Société

Osez !

La table ronde organisée le 8 mars dernier par Daniel Barnier, préfet de Lot-et-Garonne, dans la grande salle à manger préfectorale en présence d’élus et d’élèves du lycée de Baudre. © Véronique David

Journée internationale des droits des femmes

L’Organisation des Nations-Unies a déclaré, en 1977, le 8 mars « journée internationale des droits des femmes ». Partout dans le monde, sont rappelés les avancées et les progrès qu’il reste à accomplir dans la lutte contre les violences faites aux femmes et l’égalité ente les hommes et les femmes. A cette occasion, Daniel Barnier, préfet de Lot-et-Garonne, a convié, le 8 mars au matin, à la Préfecture, des femmes lot-et-garonnaises aux parcours inspirants, afin de témoigner de leurs expériences auprès d’une trentaine d’élèves du lycée Jean-Baptiste De Baudre, en présence d’Hélène Laporte, députée de la seconde circonscription de Lot-et-Garonne et de Marylène Paillarès, vice-présidente du conseil départemental de Lot-et-Garonne, en charge du sport, de l’égalité femme-homme et de la lutte contre les discriminations.

« Partout dans le monde, les états se sont engagés dans cette cause » a rappelé le Préfet. Ce 8 mars fut une journée particulière car, le même jour, Eric Dupond-Moretti, ministre de la Justice, a apposé le sceau de la République sur la loi inscrivant l’IVG dans la Constitution, lors d’une cérémonie publique qui s’est tenue place Vendôme, suite au vote des sénateurs et des députés réunis en congrès à Versailles le 4 mars et qui se sont exprimés avec 780 voix (72 contre et 50 abstentions), en faveur de l’inscription de l’Interruption volontaire de Grossesse dans la Constitution. Le préfet a évoqué les propos de Gabriel Attal, prononcés le 4 mars, devant le Parlement : « Nous sommes le 26 novembre 1974, il y a 50 ans. Après l’engagement de Valery Giscard d’Estaing, Simone Veil monte à la tribune de l’Assemblée nationale. Souvenons-nous des mots qui résonnent et des insultes qui fusent alors dans l’Hémicycle à son endroit : barbarie, nazisme, génocide, four crématoire, et tant d’autres ! Malgré les injures, Simone Veil ne cède pas. Malgré les insultes et les menaces, Simone Veil ne plie pas. Aujourd’hui, le présent doit répondre à l’Histoire. Alors mesdames et messieurs les parlementaires, 50 ans plus tard, sous le regard de la famille de Simone Veil, que la force de vos applaudissements pour son combat et pour sa cause, tonne plus fort encore que ces insultes et fassent définitivement justice à Simone Veil. Car si peu après sa mort, ont fleuri dans les rues, des affiches et des portraits, avec ces mots : « Merci Simone », cela n’a rien d’un hasard. Le legs de Simone Veil est universel. Son courage est un modèle. Et il nous inspire encore, aujourd’hui, collectivement. La loi Veil marque un tournant. Elle ouvre la voie, enfin… »

Frise chronologique des droits des femmes de 1892 à 1978 © Services de l’Etat

Frise chronologique des droits des femmes de 1981 à 2020© Services de l’Etat

Un plan en 4 axes et 161 mesures

Daniel Barnier a présenté le plan interministériel pour la période 2023-2027 se déclinant en quatre axes (action contre les violences faites aux femmes, la santé des femmes, l’égalité professionnelle et économique, la culture de l’égalité) et 161 mesures. « Cette égalité n’est pas suffisamment mise en œuvre sur le terrain. C’est à vous à continuer à œuvrer » a déclaré le préfet en s’adressant aux jeunes.  Yvette Chassagne  sera nommée en juillet 1981 première  préfète en France par le ministre de l’Intérieur Gaston Defferre, sous la présidence de François Mitterrand. Aujourd’hui, le corps préfectoral est composé de 30% de femmes préfètes. Le préfet déplore auprès des jeunes lycéens la stigmatisation de certaines professions : « Aujourd’hui, il n’y a pas de métiers tabous, estime le représentant de l’Etat. Ne vous interdisez aucune possibilité ! »

Des femmes influentes lot-et-garonnaises sont venues apporter des témoignages inspirants sur leurs parcours professionnels atypiques. © Véronique David

Des lot-et-garonnaises au sommet entrepreneurial

Une table-ronde était organisée au coeur de la grande salle à manger préfectoral. Chaque femme présente a témoigné de son parcours professionnel auprès des élèves du lycée de Baudre.

