Malgré ses bons résultats en 2022, une refonte de l’organisation touristique sur le territoire s’avère nécessaire.
« Atout France »* vient de rappeler les chiffres du tourisme en France. Estimées à 57.9 milliards d’Euros en 2022, les recettes du tourisme constituent un nouveau record pour la France, puisque ce chiffre est en progression de 2,1% par rapport à 2019, dernière année d’opérations « normales » avant la crise du Covid. Et même si « Atout France » relativise cette augmentation – due en partie à l’inflation – elle n’en est pas moins une source de satisfaction.
Mais ces bons résultats ne doivent pas être l’arbre qui cache la forêt. Première destination mondiale en nombre de visiteurs, la France ne génère pas les revenus touristiques à la hauteur de son rang en comparaison de pays comme le Royaume-Uni ou l’Espagne. Une des explications réside dans le fait que nous sommes un pays de passage pour un certain nombre des visiteurs (donc avec des contributions plus faibles ramenées au nombre de personnes). Dès lors, se présente un véritable enjeu de « rétention » de ces touristes sur notre territoire, mais également un travail à poursuivre sur l’attractivité de nos régions. En réalité, ne suffirait-il pas d’engager une réflexion autour de deux attentes comme :
– un ministère du Tourisme renforcé, avec des fonds plus importants ciblés sur des objectifs clairs ;
– l’élaboration d’une véritable plateforme de promotion des événements nationaux et locaux qui permettrait aux touristes français ou étrangers de préparer leurs projets de vacances (lieu et date) en fonction des événements.
Il faut sortir d’une logique de frontière purement administrative, en proposant aux touristes des expériences transverses à nos différents départements, régions et territoires. Il faut également revaloriser les métiers du tourisme. En effet, les acteurs du tourisme peinent à recruter, et la qualité du service et de l’accueil en France est souvent mentionné comme un point faible dans les études qualitatives.
Enfin, le monde du tourisme va devoir gérer ses contradictions, entre assurer une rentabilité de ses infrastructures, protéger ses espaces ainsi que ses destinations et accompagner le développement d’un tourisme plus respectueux de l’environnement. « Le slow-tourisme » (pratiquer « le slow tourisme », c’est choisir de voyager en prenant son temps, en redécouvrant la diversité des paysages, son patrimoine local, historique, culturel et gastronomique), avec le tourisme de proximité, le tourisme responsable, sont autant d’enjeux qui ne manqueront pas d’impacter les acteurs du tourisme, mais également les territoires concernés, dans un souci de préserver notre patrimoine touristique et ses retombées en termes d’emplois, de culture et de vie de nos régions. C’est pourquoi, les organismes CDT et CRT, subventionnés régulièrement par les collectivités locales, doivent absolument s’impliquer davantage ! Jean-Louis Matéos, ancien président de l’Office de Tourisme-Syndicat d’initiative d’Agen (1989/2001).
* Atout France, Agence de développement touristique de la France, est un groupement d’intérêt économique, opérateur de l’État français en matière de tourisme.