Pierre Richard au CGR d’Agen pour la présentation du film « Fêlés »
380 spectateurs ont assisté, le 27 août dernier, à l’avant-première du film « Fêlés » présenté au CGR d’Agen, en présence de Christophe Duthuron, son réalisateur, de Pierre Richard, protagoniste du film et Daphné Meillon, l’une des résidentes de la maison associative Arc-en-Ciel ainsi que des pensionnaires de l’Association du Sport Adapté Marmandais (ASAM) et de sa maison l’Arc-en-Ciel, venus assister à la projection du film dont le distributeur Pan-distribution n’est autre que celui d’ « Un p’tit truc en plus » ! Faut-il y voir le signe d’un heureux présage ?
« On a tous une fêlure cachée qui peut casser au moindre coup ». Chômage, faillite, dépression, burn-out, AVC, rupture amoureuse, tentative de suicide, accident du travail, de la circulation… personne n’est à l’abri d’une sortie de route, même celui qui s’estime suffisamment armé pour affronter les dures épreuves que la vie nous inflige parfois.
Après la pluie vient… l’arc-en-ciel, symbole d’espérance, de renaissance, de résilience et d’encouragement à emprunter un nouveau chemin de vie. L’arc-en-ciel, c’est aussi le nom d’une maison accueillant des accidentés de la vie qui vont, dans le film réalisé par Christophe Duthuron, se solidariser autour de Pierre (interprété par Pierre Richard), fondateur de ce lieu associatif, pour tenter de sauver « leur » maison.
C’est Alain Martin, aujourd’hui infirmier retraité, qui est à l’origine de ce concept thérapeutique novateur ayant germé à l’issue d’un atelier thérapeutique sportif organisé à l’hôpital de jour : « Vous n’aimeriez pas pratiquer un sport en dehors de l’hôpital de jour ? » se sont interrogés les infirmiers. « Si, seulement les clubs ne veulent pas de nous. ». La réponse des patients a été le catalyseur pour créer l’Association du Sport Adapté Marmandais, en septembre 1991, portée par des patients, des bénévoles et des soignants. Mais pour lever l’isolement social d’une frange de la population réfractaire aux activités sportives, les statuts de l’association ont été modifiés en 1994 afin d’y ajouter un volet culture/loisirs. Fort de ce succès, « La Maison Arc-en-Ciel » verra le jour en 2009, entièrement autogérée par les adhérents. Elle rassemble aujourd’hui plus de 160 adhérents et est devenue, depuis 2015, groupe d’entraide mutuelle, un lieu de vies et de rencontres financé par l’État part le biais de l’Agence régionale de Santé. Cette autogestion puise son origine dans la volonté des soignants d’autonomiser, de dynamiser et de responsabiliser les patients afin de redonner du sens à leur vie, en passant d’un isolement subi à un collectif porteur de projets.
François Tosquelles, le « psychiste » inspirant
C’est en apercevant un portrait du psychiatre catalan espagnol François Tosquelles accroché sur l’un des murs de la maison Arc-en-Ciel, l’un des pères de la psychiatrie institutionnelle, que Christophe Duthuron se retrouvera à traiter une double thématique. Durant la guerre civile en Espagne, le « psychiste » (il préférait ce terme à celui de psychiatre, Ndlr) s’engagera dans les milices antifascistes du Parti Ouvrier d’Unification Marxiste. Menacé par le régime de Franco après la défaite républicaine et la « retirada », il se réfugiera en France au camp de concentration de Septfonds où il sera chargé d’organiser les soins à l’hôpital avec les moyens du bord. Choqué par la manière dont les patients étaient traités par les médecins de l’époque, il décidera de s’entourer uniquement de non-professionnels (hommes de lettres, avocats, prêtres, prostitués…). Sa pratique suscitera l’intérêt du docteur Paul Balvet qui le recrutera au sein de l’hôpital psychiatrique Saint-Alban-sur-Limagnole (Lozère) où il découvrira que les patients sont soumis à des rationnements. Afin de leur éviter de mourir de faim, il les enverra aider les fermiers dans les champs qui les rémunéreront en denrées alimentaires. Le Docteur Tosquelles a exercé ses fonctions à « La Candélie » cassipontine de 1975 à 1979. Lors de la célébration de son cinquantenaire du 1ᵉʳ au 3 octobre 2015, l’établissement hospitalier avait inauguré une place à son nom.
