Exposition « Les 150 ans de l’impressionnisme » au musée des Beaux-Arts d’Agen
L’exposition « Les 150 ans de l’impressionnisme », présentée salle Idrac (1er étage) du musée des Beaux-Arts d’Agen durant la période estivale, regroupe des œuvres issues des collections permanentes et des réserves muséales sans prêts extérieurs. Parmi les 35 œuvres présentées, quinze d’entre elles sont sorties des réserves et cinq de l’hôtel de Monluc.
Hormis le fait de célébrer dignement les 150 ans de l’impressionnisme, cette exposition revêt un caractère particulier puisqu’elle sera la dernière proposée avant la fermeture du musée pour travaux de rénovation. Cette exposition fut aussi un incroyable défi pour l’équipe muséale qui s’est chargée de lui donner vie (dont Gill Korzepa, régisseur technique, Lise Smith, chargée des expositions, Nathalie Lacroix, médiatrice et responsable du public adulte et étudiant, Julien Darme, médiateur en charge des jeunes publics, Laura Molina, chargée de la valorisation des collections…) en quelques semaines seulement, sous l’égide d’Adrien Enfedaque, conservateur du musée d’Agen.
Casser les codes du Salon
Las de se voir refusés une nouvelle fois par le Salon, manifestation artistique hiérarchisant les genres (primauté donnée, par ordre décroissant à la peinture d’histoire, au portrait, à la peinture de genre, au paysage et à la nature morte) qui présentait les œuvres des derniers lauréats de l’école des Beaux-Arts, de jeunes artistes dissidents parisiens (Monet, Renoir, Degas, Morisot, Pissarro, Sisley, Cézanne) décidaient de présenter leur propre exposition, le 15 avril 1874, dans l’atelier du photographe Nadar, en s’affranchissant des règles. Ainsi naissait le mouvement impressionniste qui se caractérise par le fait de ne pas chercher à peindre un objet, mais à reproduire les sensations que leur procure cet objet, susceptibles de varier selon les moments et les personnes, privilégiant les couleurs vives, les jeux de lumière avec un intérêt marqué pour les paysages ou les scènes de la vie quotidienne.
Une exposition légitime par son fonds
La collection impressionniste du musée des Beaux-Arts d’Agen comptant de grands noms tels qu’Alfred Sisley (1839-1899), Albert Charles Lebourg (1849-1928), Francis Picabia (1879-1953), Nicolae Grigorescu (1838-1907) ou Henri Lebasque (1865- 1937), « nous avons souhaité nous insérer dans cette dynamique d’exposition, a souligné Adrien Enfedaque. Le musée d’Agen a ouvert ses portes en 1876, deux ans après la première exposition impressionniste. Il a bénéficié très tôt de l’envoi par l’État de peintures impressionnistes, notamment Sisley et d’un don assez important du docteur Louis Brocq et de son épouse » Le dermatologue réputé et collectionneur passionné a légué cinquante tableaux de l’école impressionniste (Lebourg, Lebasque, Grigorescu…), en 1928. Ce geste est complété par un don de sa femme, en 1934, puis par un legs en 1940. Les tableaux et les faïences seront donnés au couple en échange de soins prodigués par le médecin.
21 jours pour élaborer l’exposition
Cette dernière exposition avant travaux du musée des Beaux-Arts d’Agen a été programmée en catastrophe et montée en trois semaines. Elle a vu le jour grâce à Lise, Nathalie et Julien qui ont proposé de l’organiser pour célébrer ce siècle et demi avec l’aide de Gill, le régisseur technique.
Fort heureusement, le musée d’Agen possède « un fonds assez conséquent qui nous permet de construire un parcours, a expliqué Nathalie Lacroix. Nous avons choisi de présenter ce qu’était le classicisme, de montrer comment il fallait peindre » à travers le « Paysage d’Italie, effet de soleil couchant » de Jean-François Hue. L’œuvre phare de cette exposition reste « Matinée de septembre » d’Alfred Sisley, envoyée par l’État. On dira même que c’est grâce à Eugène-Louis Boudin (vous pourrez admirer son œuvre « Marine le calme ») qu’il serait devenu peintre. « Ce tableau est vibrant » confesse Nathalie.