Magalie Dewerdt, directrice de l’ALGEII (Association Laïque de Gestion d’Etablissements, d’Education et d’Insertion) et créatrice du DuoDay (une personne en situation de handicap forme un binôme avec le collaborateur d’une entreprise, le temps d’une journée, afin de se familiariser avec un métier spécifique en vue d’une future insertion) possède un parcours atypique : « Initialement, je voulais devenir avocate mais pour des raisons familiales, j’ai suivi des études d’infirmières puis j’ai pu passer un DESS de gestion hospitalière privée. A 28 ans, je suis devenue directrice d’une maison de retraite ».

Camille Stacul a plusieurs vies. En août 2023 à Rugby (Royaume-Uni), l’équipe de France d’Open de Mounted Games dont elle fait partie, remportait le championnat d’Europe. Spécialisée dans le Pony-Games, sport équestre se jouant à poney, Camille exerce une discipline requérant beaucoup de rigueur. « Nous sommes en binôme, explique la cavalière. Quand nous évoluons dans une discipline mixte, nous avons une différence avec les hommes que nous ne pouvons nier mais j’ai décidé d’être l’ambassadrice de la réussite dans l’Open. Le sport ne dure qu’un temps aussi, je suis également directrice communication et marketing dans la parfumerie de luxe et equicoach !» 

Ingrid Walbrou, gérante de la société WD Protection, atelier de confection français, fabrique des serviettes hygiéniques lavables recyclables et économiques afin de lutter contre la précarité menstruelle car « 700 jeunes lot-et-garonnaises de moins de 20 ans souffrent d’absentéisme » déplore la créatrice. Serviettes hygiéniques et culottes menstruelles permettent de confectionner un objet de seconde vie. La jeune femme souhaite développer une gamme pour les fuites urinaires. « Une personne sur trois portent des protections beaucoup trop longtemps. Nous allons étendre ce modèle 100% recyclable. Ce n’est pas un sujet facile à porter auprès des hommes ». La jeune femme anime l’atelier « La Belle Absorbante » au sein du quartier femmes de la maison d’arrêt d’Agen. Cet atelier développe de l’engouement auprès des détenues pour briser les tabous autour des menstruations. Le jeu de société « Jouons selon les règles » a vu le jour  avec l’aide de surveillantes et fabriqué sur des bouts de papiers, des mains de détenues, parmi lesquelles Angie qui souhaite que ce jeu puisse sortir de la prison et lui permettre d’avoir cet outil pour l’aider à briser les tabous et l’aider dans ses actions. Ce projet sera soutenu au sein du Fablab OSE Objectif Savoir Faire Ensemble, mais l’entreprise aura aussi besoin de mécènes.

Anne Lorré est éleveuse de chevaux et de volailles, « une filière avec une certaine pénibilité, où il y a moins de femmes, explique la jeune agricultrice. Je suis née dans une famille d’agriculteurs et mon parcours est émaillé d’une certaine chance. J’ai passé un Bac et un BTS agricole et je possède un monitorat d’équitation. Je suis venue m’installer dans la région car j’ai suivi mon compagnon. On se laisse parfois porter par la trajectoire du compagnon. Je suis installée depuis 1999 et j’engraisse aussi les canards gras. »

Dominique Lasserre-Cussigh exerce la fonction de directrice interdépartementale de la Police Nationale de Lot-et-Garonne. La Commissaire-divisionnaire est la première femme à occuper cette fonction dans le territoire et sont 28 % en France. « J’ai été l’une des premières femmes commissaires à être recrutée, la toute première étant Martine Monteil en 1978. J’ai suivi des études de Droit à Bordeaux et je me destinais à la magistrature mais l’un de mes camarades de fac m’a incitée à passer le concours de commissaire et j’ai eu la chance d’être reçue à ce concours en 1986. Sur cent commissaires de police, il n’y a que dix femmes. J’ai commencé ma carrière en région parisienne et j’ai eu ma nomination en Lot-et-Garonne en septembre dernier. Il faut l’avoir dans l’âme, ce métier ! Mon mari, ingénieur, a dû adapter son métier pour élever ensemble nos jumeaux et je lui rends hommage. C’est un métier extraordinaire qui donne et exige beaucoup. C’est un travail d’équipe que les femmes soient intégrées, que chacune trouve sa place et soit respectée par ses collègues. »

