Actualité

Immortelle…

Françoise Danell, jamais sans Pierre Debauche (ici, en toile de fond) même lorsque la vie les a séparés. Elle confiait le sentir toujours à ses côtés pour illuminer son chemin et le parsemer d’espoir... © Véronique David

Carnet noir du théâtre. Disparition de Françoise Danell-Debauche

Un rideau noir vient de tomber à nouveau sur l’Agenais. Françoise Danell, compagne de vie du regretté Pierre Debauche, s’est éclipsée doucement le 29 juillet au matin à 83 ans. Actrice, conceptrice, adaptatrice, metteur en scène, chorégraphe, scénographe, costumière… Françoise Danell possédait plusieurs cordes à son arc de compétences artistiques, un véritable manteau d’Arlequin aux multiples facettes ! La grande famille du théâtre est de nouveau orpheline, mais laissera aux élèves et au public, un héritage théâtral précieux et colossal.

Après la disparition le 23 décembre 2017 de son compagnon de vie Pierre Debauche, fondateur de la Compagnie Pierre Debauche et du Théâtre du Jour le 12 janvier 1994, Françoise Danell avait confié les rênes de l’école à Olivier Dumas tout en assurant la présidence d’honneur afin de perpétuer l’œuvre du « Maître » à penser jusqu’au tragique baisser de rideau du 10 mai 2022. 30 ans après la création de ce haut-lieu culturel Agenais (qui renaît de ses cendres aujourd’hui grâce à la Compagnie Vive dirigée par Victoire Berger-Perrin et Grégori Baquet), Françoise Danell tire sa révérence à son tour, laissant orphelins plusieurs générations de comédiens.

Lorsque le 10 mai 2022, Olivier Dumas a annoncé le baisser de rideau du Théâtre École d’Aquitaine Pierre Debauche, c’est un peu comme si Pierre Debauche mourait une seconde fois et Françoise Danell s’est petit à petit repliée dans son petit refuge à la campagne, entourée de ses félidés préférés qu’elle recueillait et nourrissait. Cette fin prévisible laissera une cicatrice indélébile et un vide incommensurable dans l’existence de cette grande dame qui célébrait le vivant pour honorer aussi la mémoire des absents.

Perpétuer sa mémoire en créant et en existant

« Elle s’est endormie, bercée par vos mots, vos doux messages, vos cartes, vos lectures, vos musiques, vos photos, regardant et sentant vos bouquets poétiques aux odeurs de romarin et de lavande, vos roses du jardin, a confié dans un post sa cousine Sophie Lachenbruch, avec émotion. Merci à tous pour cette « Standing Ovation » de dernière heure. Aujourd’hui, en privé ou entre amis, si vous le souhaitez, vous pouvez allumer une bougie, lire un texte ou des poèmes, trinquer à sa santé, monter sur scène, aller à un cours de danse ou faire une barre au sol, nager, vous promener dans la nature, regarder un levé ou couché de soleil… tout en pensant à elle. En attendant de nous réunir pour célébrer sa vie et nous recueillir ensemble, j’aimerais créer un petit livre de nos souvenirs de Françoise : des histoires que vous souhaitez partager, un poème, un passage d’un livre ou d’une pièce de théâtre, quelque chose que vous avez écrit, une photo, un dessin, une chanson… libre à vous. Vous pouvez me les envoyer en message privé. J’adresse mes remerciements les plus sincères au personnel de Pompeyrie à Agen pour sa gentillesse envers Françoise. Ce fut également pour ses proches un grand réconfort de la savoir si bien accompagnée. »

Jean Dionis, maire d’Agen, s’est aussi ému du départ de cette grande dame du théâtre : « « J’ai appris aujourd’hui la disparition de Françoise Danell. Au nom de toutes les agenaises et de tous les agenais, je veux dire notre gratitude vis-à-vis de celle qui, avec Pierre Debauche, nous a donné la chance d’avoir accès, pendant plus de 30 ans, au répertoire universel des chefs-d’œuvre du théâtre mondial.