Grigorescu s’émancipe par sa palette
Il y a des plans, des codifications à respecter. Le portraitiste Merry-Joseph Blondel a peint sa femme avec ses codes et Madame Blondel a posé pour lui de façon très académique. Le peintre roumain, Nicolae Grigorescu, a eu l’honneur de se voir consacrer une exposition monographique intitulée « Itinéraire d’un peintre roumain, de l’école de Barbizon à l’impressionnisme » qui s’est tenue du 22 avril au 14 août 2006 à l’Espace-Eglise des Jacobins. Fervent adepte de la peinture religieuse, le peintre roumain obtiendra une bourse pour venir étudier à l’Académie des Beaux-Arts de Paris et se consacrera dès lors à la peinture sur chevalet et s’inscrira à l’atelier de Charles Gleyre où il rencontrera Auguste Renoir. Il rejoindra l’Ecole de Barbizon près de fontainebleau, en 1863 et s’initiera à la peinture de plein air dans les forêts voisines auprès de Millet, Daubigny et Corot grâce auxquels il allègera sa palette. Il rencontrera Eugène de Bellio qu’il initiera aux styles de Monet, Renoir et Sisley. Sa palette gagnera en luminosité (comme en témoigne notamment son « bouquet de fleurs clair »,) tout en conservant son goût pour la paysannerie et un réalisme direct (« Berger couché dans un paysage »).
Une deuxième génération d’impressionnistes
Après Grigorescu, la seconde génération des peintres impressionnistes va vouloir explorer d’autres manières de peindre, à l’instar d’Albert-Charles Lebourg (« Bords de la Veulette », « Moulin en Hollande », « La Seine à Rouen en hiver, effet de neige »), d’Henri Lebasque (« Baigneuses à Pierrefonds », « Petit chien au collier » qui se trouve être l’animal de Monsieur et Madame Brocq, « Grand canal à Venise »), de Francis Picabia (« Bords du Loing ; effet d’automne le matin à Moret »). Dans l’espace dédié aux portraits de femmes, on retrouve « Portrait de Madame Brocq en robe rose devant un tapis rouge » et la « Femme assise au chapeau blanc », d’Henri Lebasque, mais également des portraits immortalisés par la peintre agenaise Marguerite Espenan-Cresson qui a réalisé le pastel « Jeune femme en buste, vue de dos » ou encore la « jeune femme à l’ombrelle dans un jardin ».
En toile de fond de la salle Idrac, un petit film de 18 minutes racontera l’impressionnisme. Les visiteurs en profiteront pour admirer (juste avec les yeux !) le « plat combat de dragons » en faïence fine, exécuté dans la manufacture de Jules Vieillard (1813-1868), représentant le combat pittoresque de deux dragons au-dessus d’un lac de montagnes éclairé par un soleil levant.
Sont également exposés un ensemble de coupe, bonbonnière et bouteille en faïence stannifère et en terre vernissée ainsi que le buste de Marthe Lebasque, fille du peintre Henri Lebasque, en grès émaillé, le tout réalisé par le céramiste André Metthey.
Cette exposition-célébration nous rappelle que « la beauté est partout, mais le plus important est de savoir l’interpréter » (Camille Pissarro).
Informations pratiques
Horaires d’ouverture : du lundi 15 juillet au samedi 31 août, le musée s’adapte aux fortes chaleurs et sera ouvert tous les jours (y compris le mardi) de 9 heures à 15 heures. Du jeudi 29 août au mardi 3 septembre inclus, le musée sera fermé au public pour garantir la sécurité des œuvres pendant les Fêtes d’Agen.
