L’empire du Soleil levant, royaume des Otakus

4ème édition du festival Mang’Agen & fiction

C’est dans l’antre d’Agen Agora que les otakus ( passionnés de japanimation et de mangas), les cosplayers (personnes jouant le rôle d’un personnage de manga) et les geeks (personnes passionnées par les jeux vidéos) se sont donnés rendez-vous les 23 et 24 mars derniers. Concerts, conférences, expositions, animations, séances de dédicaces… un menu mitonné aux petits oignons nippons et une dégustation saupoudrée de fantasy, savourées sans aucune modération !

Tous les rêves sont permis dans cet univers parallèle où l’imaginaire est roi. Au niveau du passage entre le hall Villeneuve (lieu du festival) et le hall Marmande, une véritable forge sur réplique de matériel moyenâgeux donnait le ton. Dès l’entrée, les visiteurs pouvaient traverser le petit pont rouge du jardin japonais, séparant, selon la légende, le monde des dieux et des hommes, avant d’accrocher leurs souhaits les plus chers sur l’arbre à vœux. Les stands regorgeaient de kimonos, d’éventails, de robes Qipao et Cheongsam, de chaussettes tabi, de porte-clés dragons, d’amulettes, de porte-clés et de statuettes maneki-neko, ces chats porte-bonheur attirant la prospérité (patte gauche pour la clientèle et patte droite pour l’argent)… Les plus spirituels auront pu apprécier Rudraksha, la petite graine pour la paix de l’esprit, utilisée par les bouddhistes Japonais pour induire des états de consciences supérieures pour les bouddhistes japonais. Portée par les yogis Hindous, elle apaiserait le mental et protègerait des vibrations néfastes. Selon les taoïstes, en chine, elle équilibrerait le Yin et le Yang, harmoniserait l’énergie vitale du corps et favoriserait la méditation.

D’étranges personnages proposaient avec leurs pancartes des « free hugs » autrement dit offraient des câlins gratuits !

Au détour des allées, on pouvait apercevoir une entrée d’une maison des Hobbits (semi-hommes caractérisés par leur petite taille, leurs pieds à l’abondante pilosité, leurs oreilles légèrement pointues et son visage au teint rubicond vivant en Terre du Milieu, un continent fictif) avec son extérieur recouvert d’herbe, son petit parterre, sa boîte aux lettres et sa clôture, refuge de tranquillité entre deux aventures… un prequel au Seigneur des Anneaux.

A l’abordage… avec Johnny Depp… ou presque ! Vince Tage, spécialisé dans les costumes de Jack Sparrow, proposait une expérience inédite avec des jeux d’adresses, une chasse aux trésors et des énigmes.

Les nostalgiques de la cultissime série télévisée « Knight Rider » (K 2000) pouvaient monter à bord du célèbre Kitt (Knight Industries Two Thousand) conduite par Michael Knight (David Hasselhoff), un ordinateur de bord doué d’intelligence artificielle installé dans une Pontiac Firebird Trans Am 1982 (possession de Knight rider 87) munie de fonctionnalités avancées comme le « Turbo boost ».

Bernard Minet, cette année, n’est pas venu seul en concert mais accompagné d’Eric Bouad, ancien guitariste de Johnny Hallyday, devenu célèbre auprès du grand public comme membre du groupe « Les Musclés ». ils ont fait revivre, le temps d’un concert dominacal, ls personnes de notre enfance comme Bioman, les Chevaliers du Zodiaque, Goldorak…

Des canettes sublimées

Lucie Souchet alias Lulu Berlue fabrique des bijoux écoresponsables. Pour ses bracelets et ses bagues, les canettes sont montées sur un apprêt en laiton doré à l’or fin carats ou à l’argent pur et sont sans allergènes. Pour les boucles d’oreilles, les canettes sont montées sur des attaches doré à l’argent pur ou à l’or 24 carats. « Je m’attache à ce que tous mes fournisseurs proviennent d’Europe, explique Lulu. Mes supports sont fabriqués dans des ateliers en Grèce et en Italie car je n’ai pas trouvé d’usine en France mais je travaille avec un grossiste albigeois. Je récupère des cannettes vides pour leur donner une seconde vie. J’upcycle des comics dans lesquels j’emballe les bijoux. J’en trouve chez des déstockeurs et je fais passer parfois des petites annonces sur les réseaux sociaux. Si j’achète une cannette, c’est pour la boire. Je ne jetterai jamais le contenu pour avoir le contenant ! »

La force des bijoux de Lulu réside dans ce petit style décalé dans les matières et les designs : « Je fais des bijoux qui avant tout me ressemblent, colorés et fun pour mettre une touche de couleur dans la vie. Mes influences sont le street art, le pop art, la mode des années 50, les arts déco, l’art féministe, et une pointe de culture geek. » Sa conception de l’upcycling est claire : « Je n’aime que l’upcycling de qualité qui dépoussière et transcende l’objet » ! Lucie souhaitait « revenir à des choses simples, voir le beau là où les autres ne le voient pas, même dans les poubelles. Un peu de rébellion dans ce monde en tournant le dos à une certaine forme de consommation. J’aime les objets qui racontent une histoire. L’idée que chaque bijou a été un autre objet avant et qu’il en est désormais à sa seconde vie. Pour moi, l’aspect qualitatif et aussi important que son esthétique. Avoir un sens de la réalisation tout en se donnant la permission d’imaginer un bijou là où les autres ne voient qu’un déchet. L’idée de pouvoir créer un bijou provenant d’un « déchet » me fascine. Cela a un côté irrévérencieux et rafraîchissant. »

