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Olivier Paillaud : « Cela fait partie de notre ADN de monter des actions innovantes » !

Restitution de chantier par nos jeunes avec, au premier plan, Eric Bacqua (à gauche) et Olivier Paillaud (à droite) en présence d’administrateurs de la Mission Locale et des financeurs du projet. © Véronique David

Restitution du chantier d’aménagement de Kaydara de la Mission Locale de l’Agenais, de l’Albret et du Confluent

Du 11 novembre au 9 décembre derniers, un groupe de quinze jeunes âgés de 18 à 25 ans parmi lesquels dix français (Léa, Elia, Eliot, Jules, Xan, Mélinda, Théo, Océane, Sophia et Georgia) et cinq jeunes sénégalais de la région de Fatik (Ablaye, Anta, Khadim, Cire et Aliou), ont participé à un chantier d’aménagement dans la ferme école agroécologique de Kaydara, au Sénégal.  Durant tout le séjour, ils ont été encadrés par Virginie Arestat et Malaglie Bonenfant, respectivement conseillères des missions locales de Villeneuve-sur-Lot et d’Agen avec l’aide de Cheikh Anta Diop Ndiaye, encadrant sur place ainsi que de Mamadou Diagne, Idrissa Tin, Madior Niang et Mohamed Demba Camara, formateurs sénégalais, sans compter Gora Ndiaye, fondateur de Kaydara. La Mission Locale de l’Agenais, de l’Albret et du Confluent a organisé, le 7 mars dernier, au sein de ses locaux, une restitution de ce chantier solidaire, en présence d’administrateurs de la Mission Locale, des financeurs du projet et de jeunes participants.

Créé en 2003 dans le village de Keur Samba Dia de la commune Fimela (région de Fatick), Kaydara est un centre de démonstration des pratiques agroécologiques ainsi qu’un centre de formation de jeunes entrepreneurs. Les espaces de Kaydara 1 et Kaydara 2, ses deux premiers centres, étant devenus insuffisants par rapport au nombre de demandes de formations, le projet de ce chantier solidaire consistait donc à rendre opérationnel le nouvel espace Kaydara 3.

C’est la première fois que la plupart de ces jeunes foulaient le sol d’un pays étranger, mais ils se sont très vite fondus dans la vie locale. Durant la deuxième semaine de décembre, Éric Bacqua et Olivier Paillaud, respectivement président et directeur de la Mission Locale de l’Agenais, de l’Albret et du Confluent, se sont rendus au Sénégal lors de la phase d’achèvement des travaux et ont pu constater la bonne acclimatation des jeunes à leur nouvel environnement.

« Ce chantier a nécessité près d’un an de préparation, a souligné Olivier Paillaud, mais cela fait partie de notre ADN de monter des actions innovantes. L’idée était de travailler sur la question du développement durable et de la gestion de l’eau ».

« Seul est vaincu celui qui renonce ». Cette citation de Paulo Coelho et bien d’autres ont éveillé l’attention de nos jeunes dès leur arrivée. Ils ont su faire preuve d’une grande pugnacité pour mener à bien les missions qui leur incombaient.

L’association « Jardins d’Afrique » a été créé en 2003 avec la ferme agroécologique de Kaydara. Sa mission consiste à restaurer les terres agricoles appauvries par la monoculture, l’érosion éolienne et pluviale, la salinisation avec des pratiques agroécologiques pour permettre aux cultivateurs de mieux vivre et aux jeunes de ne pas quitter leurs villages.

Le projet de ce chantier solidaire consistait à sensibiliser les jeunes à l’agroécologie et à la gestion de l’eau, favoriser les échanges interculturels, initier aux techniques de maraîchage et réhabiliter le site de Kaydara 3.

Sur Kaydara 1, les jeunes ont effectué de l’arrosage, des semis, ont réalisé des planches d’oignons, de fraises, de choux et de tomates, ont planté des citronniers. Ils ont aussi nourri les animaux, ont nettoyé et entretenu les enclos, construit des perchoirs pour les poules… Dès 7 heures du matin, les jeunes allaient récupérer de l’eau dans les bassins pour aller arroser les plantations.

Construction d’un puits et de trois bassins de puisage solaire pour l’alimentation des bassins et des populations en eau sur le site de Kaydara 3. © Mission Locale de l’Agenais, de l’Albret et du Confluent

 

Sur kaydara 3, les jeunes ont réhabilité le terrain pour accueillir de nouveaux étudiants en effectuant des missions de désherbage, de ponçage des murs, de peinture, en construisant un puits et trois bassins de puisage solaire pour l’alimentation des bassins et des populations en eau.

Les journées de travail commençaient avant le lever de soleil et les jeunes prenaient leur petit-déjeuner à 10 heures composé de sachets de lait et café déshydratés, avec du pain frais, de la confiture, du chocopain… Le déjeuner était pris vers 15h-15 h 30 avec des plats à base de riz et de poissons ou de viandes avec des sauces épicées et relevées et le soir repas vers 21h-22h. Les jeunes étaient répartis en cinq chambres de quatre lits. Il fallait remplir un bidon de 250 litres pour le sanitaire, les douches et le linge, car il n’y a pas d’eau courante.

En parallèle de leurs missions, les jeunes ont pu visiter l’île de Gorée, la maison de Léopold Sédar Senghor (premier président de la République du Sénégal) les îles du Sine Saloum, le village de Mar Lodj, la réserve de Bandia, la rhoneraie de Samba Dia, le baobab sacré ainsi que le port de Joal Fadiouth.

