Culture / Loisirs

La construction de Soi pour éclairer son Être

De gauche à droite : Laurence Cahn et Lilika enveloppant de leur présence rassurante leurs œuvres respectives. © Véronique David

Exposition de Laurence Cahn et Lilika à la galerie Montesquieu d’Agen

Une vingtaine de tableaux tissés de Laurence Cahn, sublimés par les lampes écoresponsables de Lilika, enveloppent les murs de la galerie Montesquieu d’une douce chaleur colorée, tandis que des bijoux-textile accessoirisent le lieu avant l’être. Le regard s’enveloppe d’un châle de sensualité pour habiller l’âme d’émotions pures et réconfortantes, à l’heure où le monde s’enhaillonne de pensées et d’actes mortifères.

« Depuis l’enfance, j’éprouve le besoin de travailler avec mes mains, confie Laurence. Mon point de départ, c’est la couleur. L’artisanat m’a toujours fascinée depuis que je suis petite ». Des boutons, des perles, un morceau de fil, de la laine… ont tissé sa raison d’être. « À 18 ans, je me suis offert un métier basse-lisse pour confectionner des tissus, puis j’ai acheté un métier haute-lisse, car j’avais besoin de créer à la verticale. Je peux passer 200 heures sur un tableau et 4 heures sur 3 centimètres ! » Laurence tisse sa résilience, thérapeutise l’Être par des fils reliés à des mots. Mots sur maux pour se (re)construire un imaginaire : « On se tisse à l’intérieur quand on tisse à l’extérieur. C’est la construction de Soi et je ne peux m’en passer. Toute ma vie, j’ai tissé sur l’Être et naître, sur l’artisanat, sur des lieux de vie, capteurs d’émotions ». Beaucoup de couleurs chaudes réchauffent ses tableaux comme le jaune, le rouge ou l’oranger, mais Laurence a parfois envie de bleu, à l’instar de ces deux embarcations de migrants faites de laine et de fil voguant sur une mer de laine. Des petits mots, s’immiscent parfois avec discrétion et une dame en a découvert quelques-uns, six mois après l’acquisition d’une œuvre, blottis au creux des fils et des laines. « Il y a toujours des petites choses à découvrir, comme un livre » que le regard feuillette et, en relisant l’histoire, redécouvre des passages oubliés.

Les œuvres textiles de Laurence Cahn tissent les liens et les regards. © Véronique David

Mais pour l’artiste, l’art ne doit pas s’arrêter au pur visuel : « J’aime que l’on touche mes tableaux, car les matières sont importantes. Dans l’art, il devrait y avoir plus de tactilité. Les gens ont tendance à uniquement voir et non ressentir… Comme on effleure les cordes d’une harpe, on touche les fils de la trame d’un tissage »…, douce musique du toucher pour faire vibrer les notes dans la partition de l’être profond.

Embarquez pour un « voyage au pays de la laine… où l’émotion de la perception du serré, du lâche, du plat, des volumes des couleurs, de chaleurs des matières vous conduit dans cette sensualité de l’imaginaire » tandis que les mots, judicieusement choisis ainsi que les images, induiront une douce complétude à ces vibrations que cette « voyageuse immobile » vise à provoquer chez les visiteurs.   

Dame-Jeanne en pierre noire du Brésil. © Véronique David

Sculpter la lumière

Maria Angélika Bataille dite « Lilika », créatrice d’ambiance, a été contactée par Laurence Cahn pour cette exposition à quatre mains, un baptême du feu pour cette jeune brésilienne albigeoise née en Guyane, en reconversion professionnelle : « J’étais assistante commerciale, révèle la jeune femme. Après la naissance de mon deuxième enfant, j’ai eu la possibilité, grâce à mon mari, de me lancer dans la décoration. On me disait souvent que j’avais beaucoup de goût et je voulais trouver quelque chose qui ferait la différence avec les autres ».