Après avoir remporté le prix « Envie d’Entreprendre » remis lors du salon Talents de Femmes en mai 2023, Lulu Berlue a remporté le grand prix de la création « Les Essentielles du Bijou » catégorie upcycling. Créatrice écoresponsable de bijoux upcyclés, elle gagne son deuxième prix, après un an d’existence, lors de la 1ère édition de ce salon professionnel Bordelais qui s’est déroulé les 16 et 17 mars derniers.

Une marqueteuse mangaphile

Laurence, marqueteuse à Gradignan (Gironde) pour « Lox Marqueterie » n’a suivi qu’une semaine formation à Paris pour nous éblouir de son art  et réaliser en quinze ans quelques 200 tableaux représentant Spiderman, Picachu, Mario, Albator, Goldorak… « Je fabrique des tableaux et des boîtes en marqueterie sur des mangas anime et comics et tout ce que l’on me demande. Cela peut être une porte de placard, une petite table, un porte-manteau… J’utilise des bois de plaquage de 0.6 millimètres d’épaisseur que je vais découper (au scalpel ou avec une scie à chantourner) et assembler comme un puzzle, coller (sous presse) poncer puis vernir. C’est la diversité des essences de bois (Bambou Caramel Sur Chants, aniégré, érable sycomore, bouleau, bubinga, merisier d’Europe…) qui donnera son rendu final à mes tableaux. J’utilise une trentaine de bois différents achetés à Strasbourg ».

Une famille pour R2-D2

Jean-Michel de l’association R2-D2 Builders club (association à but non lucratif regroupant une communauté francophone de fans s’intéressant à la construction de robots issus de l’univers Star Wars, partageant et échangeant leurs connaissances, compétences et savoir-faire afin de construire leurs droïdes) est « papa » de craquants petits droïdes faits de structures en bois, avec un dôme en métal et recouverts de plastique. « Avec l’impression 3D, nous gagnons beaucoup de temps dans la construction, explique Jean-Michel. Le droïde DJ Rex passe de la musique. J’ai mis six mois pour le construire ! » Parmi les droïdes construits, nous retrouvons le célèbre R2-D2 ainsi que les R3-A2, R4-M9, R5-A2, R6-D1 et R7-S1. Les constructeurs du club scintillent au firmament de l’ingéniosité.

Chambo, l’artiste aux multiples facettes

Humoriste, comédien, auteur et interprète de sketchs, dessinateur et scénariste de BD… Chambo possède plusieurs cordes à son arc artistique ! C’est à Perpignan  que Stéphane, Aldo Chambeau verra le jour. Il démarrera sa carrière à l’âge de 11 ans en tant que comédien avec la troupe « Lous Blagayrès » où il interprète de multiples sketchs, pièces et imitations. À l’âge de 17 Ans, il intègre les cours d’art dramatique de Marianne Valery aux Baladins en Agenais dans la troupe du regretté Roger Louret  et participera aux nuits du théâtre à Monclar D’agenais aux côtés d’Annie Gregorio, Francis Lemaire, Jean Marais et Muriel Robin. Il montera, en 2005, sa propre troupe baptisée  » La Bande à Aldo  » et devient alors Aldo Chambo. L’artiste  vit au rythme des dîners-spectacles, comités des fêtes, animations de mariages ou d’anniversaires avec ses créations toujours riches en humour décalé et en illusions tordantes et aussi de la vente de ses BD de la Famille Bale qu‘il mettra en scène plus tard en confectionnant sous forme de marionnettes les membres de cette famille déjantée comme pour lui donner vie. Il sillonne les cabarets de la région et devient chroniqueur dans une émission de radio dont il dessine lui même les affiches et réalise plus de 40 planches de sketchs avant de se lancer en duo avec Michel Bochar, ancien comédien du  » duo des Non « . Ils deviennent les « chambochar » diffusés sur une dizaine de radios et finissent par créer un spectacle haut en couleurs intitulé  » les toqués dans le plat  » puis créera son spectacle magicomique  » le plateau en panique  » avant de se lancer en solo pour un one man show délirant « … enfin prêt pour Las Végas » qu’il joue actuellement et ce, depuis 2018, date de sa création. Il réalise des caricatures à l’encre de Chine personnalisées des visiteurs sur demande en manga ou en BD. Il vient d’ouvrir, avec Laurent Salmuel, le cabaret Le Cristaldo le 5 avril dernier, une façon de ressusciter le théâtre Monclarais Huguette Pommier, si cher à Roger Louret. 

Le festival Manga, c’est la porte ouverte vers tous les possibles, celui où l’on revêt une seconde peau pour habiller ses rêves de fantasque, d’aventure, de mythologie, une façon de vibrer autrement et de sublimer ces héros d’hier et d’aujourd’hui qui nous ont aidé à nous construire et à façonner notre Moi.