Ils portent le film…
Une harmonie s’est très vite mise en place autour de cet ambitieux projet cinématographique. Méliane Marcaggi, l’épouse de Christophe Duthuron (Célaine, l’adhérente très cash) a rejoint un casting cinq étoiles. A commencé par Pierre Richard, dont le rôle s’est imposé comme une évidence, se sentant plus proche des personnes désorientées par la vie que de celles qui affichent une trop grande assurance. Le jeune nonagénaire a été séduit par cette capacité du réalisateur à manier avec dextérité la gravité et l’humour afin de donner une consistance au film. « Qui que soit l’autre, il a toujours quelque chose à vous apprendre et si on est à l’écoute, on en ressort toujours un peu grandi », estime l’acteur avec l’humilité et la sagesse du quatrième âge.
Charlotte de Turckheim campe la mairesse admirative du travail accompli par son ami Pierre, mais subissant des pressions pour la destruction du lieu au profit de la construction d’un parking, souhaitée par un directeur d’usine (campé par François Berléand) d’une grande froideur, père de Mona, interprétée par l’actrice Mona Caroff, amoureuse de Matthieu (Matthieu Pillard, l’un des Chiche Capon), un résident en proie à une timidité maladive.
C’est à Bernard Le Coq qu’a été confié le rôle d’incarner le directeur du centre hospitalier de La Candélie, ami de Pierre, un psychiatre qui s’efface pour permettre aux patients d’exister dans leur entièreté.
Le rôle de la regrettée Louise est interprété par Emilie Caen (« Intouchables », « Cloclo », « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? ») et celui du psychiatre François Tosquelles par Christian Mazucchini.
Pierre Richard a conseillé à Christophe Duthuron de contacter Matthieu Chedid pour jouer son propre rôle. Touché par la phrase de François Tosquelles « Réussir sa folie, c’est trouver l’équilibre dans le déséquilibre », l’artiste a accepté de rejoindre le casting avec une requête toute simple : celle de jouer une scène avec Pierre Richard. Cerise sur le gâteau « M », l’artiste a suggéré de tourner des scènes complémentaires lors d’un de ses concerts à Montauban !
Si Isaac Sharry, le producteur du film, est entré en résonance avec le film, c’est parce qu’il a pris conscience qu’il suffisait de peu pour que tout bascule, lorsque la vie de son frère aîné, un brillant ingénieur, s’est effondrée suite à un accident de ski.
Les Chiche Capon, quatuor de clowns (Frédéric Blin, Ricardo Lo Giudice, Matthieu Pillard, Patrick de Valette) interprètent à la perfection des personnages hauts en couleur, abîmés par la vie.
Le personnage de Chantal, campée par l’émouvante Daphnée Meillon, est une authentique adhérente de l’association. Point d’orgue vocal du film (« En rouge et Noir » de Jeanne Mas) elle concrétisera son rêve fou de chanter (nous n’en dévoilerons pas plus ici pour conserver le suspens) et anime aujourd’hui à l’Arc-en-Ciel des ateliers de chant et de théâtre.
« Fêlés », un film qui recolle les morceaux d’âmes morcelées et de cœurs meurtris par les épreuves. Bienveillant. Inspirant. Vivant.
Le film « Fêlés » en tournée !
Venez découvrir la comédie dramatique « Fêlés » et échanger avec le réalisateur Christophe Duthuron ainsi que les comédiens adhérents de la Maison Arc-en-ciel ! Cette tournée, organisée par l’Écran 47, en partenariat avec le BAT 47, vous donne rendez-vous dans 7 cinémas du Lot-et-Garonne :
mardi 3 septembre à 20 h 30 → L’Odyssée – Casteljaloux mercredi 4 septembre à 20 h 30 → L’Utopie – Sainte-Livrade-sur-Lot jeudi 5 septembre à 20 h 30 → Le Liberty – Monsempron-Libos vendredi 6 septembre à 20 h 30 → Le Rex – Tonneins samedi 7 septembre à 18 h 00 → Ciné 4 – Castillonnès samedi 7 septembre à 20 h 30 → Le Confluent – Aiguillon mardi 1ᵉʳ octobre à 20 h 30 → Les Monteurs d’images – Agen
Ce film, accompagné par le BAT 47, a été soutenu par le Conseil Départemental de Lot-et-Garonne et l’Agglomération Val de Garonne. |