Lilika nourrit, justement, l’insolite idée d’acquérir une Dame-Jeanne, grosse bonbonne en verre qui servait, jadis, à la fabrication, à la conservation, à l’affinage ou au transport de vins, de cidres, de spiritueux, de fruits macérés dans de l’eau-de-vie, des huiles, du vinaigre…

Son élégance l’a transformé en objet décoratif très tendance – lampe ou vase –  à poser au sol, sur une table ou un meuble. Une Dame-Jeanne ancienne se reconnaît à ses imperfections (comme des petites bulles). Ce qui a séduit Lilika ? « Ses formes arrondies et douces portent une histoire française. Du beau qui allait tourner à l’utile avec une petite lumière pour modifier l’ambiance de la maison. » Les feuilles dorées ornant chaque Dame-Jeanne, c’est la petite « touche plus » qui fait la différence. « Je crois que c’est ma signature, avoue la jeune décoratrice. J’ai trouvé ma première Dame-Jeanne chez le brocanteur. Je les remets au goût du jour. La Dame- Jeanne, c’est le bijou de la France. Je suis heureuse, car l’une d’entre elle est partie au Brésil ! » C’est ce côté chic de l’habillage des lampes qui scintille dans l’écrin de la galerie Montesquieu, magnifiant les œuvres textiles de Laurence Cahn. Toujours ce fil qui lie et relie aussi les arts entre eux.

Laurence Cahn et Lilika, une exposition à quatre mains, sans fausse note, pour tisser des liens avec des fils symboliques, éclairant le monde… © Véronique David
 

Informations pratiques

 

Exposition à la Galerie Montesquieu – 117 rue Montesquieu

jusqu’au 23 mars

Entrée gratuite

Laurence Cahn

Tél. : 07 68 12 80 30 / Mail : laurencecahn@hotmail.fr

Lilika

Instagram : Lilikahome / Facebook : Lilikashop

Tél. : 06 43 83 41 34 / Mail : infolilikashop@gmail.com

Lien : www.lilikashop.com

 

 

Véronique David

Journaliste
Après un diplôme de psychologie et un DU de Japonais, j’ai préparé un diplôme de Naturopathie-homéopathie avec la faculté Libre de Médecine Naturelle et d’Ethnomédecine de Paris XV ainsi qu’une formation de correctrice avec le Centre d’Écriture et de Communication de Paris V qui m’a aussi formée aux techniques journalistiques. Dans le même temps, j’ai rédigé des articles pour différents journaux et administrations (Mairie d'Agen, Conseil départemental de Lot-et-Garonne, Actif Formation...). J’ai aussi travaillé au sein de divers organismes (Caf, Pôle Emploi, ODAC, MEDEF, ENAP…) dans le domaine du secrétariat et préparé une formation de praticienne en coaching de Vie. Dans un tout autre domaine, je suis officier de réserve citoyenne dans l’Armée de Terre depuis une dizaine d’années. J’ai appris au fil du temps que « toutes les batailles de la vie nous enseignent quelque chose, même celles que nous perdons » (Paulo Coelho). Rêvons en grand, soyons audacieux et bâtissons l’impossible !

4 Commentaires

  • Avatar
    Bataille 19 mars 2024

    Ce fut un plaisir de vous lire Véronique, votre description illumine l’âme de LiLiKa Home. Merci.
    Lilika

    • Véronique David
      Véronique David 19 mars 2024

      Merci beaucoup Lilika pour ce très gentil retour ! J’espère que cette première exposition en emmènera beaucoup d’autres ! Belle journée à vous. Véronique

  • Avatar
    Obenbl 23 mars 2024

    Rarement lu un aussi bel article de critique d’art. Une recherche empathique, qui ne se fait pas avocate ni procureure, juste une entrée dans les racines de l émotion, celle qui est tissée par le don de soi et le travail juste et reconnu. de ces tableaux peints avec de la laine, la poésie musicale est mise à nu, et partagée par une intelligence aiguë des artistes et de leur vie. tout le monde, du plus simple au plus complexe, aimerait être lu par vous, avant de vous lire en retour.

    • Véronique David
      Véronique David 23 mars 2024

      Je ne sais que dire si ce n’est un immense merci pour ce retour très touchant! j’ai vraiment beaucoup aimé cette exposition. Non pas que je n’apprécie pas les autres mais c’est une dimension autre qui mérite qu’on lui accorde de l’attention. J’ai passé un délicieux moment et cette sublime exposition a réussi à me faire voyager et à m’entraîner dans des territoires artistiques inconnus.

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