Exposition « Matière lumière » de Marie-Annick Di Costanzo à la galerie 110
Après quinze années dédiées à la culture agenaise, Marie-Annick Di Constanzo traverse l’autre côté du miroir en présentant, jusqu’au 14 mai prochain à la galerie 110, sa première exposition, un rêve à portée de toile pour décrocher les étoiles au firmament d’une sensibilité puisée dans ses racines.
C’est en septembre 2022 que la directrice du Centre culturel André-Malraux s’offre une douce retraite bien méritée enfin retraite… Doux euphémisme pour celle qui le lendemain rejoignait déjà son atelier situé Jules Cels. « J’ai une frénésie de création de 9 heures du matin jusqu’au soir, confie Marie-Annick. J’ai découvert le pastel et l’abstrait en pastel, il y en a très peu. Ce que j’aime dans cette technique, c’est ce côté charnel, car je n’utilise que les doigts pour réaliser mes créations » !
Marie-Annick a éprouvé l’envie de faire plaisir à sa maman en réalisant à son attention un tableau très figuratif représentant une maman avec son enfant et des couchers de soleil. « Je ne savais pas que tu savais peindre » lui-a-t-elle alors rétorqué avec une franchise touchante. « La peinture, explique Marie-Annick, c’est un peu comme apprendre à nager. Nous sommes au bord, il faut plonger et se laisser porter par nos émotions. J’ai suivi des cours pendant trois ans avec Patrick Gozzo mais j’ai vite compris que j’avais besoin d’une peinture plus libératrice et dans l’émotion ».
Des séries de vie qui écrivent une histoire
L’exposition « Matière lumière » met en exergue les séries Féminité, Volutes, Éxil, Arbre de Vie et Géométrie. « Ces séries, c’est ce que je suis devenue avec le temps, explique Marie-Annick. C’est une thérapie. Ce ne fut pas simple pour moi de quitter mon activité tellement merveilleuse et enrichissante qui m’a permis de rencontrer des personnes extraordinaires comme Jean-Marie Périer (exposition « Mes années 60 » du 16 janvier au 14 mars 2014), Hassan Massoudy (peintre et calligraphe irakien qui avait investi le Centre culturel André-Malraux du 6 février au 3 avril 2015 en compagnie de Kyoko Rufin-Mori et Julien Chazal via l’exposition « L’Aventure de l’Écriture »)… Ces artistes m’ont tellement apporté que j’avais presque honte de montrer mon travail ! » révèle avec humilité cette admiratrice de grands artistes comme Bosch, Picasso, Dali, Soulage. « Lorsque j’avais 9-10 ans, j’ai reproduit toutes les œuvres de Van Gogh à la gouache » confesse Marie-Annick.
Dans la série Féminité, Marie-Annick représente une femme en porte-jarretelles : « J’ai voulu montrer une femme différente, un peu évanescente ». Pour réaliser Volutes, « j’ai pensé à mon père qui était un grand fumeur. Je ne possède aucune photo de lui où il ne fume pas et j’ai le souvenir de mon père entouré de ces volutes de fumée » se souvient Marie-Annick. Pour la série Éxil, la jeune retraitée a puisé dans ses racines ancestrales : « Mes arrière-grands-parents étaient italiens puis ils sont partis s’installer en Algérie qu’ils ont quitté lors de la guerre d’indépendance. J’ai vécu en moi les blessures silencieuses de mes parents et grands-parents. Mon compagnon est d’origine espagnole et sa maman a quitté l’Espagne franquiste en pleine nuit et ils ont marché des jours pour se retrouver dans un camp de regroupement à Argelès-sur-Mer (il servira ensuite de camp de concentration d’étrangers, de Tsiganes et de Juifs lors de la Seconde Guerre mondiale, Ndlr). J’ai accueilli aussi il y a deux ans un couple d’ukrainiens qui passe régulièrement me rendre visite tous les quinze jours. Ce travail s’adresse à tous les exilés arrachés à leur pays, à leurs racines ». La série Arbre de Vie symbolise pour Marie-Annick « tous ces chemins qui vont conditionner nos destinées. Je suis quelqu’un de nostalgique et je me nourris de mon passé. Les deux plus grands engagements de la vie, pour moi, sont le fait de créer une famille et la fin de notre activité professionnelle. On se retrouve alors à la croisée d’une nouvelle vie ». La série Géométrie rassure l’artiste : « Cela me permet de cadrer des choses, y compris dans ma tête. Plus je prends de l’âge et plus j’ai besoin de mettre de l’ordre dans ma tête ». Marie-Annick a eu la chance d’avoir des parents qui l’ont ouvert très jeune à toutes formes d’art mais l’artiste l’assure : « Tout le monde peut peindre »!
Galerie 110 – 110 boulevard de la république
Ouverture jusqu’au 14 mai de 11 heures à 19 heures.
Entrée gratuite.
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