Les jeunes ont voulu participer à ce chantier pour la solidarité, la découverte d’un pays et d’une autre culture, sortir de leur zone de confort et se dépasser, apprendre l’agroécologie, pour l’aspect environnemental et développement durable du projet, la rencontre avec d’autres jeunes et la découverte d’un nouveau mode de vie.

Au Sénégal, on apprend à vivre avec peu, sans pression et sans stress ! © Mission Locale de l’Agenais, de l’Albret et du Confluent

 

« Durant ce mois au Sénégal, nous avons créé des liens, confie Elia. Cette expérience a vraiment changé notre façon de penser, a développé notre empathie. Cela nous a aussi appris qu’il ne faut pas juger les gens sur leurs apparences physiques ». Nos jeunes sont repartis avec des souvenirs pleins les bagages ! « Mon meilleur souvenir, c’est la première soirée passée à Keydara, évoque Mélinda. Il y avait un feu à l’extérieur. Nous avons dansé, fait de la musique. Les sénégalais nous ont raconté des histoires ». Pour Georgia, le travail nocturne reste l’un des moments qui l’aura le plus marqué : « Les personnes de la ferme allaient repiquer les fraises lorsqu’il faisait moins chaud. Le soir, au frais, j’y allais avec eux. C’était un moment intime. Ils m’expliquaient le repiquage avec la musique à fond, des chants…  » Le meilleur souvenir, pour Eliot, fut « le combat de lutte chez les fils du président de Kaydara. C’était le soir et c’était très drôle ! ». Pour Léa, le moment mémorable fut, comme Mélinda, « la première soirée où tout le monde s’est retrouvé autour du feu ». Jules se souviendra du « dernier soir lorsqu’une fête a été organisée pour notre départ, pour dire au-revoir à nos amis, au lieu, à tout ce à quoi nous avions participé ». Sofia n’est pas parvenue à sélectionner un événement précis car « chaque moment était tellement différent »… « Je ne parlerai pas d’événement, mais de sourires » a déclaré Elia. Au Sénégal, il n’y a jamais de problème, juste des solutions. C’est un état d’esprit. Au moment de la remise des diplômes, l’un des jeunes a demandé à prendre la parole et a réalisé un exposé sur la situation des jeunes au Sénégal. Dans ce pays, il n’y a pas de tabou. On parle aussi bien de religion que de politique sans drame aucun. Il existe une notion de respect impressionnante. Les jeunes prennent soin des aînés considérés comme des piliers de la société. Grâce à ce chantier solidaire, « j’ai trouvé la flamme » s’est réjouie Georgia. Elia est aussi revenue transformée par cette formidable aventure humaine : « Cela m’a renforcé sur ma façon d’être. J’ai la volonté de moins consommer d’eau et tout ce qu’il y a à côté ». Eliot a aussi beaucoup appris sur la surconsommation : « Les Sénégalais se satisfont du nécessaire et c’est ce qui nous manque dans les pays occidentaux. Cette vie-là m’a apporté du bonheur ». « La permaculture, j’ai trouvé ça intéressant, confie Mélinda, comme le fait d’aller chercher l’eau du puits pour se laver. Cela me donne envie de devenir autosuffisante ».  

Un autre chantier pourrait s’envisager si les partenaires apportent à nouveau leur soutien à la Mission Locale. « Il faut partir pour quelque chose qui a du sens, estime Virginie Arestat. On apprend des choses mutuellement et on s’enrichit. Aller sur site en amont d’un chantier est indispensable ».

De cette restitution de chantier solidaire, « je retiens la richesse des émotions et des échanges », a souligné Baya Kherkhach, adjointe au maire, déléguée au vivre ensemble et à la cohésion sociale, au CCAS, à la politique de la ville, aux personnes âgées et au logement social. L’adjointe au maire estime nécessaire de livrer une réflexion sur une opportunité d’actions décentralisées avec une région du Cameroun, de modéliser un process avec ce qui se pratique là-bas. 

Nos jeunes aventuriers solidaires ne vont pas oublier de sitôt cette expérience riche en leçons de vie où l’hospitalité, la générosité, la bienveillance, l’optimisme, le respect, la « cooltitude », l’ouverture d’esprit… occupent une place de choix dans le cœur des Sénégalais.

Véronique David

Journaliste
Après un diplôme de psychologie et un DU de Japonais, j’ai préparé un diplôme de Naturopathie-homéopathie avec la faculté Libre de Médecine Naturelle et d’Ethnomédecine de Paris XV ainsi qu’une formation de correctrice avec le Centre d’Écriture et de Communication de Paris V qui m’a aussi formée aux techniques journalistiques. Dans le même temps, j’ai rédigé des articles pour différents journaux et administrations (Mairie d'Agen, Conseil départemental de Lot-et-Garonne, Actif Formation...). J’ai aussi travaillé au sein de divers organismes (Caf, Pôle Emploi, ODAC, MEDEF, ENAP…) dans le domaine du secrétariat et préparé une formation de praticienne en coaching de Vie. Dans un tout autre domaine, je suis officier de réserve citoyenne dans l’Armée de Terre depuis une dizaine d’années. J’ai appris au fil du temps que « toutes les batailles de la vie nous enseignent quelque chose, même celles que nous perdons » (Paulo Coelho). Rêvons en grand, soyons audacieux et bâtissons l’impossible !

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