Entretien avec Adrien Enfedaque, conservateur du musée d’Agen, qui a collaboré à l’écriture du numéro 309 du magazine VMF
Créée en 1958 par Anne de Amodio, l’association VMF (Vieilles Maisons Françaises), reconnue d’utilité publique, se consacre à la sauvegarde et à la mise en valeur du patrimoine bâti et paysager depuis plus de 60 ans.
Le magazine Vieilles Maisons Françaises consacre son numéro 309 de mai-juin aux demeures de caractère lot-et-garonnaises. Adrien Enfedaque, conservateur du musée des Beaux-Arts d’Agen, a collaboré à ce numéro exceptionnel par l’entremise de son article intitulé « Un architecte au temps des Lumières » à la découverte des demeures construites par l’architecte Charles Le Roy.
LQDA : Comment s’est passé votre mise en relation avec VMF ?
Adrien Enfedaque : La rédaction VMF m’a contacté fin 2022 pour m’informer qu’il y aurait un numéro spécial consacré au Lot-et-Garonne, qu’ils envisageaient une balade patrimoniale sur Agen et qu’à ce titre, on leur avait communiqué mes coordonnées.
LQDA : Vous a-t-on imposé une thématique ?
Adrien Enfedaque : Lors de nos premiers échanges, le sujet de l’architecture du siècle des Lumières s’est imposé au regard de son importance dans le patrimoine bâti agenais au XVIIIe siècle. De surcroît, en dépit de sa richesse, il n’avait pas beaucoup intéressé jusqu’à présent les historiens et constituait un terrain d’investigation passionnant.
LQDA : Pour quelle raison avez-vous accepté de participer au rédactionnel de ce numéro ?
Adrien Enfedaque : Il s’agit d’un magazine prestigieux de qualité diffusé sur tout le territoire français. Cette mise en lumière du patrimoine offre, pour moi, une porte d’entrée pour faire découvrir le département et les richesses qu’il renferme. C’est une revue qui fait la part belle aux demeures privées. Cette période du XVIIIe siècle est l’un de mes sujets de recherche, ma période de prédilection. J’ai réalisé un Master sur « les appartements des Enfants de France, de leurs gouvernantes et de leurs gouverneurs aux châteaux de Versailles et de Trianon sous l’Ancien Régime ». Ce qui m’a séduit à Agen, c’est le patrimoine du XVIIIe siècle et voir comment le valoriser. Cet article est un préambule pour effectuer plus de recherche sur cette période à Agen et dans l’Agenais.
LQDA : Que va-t-on découvrir dans votre article ?
Adrien Enfedaque : Fin XVIIIe siècle, beaucoup de constructions ont été pensées par Charles Le Roy, un ingénieur des Ponts et Chaussées. On le retrouve sur certains chantiers importants comme l’évêché, actuelle Préfecture de Lot-et-Garonne, et plusieurs hôtels particuliers. C’est à lui qu’est confiée la reconstruction du château d’Aiguillon, mais aussi le réaménagement des abords et d’une partie de la ville. Beaucoup de notables ont voulu lui passer commande pour construire leurs demeures. Sa période de gloire concerne les 20 dernières années avant la Révolution française, emmenées par ses deux chantiers majeurs (Préfecture et château d’Aiguillon). Ces derniers vont avoir un effet boule de neige en influençant d’autres aménagements architecturaux. Cela apporte aussi un vent de modernité. C’est tout un réseau d’influence qui a permis à Charles Le Roy d’acquérir cette réputation et de transformer Agen et l’Agenais. Il fallait être fou ou éclairé pour construire l’évêché à l’extérieur de la ville ! Il va s’installer ensuite à Aiguillon et poursuivre ses travaux mais ne connaîtra plus autant de succès.
LQDA : Combien de temps avez-vous passé à la rédaction de l’article de VMF ?
Adrien Enfedaque : Il a d’abord fallu se documenter et retourner sur les lieux, ce qui a pris plusieurs jours. L’écriture s’est, quant à elle, étalée sur trois jours. Après un premier jet, il faut ciseler l’article puis l’écrémer des lourdeurs.
LQDA : Est-ce la première fois que vous collaborez à une telle revue ou avez-vous déjà été sollicité par d’autres magazines ?
Adrien Enfedaque : Un conservateur de musée est tenu de publier régulièrement. Nous sommes des chercheurs avant tout dont l’objectif principal est de vulgariser, transmettre les connaissances et nos recherches pour mieux valoriser le patrimoine et les œuvres. C’est toujours gratifiant de passer par l’écrit. En local, j’aime beaucoup travailler pour « La Revue de l’Agenais ». Je rédige aussi des notices d’œuvres et des catalogues d’exposition.
LQDA : Y a-t-il une revue au sein de laquelle vous aimeriez publier ?
Adrien Enfedaque : J’aimerais faire découvrir plus largement les collections du musée d’Agen tant aux érudits qu’au grand public, toujours avide de découvrir les trésors que recèlent les musées, mais aussi partager nos découvertes. La France ne manque pas de belles revues pour cela, à l’instar de La Revue de l’Art, L’Objet d’Art et La Revue des Musées de France.