Manifestation des agriculteurs
Une manifestation des agriculteurs s’est déroulée, le 8 novembre dernier, à l’initiative de la coordination rurale de Lot-et-Garonne. Près de 200 agriculteurs et 70 tracteurs se sont rassemblés autour de la place Armand Fallières pour exprimer leurs multiples revendications sur fond de morosité ambiante et de bouillonnement.
« La mort est dans le pré », « Taxer tue »… des slogans percutants pour exprimer mal-être et ras-le-bol des agriculteurs, consternés par tant d’inertie administrative et par le manque d’écoute du gouvernement sur la souffrance des gens de la Terre.
La FDSEA 47 a été reçue le 7 novembre dernier, veille de la manifestation, par Daniel Barnier, Préfet de Lot-et-Garonne. « De nombreux sujets ont été abordés, et ce, alors que le réseau FNSEA maintien la pression sur l’ensemble du territoire, a indiqué la FDSEA 47 dans un communiqué. PAC, augmentation des taxes, vaccination IAHP, main d’œuvre, autant de sujets qui, aujourd’hui, conduisent la France vers une déproduction catastrophique !
Si demain l’agriculture disparaît, c’est tout un pan de l’économie rurale qui sera menacée. Nos revendications, portées hier auprès du Préfet de Lot-et-Garonne, concernent l’ensemble des filières !
Nous ne pouvons plus faire face à l’augmentation des taxes et des charges dans tous les domaines : arrêt de la défiscalisation du GNR, augmentation des redevances sur l’eau, augmentation de la redevance pour pollution diffuse…
Nous ne voulons plus d’un soutien économique au compte-goutte et sans lisibilité durable ! Nous ne voulons plus des solutions pansement sur jambe de bois ! Nous attendons toujours des garanties sur nos moyens de productions ! Nous ne supportons plus d’être victime des dysfonctionnements de l’Administration, notamment quand nos trésoreries tirent la langue et que les acomptes PAC ne sont, pour certains, toujours pas versés !
Nous ne supportons plus de penser arracher des vergers parce que la main d’œuvre locale a disparu et la main d’œuvre étrangère bloquée dans son pays d’origine !
La coupe déborde ! Les agriculteurs ne peuvent plus subir le désengagement de l’État ! Pas de pays sans paysan, le slogan ne date pas d’hier, mais il est malheureusement toujours d’actualité ! »
Une crise sur fond de GNR, de grippe aviaire et de MHE
L’exaspération était à son comble, mercredi matin, et la rencontre, la veille, avec le représentant de l’État, n’aura pas apporté son lot d’apaisements. Du lisier et des détritus (terre, bâche, pneus) ont été déversés en grande quantité devant la préfecture, sur ses grilles et dans la cour d’honneur ainsi qu’à la direction départementale des territoires, la direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations, la direction départementale des finances publiques sur le site des Jacobins et devant le tribunal judiciaire.
« Nous souhaitons que l’administration soit plus souple avec nous, pour des demandes de subventions, d’autorisation à irriguer… Il y a beaucoup trop de contraintes et il faut parfois attendre un an pour avoir un retour, se désole Didier Parrel, président de l’EDE (Établissement Départemental de l’Élevage), élu à la chambre d’agriculture de Lot-et-Garonne, qui dénonce aussi la baisse du prix des céréales, l’augmentation de l’impôt foncier et la fin programmée de la détaxation du GNR (gazole non routier). Tous les intrants ont augmenté et toutes les filières souffrent ». Didier Parrel craint aussi, comme tous les agriculteurs concernés, la MHE (maladie hémorragique épizootique) qui arrive en Lot-et-Garonne, engendrant des restrictions de mouvements des animaux. « La filière du canard gras est aussi au fond du sceau à cause de la grippe aviaire, avoue le président de l’EDE. Et puis, la main d’œuvre coûte très cher comparée à l’Espagne, à la Bulgarie et au Maroc ». Concernant la Bulgarie d’ailleurs, Didier Parrel s’inquiète de cette concurrence, vendant jusqu’à 50 % moins chers leur foie gras, à la main-d’œuvre bon marché et qui élèvent leurs canards en cage au lieu du plein air.
Après la manifestation agenaise, les manifestants ont emprunté l’autoroute A62 en direction de Bordeaux pour une opération escargot jusqu’à la sortie 6 Aiguillon, en bloquant les accès à la sortie 7 d’Agen, ce qui a généré des remontées dangereuses de véhicules à l’arrêt sur l’autoroute. Des déchets agricoles ont été déversés à la sortie 6 de l’A62 sur la commune de Damazan.
Daniel Barnier, Préfet de Lot-et-Garonne, a salué l’engagement tout au long de la journée des forces de sécurité et du service départemental d’incendie et de secours pour garantir la sécurité des agents du service public et des usagers de la route. Il a remercié les services de l’État, de la ville d’Agen, de l’agglomération d’Agen et du Conseil Départemental qui se sont mobilisés pour nettoyer au plus vite et rendre aux agenais l’usage de leur espace public en engageant des interventions coûteuses pour les finances publiques.
Les agissements des manifestants tout au long de la journée, que le préfet a jugé « inadmissibles » et notamment leur volonté de s’en prendre aux services de l’État, a exclu toute possibilité de dialoguer avec les organisateurs.