de l’hôpital où j’ai travaillé est occupée, donc je n’y retournerai sans doute pas. J’irai là où un projet comme indiqué ci-dessus semble opportun. Ce n’est pas la place qui manque pour un chirurgien expérimenté et qui a encore de belles années devant lui !
Que représente pour vous l’abrogation de l’obligation vaccinale des soignants par l’Assemblée ? Craignez-vous un retour défavorable du Sénat ?
E.L. : C’est une belle victoire, un peu à l’arrache, mais à savourer. La France est le dernier pays au monde à avoir maintenu la suspension sans salaire, indemnités, chômage, RSA ni même aide à la reconversion professionnelle pour les soignants et apparentés, suspension qui n’avait pourtant aucune raison d’ordre médicale ou scientifique, mais le fut uniquement par dogmatisme politique. Tout peut arriver, bien sûr, entre le passage au Sénat, la deuxième lecture à l’Assemblée, pourquoi pas un passage au Conseil d’État ou que sais-je… Il y a sans doute encore des possibilités de continuer d’ » emmerder » une partie du peuple de France, pour reprendre une expression venue d’en haut. Mais qu’importe ! Ceux qui ont tenu ces 600 jours sont déterminés à ne jamais plus rien lâcher, soyez-en certains. Notre capacité de résilience est sans mesure. Ils nous ont changés en lions ! Dernière chose : il va aussi falloir, lorsque justice humaine sera passée et aura trié les responsabilités de chacun dans cette crise inédite, travailler à la réconciliation. Nous n’aurons guère le choix, car il nous faudra œuvrer pour rendre à nos enfants l’avenir qui leur a été hypothéqué. Il n’y aura plus les provax d’un côté, les antivax de l’autre, les pro ceci contre les anti cela. Il y aura nous, les hommes et femmes d’un même peuple. C’est là toute mon espérance.
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