2ème édition de la marche des fiertés
Les associations du collectif Pride 47 (La Mèche, Le Refuge, Fiertés 47, Le Planning familial 47 et Aides 47) ont organisé, à Agen, le 18 mai dernier, la seconde marche des fiertés. 1 300 personnes ont défilé pendant plus d’une heure dans les rues de la ville pour assurer une meilleure visibilité aux personnes LBGTIA+*, pour permettre aux communautés de se rencontrer et de réaffirmer les revendications qu’elles ne cessent de brandir.
» L’ouverture ne désarme peut-être pas complètement les préjugés, mais c’est un bon point de départ. », avait déclaré Jason Collins, joueur de la NBA. À l’image du petit colibri, chaque militant apporte sa contribution, aussi modeste soit-elle, pour conscientiser les esprits. Il reste encore beaucoup de kilomètres à parcourir sur le chemin de la tolérance, mais il y a toujours un arc-en-ciel qui se forme dans le ciel de l’acceptation après une pluie de préjugés.
C’est à force de pugnacité que le monde évolue et cette marche des fiertés n’aurait jamais pu voir le jour sans l’aide de ses bénévoles qui ont œuvré sans relâche des centaines d’heures durant, un travail collectif et solidaire pour rassembler des personnes autour d’une cause commune, avec le soutien de la ville d’Agen, du Conseil départemental de Lot-et-Garonne, de la DILCRAH, des commerçants du Lot-et-Garonne, mais également des artistes qui ont performé durant cette journée de liesse : Shanna Banana, Angelo The King, Numatek, la P.L.A.Q.A.R, Lynda et ses danseurs, le cabaret Bad Biches, les Drags du 47 et la Bordelle.
Mieux vaut prévenir…
Le village associatif a accueilli de nombreux stands parmi lesquels « Aides » qui a proposé un dépistage par TROD, c’est-à-dire qu’en l’espace de 10 minutes, une seule goutte de sang prélevée permettait de savoir si vous étiez potentiellement infecté par le VIH ou l’hépatite C. De son côté, le planning familial animait un stand de prévention des risques sexuels avec un espace safe d’écoute. Béatrice Lavit, chargée de domaine Fondation et Ess Macif NA, conseillère départementale et Présidente de la Caf du Lot-et-Garonne, animait un parcours de santé en permettant à des sujets de chausser des lunettes en fonction de plusieurs degrés d’alcoolémie. Sensations fortes assurées, mais surtout électrochoc pour prendre conscience des dangers de la route : après deux verres d’alcool, il faut attendre en moyenne deux heures (pour une personne de 70 kilos) avant de prendre le volant et la prise de café ne modifie en rien ce fait. Parmi mes autres stands présents place Jasmin : SOS Homophobie, Amnesty International, la Maison de l’Europe, Culture des Luttes, la CGT, l’UNSA, la CFDT, l’association GARE, la Mission Locale et Enipse.
Plus d’une vingtaine de revendications
Le collectif Pride 47 souhaite qu’il soit possible de changer de genre et de prénom auprès d’un officier d’état civil sur simple demande et se prononce en faveur de la démédicalisation et de la déjudiciarisation de ces procédures pour les personnes transsexuelles.
Il aimerait disposer d’un guichet unique et spécifique pour modifier le numéro de Sécurité sociale.
Il se positionne en faveur de l’accueil de migrants LGBTQIA+, de la création d’hébergements d’urgence sur le territoire, souhaite renforcer les dispositifs locaux et créer des dispositifs d’accompagnement spécifiques aux exilés LGBTQIA+.
Il milite aussi pour la reconnaissance des persécutions fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, l’interdiction des mutilations génitales et chirurgicales non consenties de réassignation sexuelle sur les enfants et les personnes intersexes (personnes nées avec des caractéristiques ne correspondant pas aux définitions classiques de la masculinité ou de la féminité), la reconnaissance des personnes intersexes.
Le collectif demande aussi la mise à disposition des maisons d’association communes, l’élargissement du périmètre d’action de la Délégation Interministérielle d’Aide aux Victimes, sollicite la présence d’un référent départemental compétent sur les questions de discrimination.
Il prône également la création d’un centre LGBTI en Lot-et-Garonne, l’intégration de questions LGBTQIA+ dans les Ehpads, le développement dans les campagnes de structures de rencontres pour tisser du lien social. Il désire aussi faciliter la filiation parentale des enfants dans les couples homoparentaux ou transparentaux et créer un statut pour les beaux-parents.
