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La violence ne résout rien

Les émeutiers sèment le chaos un peu partout en France.© Pixabay

Mort de Nahel

Le meurtre terrible de la petite Lola, 12 ans, avait soulevé de grandes vagues d’indignations. Mais est-ce pour autant que le pays s’est retrouvé à feu et à sang ? Pire, ceux qui osaient exprimer leur colère étaient priés de le faire en silence pour éviter les amalgames trop rapides. Le décès d’un jeune est toujours une horrible tragédie mais il ne devrait jamais y avoir de protestations à géométrie variable au point de semer le chaos dans un pays entier et de détruire des biens publics et particuliers. Il faut laisser la justice assumer la mission qui lui incombe dans le calme et la dignité. On ne résout jamais rien par la violence.

Il suffirait de six mois pour remettre un jeune « à flot » estiment certains militaires. L’avantage d’un service militaire (qui deviendrait obligatoire pour tous les garçons à compter de 18 ans) présente de nombreux atouts : un cadre structuré, un esprit de cohésion, le dépassement de soi, l’abnégation, l’émulation, une discipline, des connaissances, la valeur travail… il aurait le mérite de sortir de la rue de nombreux jeunes en quête d’exutoire à l’ennui, sans compter que les sports de combat seraient aussi un bon moyen de juguler la violence qui les ronge.

Maurice Berger, pédopsychiatre, a créé et dirigé de 1979 à 2014 au CHU de Saint-Etienne l’unique service hospitalier français consacré aux soins des enfants présentant pour certains une extrême violence. Lors d’une interview accordée en novembre 2019 au journal Le Figaro*, il mettait en lumière le fait qu’une non-punition soit perçue comme un droit à reproduire une agression. La politique du « laisser faire » est une porte ouverte à la quête du « jusqu’où je peux aller trop loin ». Un jeune a besoin, dès son plus jeune âge, d’un cadre structuré, de l’instauration de limites, pour son bien et celui des autres, mais une éducation défaillante (père absent, mère démissionnaire, absence des deux parents…) empêche le jeune de se construire avec des règles bien établies. Un enfant doit, dès son plus jeune âge, apprendre à « faire semblant » pour distinguer le virtuel de la réalité. Il est important de savoir se construire un imaginaire et de rêver pour que destruction et tabassage ne deviennent pas les uniques moyens de se (dé) construire. Ces jeunes n’ont pas appris à penser par eux-mêmes, mais s’identifient à un groupe dont se soustraire serait, pour eux, générateurs d’angoisse. C’est une fermeté éducative et judiciaire qui permet justement aux jeunes de discerner le bien du mal, le permis de l’interdit, de faire preuve d’empathie et de respect, mais il faut, pour cela, une volonté politique exempte de démagogie délétère et poser les jalons pour une société plus apaisée, consciente des limites à ne pas franchir et résolument orientée vers l’Humain.

*Source : https://www.lefigaro.fr/vox/societe/maurice-berger-non-la-violence-gratuite-n-est-pas-due-a-la-ghettoisation-20191115

Réaction de Jean Dionis du Séjour, maire d’Agen

« Hier soir, Agen a vécu des violences urbaines dans les quartiers de Rodrigues et Montanou en réaction au décès de Nahel à Nanterre en début de semaine. La mort de Nahel est dramatique et insupportable, car aucun citoyen ne doit aujourd’hui mourir pour un refus d’obtempérer. Mais la France est un État de droit, c’est à la justice et à elle seule d’instruire ces faits, de les juger et de les sanctionner.
Notre justice a d’ailleurs commencé à faire son travail. La personne responsable de la mort de Nahel est aujourd’hui en prison et a été mise en examen pour homicide volontaire.
Nous devons maintenant faire confiance à la justice de notre pays pour faire jusqu’au bout son travail face à ce drame. Mais le déchaînement de violence qu’a connu Agen hier en réaction à ces faits est inacceptable et intolérable.
Cette violence imbécile est d’autant plus insupportable qu’elle pénalise les agenaises et les agenais et d’abord les habitants des quartiers concernés.
Ce sont leurs véhicules et leurs outils de travail qui ont brûlé hier soir.
Je condamne donc de la manière la plus stricte ces agissements et je redis fermement qu’ils seront sanctionnés.
Je lance enfin un appel solennel au retour immédiat au calme et à la raison. Tous les élus du Conseil Municipal d’Agen ainsi que tous les services de la ville sont mobilisés pour obtenir le plus vite possible ce retour à la vie normale dans nos quartiers et dans toute notre ville. »

