50 ème anniversaire du jumelage de Tolède
C’est dans l’écrin de la salle des Illustres que furent célébrées, le 15 mars dernier, les « noces » jumelées dorées d’Agen-Tolède en présence d’une délégation tolédane composée de Carlos Velázquez Romo, maire de Tolède, Juan José Alcade Saugar, porte-parole de l’équipe gouvernementale, José Manuel Velasco Retamosa, porte-parole du groupe municipal de Tolède, Sonia Casado de Pablos, directrice de cabinet, David García Alonso, président de l’association des jumelages de Tolède ainsi que María Carolina García Alonso, représentante de l’association des jumelages de Tolède. Cette réception organisée en l’honneur du 50ème anniversaire du jumelage Agen-Tolède s’est déroulée, salle des Illustres de l’hôtel de ville d’Agen, l’occasion pour Jean Dionis, maire d’Agen et Carlos Velázquez Romo, maire de Tolède, de signer une nouvelle convention de partenariat entre les deux villes.
C’est le 22 juin 1973 que le docteur Esquirol, maire d’Agen et Angel Vivar Gomez, maire de Tolède, signaient la charte de jumelage entre les deux villes mais la barque du jumelage naviguait sur un fleuve bien tranquille qui nécessitait une remise à flot. Une nouvelle dynamique s’insuffle et une délégation tolédane s’est déplacée pour participer à l’anniversaire de ce fringant quinquagénaire qui n’a pas pris une ride et pour annoncer une bonne nouvelle : Tolède candidate pour être capitale européenne de la culture en 2031 !
La délégation tolédane, accompagnée de Jean-Marie Nkollo, conseiller municipal délégué aux Jumelages et à la Coopération décentralisée et de Michèle Tixier, présidente du comité de jumelage à Agen, a effectué une visite du château de Tenquelléon à Feugarolles et pris un repas dans ce lieu magique, puis une visite de la capitale lot-et-garonnaise (cathédrale Saint-Caprais, rue Beauville, église Notre Dame-du-Bourg, musée des Beaux-Arts…) avant de rejoindre le premier édile et certains membres de son équipe pour participer à une réunion d’échanges axée sur les projets futurs dans les domaines culturels, sportifs, de la jeunesse, de l’enseignement supérieur, de la culture… de nouvelles perspectives pour relancer un jumelage en sommeil et réveiller les esprits combatifs.
Direction salle des Illustres de l’Hôtel de ville d’Agen pour célébrer, comme il se doit, cet anniversaire, scellant un demi-siècle d’amitiés. Sous la direction de David Lauer, l’Ensemble Vocal Oratorio d’Agen a interprété des chants espagnols de la Renaissance ainsi que l’hymne espagnol, français et européen.
Un multiculturalisme réussi
« Comme à Agen, il y a, à Tolède, un passé, un présent, a souligné Jean Dionis, maire d’Agen. Ce passé, ce présent, nous projettent pour relever les défis. Le Tolède historique inspire le Tolède d’aujourd’hui et nous inspire. La présence de nombreux édifices religieux (mosquées, synagogues, églises) démontre que les communautés ont pu vivre à Tolède sans se déchirer. A l’époque, à Tolède, vous avez inventé le vivre-ensemble et la fameuse laïcité française, avant nous ».
Capitale du royaume wisigoth aux VIe et VIIe siècle, Tolède fut conquise en 711 par les musulmans puis rattachée au califat de Cordoue. La naissance de ce jumelage puise ses racines à la fin du XIe siècle, lorsque Bernard d’Agen, moine Clunisien, devint le premier évêque de Tolède, reconquise sur les maures. En 1085, le roi Alphonse VI de Castille s’emparera de la ville qui deviendra la résidence des rois de Castille jusqu’à la fondation de Madrid au XVIe siècle.
Se reconstruire et grandir ensemble
Le premier édile ne manqua pas de citer Théophile Gauthier pour décrire les rues de cette ville de plus de 84 000 habitants, inscrite au patrimoine de l’Unesco pour ses richesses architecturales : « Les rues de Tolède sont extrêmement étroites, on pourrait se donner la main d’une fenêtre à l’autre ». « Agen est aussi une ville médiévale et dans la rue des Juifs, on pouvait se donner la main d’une fenêtre à l’autre. Tolède est capitale de région et Agen, capitale du département ! » Pour illustrer la dynamique tolédane, Jean Dionis a retrouvé une citation du médecin-écrivain Gregorio Marañon : « Il existe un passé qui n’est qu’un cimetière de l’histoire. Il en existe un autre, d’où jaillit, dans sa profondeur vivante, la source du futur ». Carlos Velázquez Romo a relevé cinq points communs entre Tolède et Agen que Jean Dionis a tenu à faire partager à l’assemblée : « Le train est un enjeu que représente le développement de la gare ferroviaire de Tolède et la LGV ainsi que la nouvelle gare d’Agen sont un enjeu pour nous. Concernant le pont, le maire de Tolède m’a dit : « Vous avez fait le pont de Camélat et nous, il faut que l’on en fasse un ! » Le fleuve aussi nous rassemble et le maire m’a aussi déclaré : « Vous êtes de Garonne, nous sommes du Tage ! » Tolède est aussi une ville pharmaceutique et une ville historique qui doit relever le même défi que nous de faire vivre un centre historique ». Le maire d’Agen a enclenché la machine à remonter le temps pour revivre les premiers balbutiements de ce jumelage. « Merci d’avoir maintenu le lien avec ce jumelage. Il y a eu des périodes fastes et d’autres, plus compliquées. Il est important de faire mémoire