J’ai une pensée particulière pour toutes celles et tous ceux – ils sont plus de 470 – qui ont été, au sens fort du terme, les élèves de Pierre et de Françoise. Je leur dis, ainsi qu’à la famille de Françoise, toute notre sympathie fraternelle. Je sais que par leur professionnalisme et leur passion, ils auront à cœur de faire mémoire de Françoise ».

Une étoile scintillante au firmament de la scène

C’est à Sannois, dans le Val-d’Oise, que Françoise Danell verra le jour. Elle débutera pour le Septième Art en 1958 avec « L’étrangère à Rome », comédie de Claudio Gora, partageant l’affiche avec une certaine… Claudia Cardinale.

Elle jouera ensuite en 1959 dans « Le travail, c’est la liberté » de Louis Grospierre aux côtés de Raymond Devos et Sami Frey, « Les filles sèment le vent en 1961 de Louis Soulanes, jouera dans deux épisodes de la série télévisée « Le Théâtre de la jeunesse » avec Claude Piéplu, « C’est pas moi, c’est l’autre » toujours en 1962 réalisé par Jean Boyer avec Fernand Raynaud, Jean Poiret et Micheline Dax, « Le quatrième ssexe » en 1963 d’Alphonse Gimeno et Michel Wichard, un épisode « Interdit au public » de Jean Marsan (« Au théâtre ce soir ») en 1966, « La fuite » téléfilm de Philippe Joulia avec Daniel Gélin réalisé en 1971, « Monsieur Vauban : homme de guerre, homme de paix » téléfilm réalisé en 1981 par Jacques Vigoureux (elle fait partie du casting principal) avant de rejoindre, le temps de deux épisodes, le casting de la mini-série télévisée « Le silence de l’épervier » réalisé en 2008 par Dominique Ladoge, aux côtés de Line Renaud.

Françoise Danell a joué dans de nombreuses pièces de théâtres classiques et contemporaines, mais en a aussi mis en scène plusieurs parmi lesquelles « Lorenzaccio » (2007) et « Louison » (2011) d’Alfred de Musset, « Jean De La fontaine » (2008), « Le Prince travesti » de Marivaux (2014), « Le Malade Imaginaire » de Molière (2017), « La Mégère apprivoisée » de William Shakespeare (2018), « la Folle journée ou le Mariage de Figaro » de Beaumarchais (2020) ou encore « L’amour médecin » de Molière (2022).

Françoise Danell aura marqué de son empreinte la scène théâtrale agenaise aux côtés de son époux Pierre Debauche. Celle qui estimait que « l’heure de la fin des découvertes ne sonne jamais » (Colette) vient d’arrêter les aiguilles de la vie au 29 juillet, mais offre à l’éternité la saveur d’un 6ᵉ art pimenté d’audace, de créativité, de douce folie, de poésie, de bienveillance, de résilience, d’humain dans ce qu’il a de plus vivant...

Véronique David

Journaliste
Après un diplôme de psychologie et un DU de Japonais, j’ai préparé un diplôme de Naturopathie-homéopathie avec la Faculté Libre de Médecine Naturelle et d’Ethnomédecine de Paris XV ainsi qu’une formation de correctrice avec le Centre d’Écriture et de Communication de Paris V qui m’a aussi formée aux techniques journalistiques. Dans le même temps, j’ai rédigé des articles pour différents journaux et administrations (Courrier Français, Petit Bleu/La Dépêche, Le Petit Journal 47, 47 Infos, Mairie d'Agen, Conseil départemental de Lot-et-Garonne, Actif Formation...). J’ai aussi travaillé au sein de divers organismes (Caf, Pôle Emploi, ODAC, MEDEF, ENAP…) dans le domaine du secrétariat et préparé une formation de praticienne en coaching de Vie. Dans un tout autre domaine, je suis officier de réserve citoyenne dans l’Armée de Terre depuis une dizaine d’années. J’ai appris au fil du temps que « toutes les batailles de la vie nous enseignent quelque chose, même celles que nous perdons » (Paulo Coelho). Rêvons en grand, soyons audacieux et bâtissons l’impossible !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *