Hubert Reeves s’en est allé
Le vendredi 13 ne lui aura pas porté bonheur et l’heure du grand voyage avec un billet simple pour l’éternité a sonné le même jour que l’attaque au couteau du lycée Gambetta d’Arras qui aura coûté la vie à Dominique Bernard, professeur de français, en plein cœur du terrible conflit Israélo-palestinien. À 91 ans, Hubert Reeves a rejoint ses étoiles qu’il affectionnait tant, alors que la fête de la science qui se déroule en France du 6 au 16 octobre, bat son plein.
Il faudrait un livre entier pour détailler la biographie de l’astrophysicien montréalais pour lequel la science et la poésie, loin de s’opposer, pouvaient s’entremêler. Ses « poussières d’étoiles » sont un véritable ode à l’univers dont il retrace l’histoire et la composition dans un vocabulaire accessible aux néophytes. Conseiller scientifique à la Nasa de 1960-1964, directeur de recherches au CNRS en 1965, Hubert Reeves a mené de nombreux travaux de recherches portant sur l’origine des éléments chimiques, du système solaire, de l’univers, sur la cosmologie, l’astrophysique nucléaire. Ses travaux de vulgarisations comprennent de nombreuses conférences animées à travers le monde, des films et spectacles scientifiques comme « Les étoiles naissent aussi », « La vie dans l’univers », « Les dialogues du ciel et de la vie », « Mal de terre » ainsi que des livres comme « Patience dans l’azur », « Poussières d’étoiles », « Sommes-nous seuls dans l’univers ? », « L’univers expliqué à mes petits-enfants », « Les secrets de l’Univers »… destinés au grand public.
L’Homme est l’espèce la plus insensée, il vénère un dieu invisible et massacre une nature visible ! Sans savoir que cette nature qu’il massacre est ce dieu visible qu’il vénère ! Hubert Reeves
Ardent défenseur de la nature avec un grand « N », l’astrophysicien deviendra, en 2001, président de la Ligue ROC, œuvrant pour la préservation de la faune sauvage et la défense des non-chasseurs qui deviendra, en 2012, l’association « Humanité et Biodiversité » dont il sera le président d’honneur à compter de mars 2015. L’astéroïde (9631) découvert en 1993 au Chili par Eric Elst à l’observatoire européen ESO porte son nom depuis 1999. « Le long sentier vers l’humanisation de l’humanité est éclairé par trois luminaires : le désir de comprendre le monde (la science), de l’embellir (l’art), et d’aider les êtres vivants à vivre (l’empathie)* ». Éclaireur de nos consciences, Hubert Reeves manquera au monde, mais son immense savoir et son éclatante sagesse continueront de scintiller au firmament des grands vulgarisateurs.
* « Le banc du temps qui passe – Méditations cosmiques »
Site officiel d’Hubert Reeves → https://www.hubertreeves.info/