Hélène Laporte est titulaire d’un master 2 en droit et en économie : « J’ai travaillé 17 ans dans une banque en qualité de juriste en droit fiscal. Vous êtes votre seule limite. La chance sourit aux audacieux ! » 

Léa Labadesse-Nieto, Dirigeante d’Urbanité » (négoce de gros et détail de mobilier urbain) et PDG de la Fonderie faro à Casteljaloux depuis plus de quatre ans, a relevé un sacré défi dans un secteur dominé par les hommes : « 100 % de l’atelier sont des hommes » a-t-elle confié. Dans un milieu de travail essentiellement masculin, « nos preuves, nous sommes amenées à les faire quotidiennement, avoue-t-elle. Je suis passée à tous les postes de la fonderie. Il faut savoir orienter les postes en fonction des personnes. N’hésitez pas à ouvrir des portes où vous avez des doutes !»   

Alexandra Fregonese, présidente et fondatrice du groupe Innovi laboratoire de recherche expérimentale dans les domaines de la nutrition, de la santé et de la beauté, préside « Les entreprises s’engagent », groupement d’intérêt public : « J’ai obtenu mon premier brevet à l’âge de 23 ans pour réduire les signes cliniques du vieillissement. Mon parcours universitaire n’est pas celui-là. C’est un monde où il a fallu faire ses preuves. Innovi est titulaire aujourd’hui de 25 brevets et 53 % de l’effectif est titulaire de doctorats. L’important dans le travail n’est pas de tomber mais de se relever. Vous apprendrez plus de vos échecs que de vos réussites ! »

Valérie Dupas, directrice départementale de la Banque de France depuis avril 2023, représente, en Lot-et-Garonne, le Gouverneur de la Banque de France : « L’important, c’est de faire ses choix. Ne vous mettez pas de limite. Osez ! La mixité est une vraie chance. Etre une femme à un poste de direction, c’est compliqué mais la conciliation de la vie professionnelle et familiale, cela se gère et c’est un droit ! »

Cendrine Adami est directrice adjointe de la maison d’arrêt d’Agen. C’est la première fois qu’une femme occupe cette fonction à la maison d’arrêt d’Agen. « Vous avez la possibilité, avec peu de diplômes, de trouver un métier dont on ne parle pas et qui peut vous apporter beaucoup ! »

Marjorie Prioleau est responsable des moyens opérationnels et de la communication de la Croix-Rouge dont le rôle est de mener une politique proactive de repérage des publics les plus désocialisés.

Elodie Brunet est entrée au sein de la Protection Civile en 2021 en tant que bénévole avec un simple PSC1. Elle possède aujourd’hui un PSE2, est devenue formatrice SST et PSC 1 mais également secrétaire du pôle formation.

Selon l’article premier de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791) d’Olympe de Gouges, considérée comme l’une des pionnières françaises du féminisme : «  La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. »

Discours intégral de Gabriel Attal après le vote des parlementaires en faveur de l’inscription de l’IVG dans la constitution → https://www.vie-publique.fr/discours/293253-gabriel-attal-04032024-parlement-congres-inscription-ivg-constitution

Véronique David

Journaliste
Après un diplôme de psychologie et un DU de Japonais, j’ai préparé un diplôme de Naturopathie-homéopathie avec la faculté Libre de Médecine Naturelle et d’Ethnomédecine de Paris XV ainsi qu’une formation de correctrice avec le Centre d’Écriture et de Communication de Paris V qui m’a aussi formée aux techniques journalistiques. Dans le même temps, j’ai rédigé des articles pour différents journaux et administrations (Mairie d'Agen, Conseil départemental de Lot-et-Garonne, Actif Formation...). J’ai aussi travaillé au sein de divers organismes (Caf, Pôle Emploi, ODAC, MEDEF, ENAP…) dans le domaine du secrétariat et préparé une formation de praticienne en coaching de Vie. Dans un tout autre domaine, je suis officier de réserve citoyenne dans l’Armée de Terre depuis une dizaine d’années. J’ai appris au fil du temps que « toutes les batailles de la vie nous enseignent quelque chose, même celles que nous perdons » (Paulo Coelho). Rêvons en grand, soyons audacieux et bâtissons l’impossible !

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