de Jean-Noël Loubes (premier président du comité de jumelage, ndlr) ainsi que de Robert et Jeanne Isaac qui étaient des passionnés de Tolède. Je veux remercier David García Alonso car vous devez tous les jours porter la flamme de Tolède et remercier aussi Michèle Tixier de faire vivre la nouvelle équipe du jumelage. Cela arrive à un moment difficile au niveau du géopolitique mondial qui met à l’épreuve l’Union européenne. L’une des façons de lutter est de continuer de croire à la construction de l’Europe. L’histoire des jumelages, c’est d’abord l’histoire de personnes qui tirent les leçons de la deuxième guerre mondiale et les fondateurs des jumelages ont dit qu’il fallait tisser des milliers de petits liens entre les gens, de façon à ce que la paix soit garantie. Nous allons continuer à grandir ensemble. C’est vous qui nous avez aussi mis sur le chemin du jumelage avec Corpus Christi ! »
La délégation agenaise conviée au Corpus Christi
Carlos Velázquez Romo a remercié « le travail de l’association Alfonso X El Sabio pour les relations interurbaines qui continuent à promouvoir cet objectif commun afin que Tolède continue de rayonner en Europe. Au cours de ces presque cinq décennies, le jumelage a favorisé les échanges culturels avec l’organisation d’exposition d’art, de peinture et de sculpture, de musique, avec la visite en 1994, de l’orchestre des jeunes de Tolède à laquelle j’ai eu l’honneur de participer. C’est aussi 50 ans d’échanges commerciaux et sportifs, principalement à travers le rugby si profondément ancré dans votre ville et que nous essayons de poursuivre avec notre équipe de rugby féminin « Las Aguilas de Toledo ». Le maire de Tolède a invité le comité de jumelage à venir assister au Corpus Christi ou fête-dieu, durant laquelle les rues tolédanes se parent de leurs plus beaux atours pour célébrer cette procession religieuse fastueuse : vélums, guirlandes et lanternes ornent le cortège religieux, préparé plusieurs semaines à l’avance et la veille des festivités, les murs, les fenêtres et les balcons sont décorés de tapisseries anciennes tandis que le sol est recouvert de thym ou de romarin. Des sièges sont installés dans les rues, un stand est installé sur la place Zocodover tandis que ce jour-là, les patios des palais et les demeures seigneuriales s’ouvrent au public.
Tolède, une ville en pleine mouvance à l’instar de sa jumelle. « Je vous invite à continuer à travailler ensemble dans ce défi de renforcement, a déclaré le maire tolédan, afin de redevenir la « Lumière d’Europe ».
La ville aux trois cultures
« Ce jumelage fut le fruit d’un travail et de passion de quatre professeurs d’espagnol : Albert Bizet, Georges Rateau, Jean-Noël Loubes et Jeanne Isaac, a rappelé Michèle Tixier. Ces illustres professeurs d’Espagnol ont su trouver le lien qui unissait nos deux villes : San Bernardo. » la présidente du comité de Jumelage a présenté l’exposition visible, ce jour, à la salle des Illustres, portant sur la prérogative du roi Alphonse VI présentant un portrait de San Bernardo, la ratification originale du 22 juin 1973 signée par Pierre Esquirol, maire d’Agen, et Angel Vivar Gomez, maire de Tolède, officialisant le jumelage entre les deux villes, la copie de l’épée d’Alphonse VI offerte le 22 juin 1973 à la ville de Tolède… Michèle Tixier a rendu hommage, à son tour à Jeanne Isaac, « présidente emblématique qui a su gagner le cœur des Tolédans ». La présidente a tenu à revenir sur l’un des points forts de sa carrière de professeurs : la ratification du jumelage entre l’école Polytechnique de Tolède et le lycée professionnel d’Antoine Lomet d’Agen à l’amphithéâtre du Parlement européen de Strasbourg en présence de 50 élèves Agenais et Tolédans, sous l’égide de Jean-Louis Matéos, ancien adjoint délégué à l’Enseignement. Michèle Tixier gardera un souvenir indélébile des festivités de Corpus Christi, de la place Zocodover, des tapis aux fenêtres, de l’odeur du thym et du romarin qui jonchaient les rues et de l’ouverture des magnifiques patios. « Tolède est la ville des trois cultures » illustrée par la cathédrale Sainte-Marie, la mosquée Cristo de la Luz et le musée Séfarade, situé dans la synagogue d’El Tránsito.
« Cette renaissance est pour nous un nouveau départ. Nous ne doutons pas que vous ferez tout votre possible pour faciliter ces échanges qui devront bâtir pour nos jeunes le jumelage de demain et sceller aussi l’amitié entre nos deux villes pour de nombreuses années. »
S’ensuivit l’allocution de David García Alonso qui remercia aussi le travail de l’association Alfonso X El Sabio, la remise des cadeaux respectifs puis l’intronisation de Carlos Velázquez Romo par la confrérie du pruneau, une « surprise » qui avait été réservée au maire tolédan pour ce cinquantenaire.
Pour clôturer cet anniversaire sur des notes enjouées, un concert était organisé à 18 heures à la Tannerie avec Lilla Papp au violon et Jean-Michel Martinez au piano. Au programme : des compositeurs français et espagnols ayant mis en lumière des danses comme l’habanera ou le tango… en présence du comité de jumelage Agen-Tolède. De nouvelles fondations se posent pour s’ouvrir à de nouvelles perspectives constructives pour enraciner ce jumelage dans la durée.