Le collectif souhaite aussi la mise en place de campagnes de communication massive dans les milieux scolaires afin de sensibiliser les jeunes à la lutte contre les discriminations, à l’acceptation de son corps, au respect de l’autre et au consentement. Il se positionne en faveur de l’inclusion des jeunes LGBT+ et de l’amélioration de leur accompagnement en proposant de former le personnel encadrant et enseignant.
Il souhaite ouvrir la PMA (Procréation Médicalement Assistée) aux personnes transsexuelles, intersexes et non-binaires et milite en faveur d’une reconnaissance juridique par l’État des enfants nés par GPA (Gestation Pour Autrui). Il aspire à un meilleur accès aux soins et une meilleure prise en charge médicale des personnes LGBTQIA+.
Le collectif se donne aussi comme objectif de lutter contre la sérophobie. Selon l’association AIDES, 63 % des Français considèrent que la séropositivité (ou non) d’un individu s’avère un critère important pour démarrer (ou pas) une relation sentimentale tandis que 25 % des Français pensent qu’une personne séropositive représente un danger en exerçant une profession de santé. Mais la sérophobie n’a pas lieu d’être puisqu’il existe aujourd’hui des traitements préventifs pour sécuriser une relation intime, à l’instar de la PrEP (Prophylaxie pré-exposition) consistant à la prise quotidienne d’un traitement antirétroviral pour protéger du VIH. Le TPE (traitement post-exposition) est un traitement d’urgence antirétroviral, devant être administré entre 4 heures et 48 heures au plus tard après un rapport non-protégé ou la déchirure accidentelle d’un préservatif. Le traitement s’étale sur 28 jours.
Une soirée Queer au Florida
Le collectif Pride 47 a proposé une soirée queer, (personne dont l’orientation ou l’identité sexuelle ne correspond pas aux modèles dominants), véritable ode à la fête pour faire perdurer la marche des fiertés dans un écrin de joyeusetés, de bonne humeur, de bienveillance, de tolérance et de chaleurosité, grâce à des performances, un concert, un DJ set, un quiz autour de la culture et de la cause LGBTQIA+, des temps d’échange avec les associations sur leurs stands et des rencontres… Le monde de la nuit s’est paré de ses plus beaux atours, illuminé par des personnages hauts en couleur.
À commencer par le maître de cérémonie en la personne d’Angelo The King, représentant à la fois l’archétype du loveur et de ses codes de genre, mais aussi une fluidité de ces mêmes codes, tantôt dandy, tantôt créature puis drag queer : « J’aime flouter la barrière de ce qui est communément admis comme masculin et féminin, a-t-il confié. J’aime l’idée d’un king en jupe puis en costume trois pièces, en porte-jarretelles puis en marcel. Quelle meilleure scène pour tout remettre en question que la scène drag ? J’exprime mon engagement féministe, mon militantisme queer et mon art à travers la danse, qui est mon domaine passion et que j’aime partager. »
Surfant entre glam’ et bonne franquette, Shanna Banana est une belle provinciale à l’accent chantant qui nous a fait voyager à travers les âges et nous a emmené dans un univers coloré, mêlant humour, charme, pop kitsch et culture Française.
Le Cabaret Bad Biches, créé il y a plus de deux ans et demi dans une petite ferme de Seine-et-Marne, dans le cadre d’un festival, forme un ensemble de huit performeurs, tournant principalement sur la scène parisienne.
Le collectif Drag du Lot-et-Garonne est composé de Drag Queens, Queers et King. À partir des ateliers drags proposés par Fiertés 47, le collectif a choisi de proposer un show au Florida intitulé : LE-GEN-DAIRE !
La Bordelle (DJ –Set) est un collectif de durs à … queer (!), issu du militantisme festif et culturel de Bordeaux et d’ailleurs ; un mélange de programmateurs, d’artistes, de DJ qui aiment « queeriser » chaque petit coin de France et organisent chaque année en novembre un grand bal Queer dans la salle du Grand Parc de Bordeaux…
Une chose est sûre : pour vivre heureux, nul besoin de rester caché et seuls, les egos très fragiles craignent l’égalité !
*Lesbienne Gay Bisexuel Transgenre Queer/Questioning Intersexe Asexuel/Aromantique + incluant les autres minorités de genre et sexualités