Tarif plein : 6 € / Gratuit pour les -18 ans, étudiants -26 ans, volontaires service civique, membres Arimage, cartes ICOM, ICOMOS, presse, carte jeune Agen, passeport jumelages, Pass Musée d’Agen, médiateurs musée 47, personnels offices de tourisme.
Tarif réduit (COS agglo, Pass sociétaires Crédit Agricole, CE entreprises, EHPAD et foyers seniors, ESAT, groupes 10 personnes et plus) : 5 €.
En résonance avec l’exposition …
Visite guidée de l’exposition « les 150 ans de l’impressionnisme » pour débuter sa journée avec Alfred Sisley par une matinée de printemps, se promener avec Camille Corot l’après-midi sur l’étang à Ville-d’Avray, marcher ensuite au bord du Loing à Moret, Francis Picabia à nos côtés, faire un bouquet de fleurs avec l’aide de Nicolae Grigorescu pour enfin se reposer au calme avec Eugène Boudin… Cette Une balade au cœur de l’exposition-dossier consacrée aux œuvres impressionnistes et postimpressionnistes des collections permanentes avec également des œuvres issues des réserves sera animée par Nathalie Lacroix, les mercredis 17, 24 et 31 juillet, puis les 7 et 21 août de 10 heures à 11h15. Tarif tout public : 11,50 € / Tarifs réduits : Arimage, membres COS Agglo, carte Pass musée d’Agen, CE, EHPAD, foyers seniors, pôles adultes, ESAT : 7 € / Action famille 1 parent + 1 enfant : 8 € / Moins de 18 ans, étudiants moins de 26 ans, volontaires service civique, action en famille à partir du 2e enfant : 7 €. Réservation obligatoire au 05 53 69 47 23. Attention, la visite sera annulée en cas de réservations insuffisantes (minimum 3 personnes) ! ∼ Tous les jours (aux horaires d’ouverture du musée), vous pourrez laisser place à votre âme créatrice en installant votre chevalet dans la cour de Vergès. Vous prendre vos pastels et vos crayons de couleurs (matériel fourni) pour croquer votre propre paysage impressionniste (gratuit pour les détenteurs d’un billet d’entrée au musée). ∼ Un atelier d’art floral et impressionniste sera animé les vendredis 19 juillet et lundi 19 août de 10 heures à 12 heures par Patricia Teulet, agent au service des Espaces verts, et Nathalie Lacroix, médiatrice au musée. Inspirez vous des peintres impressionnistes pour créer votre propre composition florale ! Tout public, à partir de 8 ans pour les enfants si accompagnés d’un adulte / atelier limité à 8 personnes ou groupes. Tarif : 11,50 € / Tarifs réduits : Arimage, membres COS Agglo, carte Pass musée d’Agen, CE, EHPAD, foyers seniors, pôles adultes, ESAT : 7 € / Action famille 1 parent + 1 enfant : 8 € / Moins de 18 ans, étudiants moins de 26 ans, volontaires service civique, action en famille à partir du 2ème enfant : 7 €. Réservation obligatoire au 05 53 69 47 23. ∼ Les Nuits d’été de la cour de Vergès – Au temps de Lacépède : à l’occasion de cette nocturne estivale, l’ensemble « Architecture et Musique » donnera un concert-lecture lundi 22 juillet à partir de 19 heures dans la cour Vergès autour de la « Poétique de la musique » de l’écrivain et naturaliste agenais Bernard Germain Étienne de Laville-sur-Illon, comte de Lacépède, avec des trios (Olivier Voize à la clarinette, Pierre-Marie Chemla au basson et Laurent Hacquard au hautbois et récitant) ainsi que des sérénades de Mozart, Joseph Haydn, Antoine Salieri et Beethoven. Tarif : 6 € / Réservation obligatoire au 05 53 69 47 23. ∼ Deux ateliers jeunes publics seront également proposés en août :
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