Exposition de Laurence Cahn et Lilika à la galerie Montesquieu d’Agen
Une vingtaine de tableaux tissés de Laurence Cahn, sublimés par les lampes écoresponsables de Lilika, enveloppent les murs de la galerie Montesquieu d’une douce chaleur colorée, tandis que des bijoux-textile accessoirisent le lieu avant l’être. Le regard s’enveloppe d’un châle de sensualité pour habiller l’âme d’émotions pures et réconfortantes, à l’heure où le monde s’enhaillonne de pensées et d’actes mortifères.
« Depuis l’enfance, j’éprouve le besoin de travailler avec mes mains, confie Laurence. Mon point de départ, c’est la couleur. L’artisanat m’a toujours fascinée depuis que je suis petite ». Des boutons, des perles, un morceau de fil, de la laine… ont tissé sa raison d’être. « À 18 ans, je me suis offert un métier basse-lisse pour confectionner des tissus, puis j’ai acheté un métier haute-lisse, car j’avais besoin de créer à la verticale. Je peux passer 200 heures sur un tableau et 4 heures sur 3 centimètres ! » Laurence tisse sa résilience, thérapeutise l’Être par des fils reliés à des mots. Mots sur maux pour se (re)construire un imaginaire : « On se tisse à l’intérieur quand on tisse à l’extérieur. C’est la construction de Soi et je ne peux m’en passer. Toute ma vie, j’ai tissé sur l’Être et naître, sur l’artisanat, sur des lieux de vie, capteurs d’émotions ». Beaucoup de couleurs chaudes réchauffent ses tableaux comme le jaune, le rouge ou l’oranger, mais Laurence a parfois envie de bleu, à l’instar de ces deux embarcations de migrants faites de laine et de fil voguant sur une mer de laine. Des petits mots, s’immiscent parfois avec discrétion et une dame en a découvert quelques-uns, six mois après l’acquisition d’une œuvre, blottis au creux des fils et des laines. « Il y a toujours des petites choses à découvrir, comme un livre » que le regard feuillette et, en relisant l’histoire, redécouvre des passages oubliés.
Mais pour l’artiste, l’art ne doit pas s’arrêter au pur visuel : « J’aime que l’on touche mes tableaux, car les matières sont importantes. Dans l’art, il devrait y avoir plus de tactilité. Les gens ont tendance à uniquement voir et non ressentir… Comme on effleure les cordes d’une harpe, on touche les fils de la trame d’un tissage »…, douce musique du toucher pour faire vibrer les notes dans la partition de l’être profond.
Embarquez pour un « voyage au pays de la laine… où l’émotion de la perception du serré, du lâche, du plat, des volumes des couleurs, de chaleurs des matières vous conduit dans cette sensualité de l’imaginaire » tandis que les mots, judicieusement choisis ainsi que les images, induiront une douce complétude à ces vibrations que cette « voyageuse immobile » vise à provoquer chez les visiteurs.
Sculpter la lumière
Maria Angélika Bataille dite « Lilika », créatrice d’ambiance, a été contactée par Laurence Cahn pour cette exposition à quatre mains, un baptême du feu pour cette jeune brésilienne albigeoise née en Guyane, en reconversion professionnelle : « J’étais assistante commerciale, révèle la jeune femme. Après la naissance de mon deuxième enfant, j’ai eu la possibilité, grâce à mon mari, de me lancer dans la décoration. On me disait souvent que j’avais beaucoup de goût et je voulais trouver quelque chose qui ferait la différence avec les autres ».
Lilika nourrit, justement, l’insolite idée d’acquérir une Dame-Jeanne, grosse bonbonne en verre qui servait, jadis, à la fabrication, à la conservation, à l’affinage ou au transport de vins, de cidres, de spiritueux, de fruits macérés dans de l’eau-de-vie, des huiles, du vinaigre…
Son élégance l’a transformé en objet décoratif très tendance – lampe ou vase – à poser au sol, sur une table ou un meuble. Une Dame-Jeanne ancienne se reconnaît à ses imperfections (comme des petites bulles). Ce qui a séduit Lilika ? « Ses formes arrondies et douces portent une histoire française. Du beau qui allait tourner à l’utile avec une petite lumière pour modifier l’ambiance de la maison. » Les feuilles dorées ornant chaque Dame-Jeanne, c’est la petite « touche plus » qui fait la différence. « Je crois que c’est ma signature, avoue la jeune décoratrice. J’ai trouvé ma première Dame-Jeanne chez le brocanteur. Je les remets au goût du jour. La Dame- Jeanne, c’est le bijou de la France. Je suis heureuse, car l’une d’entre elle est partie au Brésil ! » C’est ce côté chic de l’habillage des lampes qui scintille dans l’écrin de la galerie Montesquieu, magnifiant les œuvres textiles de Laurence Cahn. Toujours ce fil qui lie et relie aussi les arts entre eux.
Informations pratiques
Exposition à la Galerie Montesquieu – 117 rue Montesquieu jusqu’au 23 mars Entrée gratuite Laurence Cahn Tél. : 07 68 12 80 30 / Mail : laurencecahn@hotmail.fr Lilika Instagram : Lilikahome / Facebook : Lilikashop Tél. : 06 43 83 41 34 / Mail : infolilikashop@gmail.com Lien : www.lilikashop.com
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