Réaction de Michel Lauzzana, député de la première circonscription Agen-Nérac

Depuis plusieurs jours, de graves actes de violence ont lieu en France après la mort du jeune Nahel.
La nuit dernière, une étape a été franchie avec une attaque à la voiture bélier du domicile d’un élu. Alors que sa famille était à l’intérieur, c’est le maire d’une commune qui a été visé. D’autres maires ou élus ont été agressés par des manifestants.
Les forces de l’ordre, les pompiers et tous les symboles de l’État ont subi des attaques particulièrement violentes.
Aucune indignation, même légitime, ne peut justifier de telles agressions qui s’ajoutent à des dégradations de biens publics. Certains en profitent pour se livrer à des pillages de magasins en bandes organisées, bien loin des interrogations autour du décès du jeune Nahel.
Je tiens à exprimer mon total soutien à l’ensemble des élus, tous engagés dans la vie de leur commune. Je soutiens toutes les victimes de ces violences, commerçants, pompiers, habitants…
J’ai une pensée particulière pour nos forces de l’ordre qui sont en première ligne, mettant leurs vies en danger. S’ils n’assuraient pas le maintien de la tranquillité publique, ce serait les plus faibles qui en pâtiraient.
Il est à regretter que certains élus ne se joignent pas à l’appel général pour l’apaisement et la responsabilité de chacun. La justice est saisie et a débuté son travail pour faire toute la lumière sur le drame de Nanterre. Les enseignements doivent en être tirés. Le pays doit retrouver son calme dans le cadre de son État de Droit.

Réaction des élus de l’opposition

« Notre émotion est immense après la mort de Nahel, 17 ans, tué lors d’un contrôle routier le 27 juin à Nanterre.

Nos pensées vont à la famille et aux proches de la victime. Un refus d’obtempérer ne doit pas entraîner la mort. Une enquête est désormais ouverte pour homicide volontaire par personne dépositaire de l’autorité et confiée à l’inspection générale de la police nationale.

 Nous partageons la colère, mais la population des quartiers populaires ne doit pas subir les conséquences des violences commises.

Nous condamnons fermement les violences et dégradations commises dans la ville d’Agen. Les destructions de biens collectifs ou individuels sont toujours inacceptables. Nous apportons tous notre soutien aux citoyens et commerçants touchés.

Nous appelons à un retour au calme et un apaisement immédiat. »

La Préfecture communique

Dans le cadre des consignes nationales, le Préfet de Lot-et-Garonne a pris des mesures réglementaires de restriction et d’interdiction, visant à prévenir tout incident ou trouble à l’ordre public en garantissant la sécurité de tous.

Sont interdits du vendredi 30 juin à 20 heures au lundi 3 juillet à 5 heures dans tout le département :

  • la vente, le transport, le port et l’usage d’artifices de divertissement, quelle qu’en soit la catégorie, d’articles pyrotechniques, de pétards et de fusées, ainsi que des acides et tous produits inflammables, chimiques ou explosifs, des carburants et combustibles domestiques en bidon ou récipient transportable ;
  • le port et le transport d’armes, toutes catégories confondues, de munitions et d’objets pouvant constituer une arme au sens de l’article 132-75 du Code pénal.

Retrouvez les arrêtés préfectoraux en intégralité sur : https://urlz.fr/mxFh

Véronique David

Journaliste
Après un diplôme de psychologie et un DU de Japonais, j’ai préparé un diplôme de Naturopathie-homéopathie avec la Faculté Libre de Médecine Naturelle et d’Ethnomédecine de Paris XV ainsi qu’une formation de correctrice avec le Centre d’Écriture et de Communication de Paris V qui m’a aussi formée aux techniques journalistiques. Dans le même temps, j’ai rédigé des articles pour différents journaux et administrations (Courrier Français, Petit Bleu/La Dépêche, Le Petit Journal 47, 47 Infos, Mairie d'Agen, Conseil départemental de Lot-et-Garonne, Actif Formation...). J’ai aussi travaillé au sein de divers organismes (Caf, Pôle Emploi, ODAC, MEDEF, ENAP…) dans le domaine du secrétariat et préparé une formation de praticienne en coaching de Vie. Dans un tout autre domaine, je suis officier de réserve citoyenne dans l’Armée de Terre depuis une dizaine d’années. J’ai appris au fil du temps que « toutes les batailles de la vie nous enseignent quelque chose, même celles que nous perdons » (Paulo Coelho). Rêvons en grand, soyons audacieux et bâtissons l’impossible !

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